Lundi matin.
Il faisait beau et la température était si agréable que je ne mis pas longtemps à sortir de chez moi, vêtu de mes éternelles frusques. Je me rendis au terrain de Quidditch de Poudlard et m'assis dans les gradins. Je n'oserais certainement pas voler devant tous ces inconnus, mais rien ne m'empêchait de les observer, une lueur d'envie dans le regard.

Aujourd'hui, pas de Quidditch pour moi. C'est lundi, on est le matin et je crois que les premières années ont un cours de vol. Enfin, peut importe je suis juste sur le terrain pour profiter du beau temps. Mon regard scanne les tribune et j'aperçois un grand dadais, l'air rêveur et surtout seul. Je déteste laisser les gens seuls. Alors, ni une, ni deux, je me dirige à ses côtés et m'assoit tranquillement, comme si de rien n'était.

Alors que je regardais les gamins voler tant bien que mal, une fille vint s'assoir à côté de moi. Je me senti un peu gêné et me tendis sur mon siège. Avec toute la place disponible dans ces gradins, il fallait qu'elle vienne précisément là ? Je regardai ailleurs avec insistance, essayant de me concentrer à nouveau sur le ballet des balais... Elle était bien trop près, cette fille. Je me trémoussai doucement et m'écartai légèrement sur le côté. Histoire de maintenir une... Distance de sécurité, disons.

Ok, Paddy. Tout va bien. Tu ne vas pas tenter de te sentir pour voir si tu pues, et si c'est la raison pour laquelle ce type vient de s'éloigner, pas du tout. Garde tes yeux sur le terrains, souris. Voilà très bien. Oh mais attend... C'est quoi ça? Je me lève alors que je vois des crétins de troisième année qui ont lâché des cognards sur le terrain pendant le cours de vol des tout petits. Je me penche ensuite sur le rebord du gradin en hurlant.

- Bande d'insouciants! Vous voyez pas que le terrain est pris!

Puis je me retourne vers mon "camarade", espérant ne pas trop l'avoir surpris et lui tends la main.

- Salut, Je suis Paddy.

Soudain, des cognards déboulèrent parmi les gamins et la jeune femme se pencha vers le terrain en hurlant :

- Bande d'insouciants! Vous voyez pas que le terrain est pris!

Je la regardai avec de grands yeux ronds, interloqué. Elle avait un sacré coffre.

Salut, Je suis Paddy. me dit-elle.

Evidemment. Des présentations. Je marquai un temps d'arrêt avant de lui tendre la main. J'aurais préféré m'en abstenir, mais j'avais de l'éducation. Il fallait que je lui donne mon nom à mon tour. Fichus codes sociaux...

"Arnaud." finis-je par lâcher en rougissant, le bas du visage soigneusement caché dans le col de mon manteau.

Arnaud? Joli prénom. Je souris malgré moi, parce que...ben je sais pas pourquoi mais je souris en tout cas et me rassois en faisant bien attention d'être à une distance respectable de lui. Il a l'air de tenir à son espace vital. Bien que je n'ai rien contre ce genre de gens. C'est plus gênant pour moi qui suis très tactile. Je me tourne vers lui avec douceur.

- Tu es nouveau? Je ne t'ai jamais vu, sur le terrain. Et tu n'as pas l'uniforme.

Elle se rassit à une distance raisonnable et je laissai échapper un soupir de soulagement. Elle se retourna néanmoins vers moi, manifestement décidée à soutenir la conversation. J'étais pas sorti de l'auberge.

- Tu es nouveau? Je ne t'ai jamais vu, sur le terrain. Et tu n'as pas l'uniforme.

J'essayai de me montrer le plus concis possible pour ne pas être trop grossier et hochai la tête à sa question, avant de préciser :

"Je suis ADEM."

Peut-être ma réticence à répondre lui donnerait-elle l'envie d'arrêter les frais ? Je l'espérai à moitié...

Je hoche la tête tranquillement puis me balance sur le banc. Il ne parle pas beaucoup. Et il est calme. Pas le même genre de calme que mon ami Elliot, autrefois mais un autre genre. Un calme ni serein, ni stressé. Juste calme. Je lève les jambes sur le banc et cale mon menton sur mes genoux que j'entoure de mes bras puis je regarde tranquillement les enfants tenter de voler. C'est beau. D'ailleurs je le murmure.

- C'est beau...

Elle sembla comprendre que je n'étais pas vraiment du genre loquace et se mit à gigoter sur son banc. Elle avait l'air pleine d'énergie, cette fille. Elle regardait les gosses voler, installée dans une position que je serais incapable de tenir vu la longueur de mes jambes. Je profitai de son inattention pour la détailler du regard. Elle était plutôt jolie, de façon naturelle néanmoins.

- C'est beau...

Je hochai la tête sans répondre, laissant mon regard divaguer sur le terrain.

Je coupe mon regard pour me pencher sur mon sac et prendre deux trois sucreries que j'ai acheté dans le train. Je sais, me connaissant, c'est incroyable qu'il m'en reste encore. J'en pose une au hasard à côté de mon camarade et commence à mâcher ma patacitrouille avec attention. Quand j'en ai marre de la mâcher, je finis par la laisser fondre.

Je la regardai fouiller dans ses affaires, curieux. Elle sortit des friandises et en déposa une près de moi avant de se mettre à en manger une autre. Est-ce que c'était... Pour moi ? Je sentis le sang me monter aux joues et attendis un moment avant de me décider... Une charmante attention de sa part. J'extirpai mon visage de mon manteau pour lui dire avec un léger sourire, rougissant :

"Merci."

Je pris alors le bonbon et me mis à grignoter, jetant de temps à autres un regard à ma voisine de banc.

Je souris en réponse au sourire timide d'Arnaud, qui étrangement me fait chaud au coeur. Timide, c'est le mot. Je crois juste qu'il l'est, timide. Comme les enfants, à l'orphelinat, quand ils arrivent. Certains le restent d'ailleurs. Mais je comprends. Allez, je vais tenter de faire la conversation.

- TU aimes le Quidditch?

Ma réserve ne semblait pas beaucoup déranger la demoiselle, qui me souriait aimablement. Du coup, sa présence m'apparaissait comme moins envahissante que ce que je craignais. J'étendis mes jambes, tandis que Paddy me demandait :

- TU aimes le Quidditch?

Elle obtint cette fois un hochement de tête accompagné d'un sourire plus franc. Oh, oui, j'aimais ça. Je fis finalement une tentative personnelle pour alimenter la conversation :

"J'étais batteur à Beauxbâtons."

Il me sourit encore. J'aime bien son sourire. Il ressemble aux genre de choses qu'on voit tellement peu qu'on en profite exagérément trop. Ouais, je m'avance un peu là, je le connais pas.

[color:cd06=00ccff]- J'étais batteur à Beauxbâtons.

Mes yeux s'éclairent alors que je me lève en sursaut puis je me rassoit. Doucement Pad', on a dit qu'il était timide.

- Ouah, Beauxbâtons! C'est pas rien. Une équipe française alors... Ne me dis pas que tu supportes l'équipe nationale, leur robes ont la légère tendance de vouloir me rendre aveugle à chaque fois que je les vois. Je veux dire c'est rose. ROSE. Comment c'est sensé mettre une équipe en valeur? Leur directeur de marketing a vraiment des goûts douteux.

Ma petite déclaration lui fait l'effet d'une bombe et elle se lève brutalement, me laissant bouche bée. Elle ne carburait probablement pas au jus de citrouille, vu son énergie. Elle se rassit aussi vite qu'elle s'était levée, continuant sur sa lancée :

- Ouah, Beauxbâtons! C'est pas rien. Une équipe française alors... Ne me dis pas que tu supportes l'équipe nationale, leur robes ont la légère tendance de vouloir me rendre aveugle à chaque fois que je les vois. Je veux dire c'est rose. ROSE. Comment c'est sensé mettre une équipe en valeur? Leur directeur de marketing a vraiment des goûts douteux.

J'esquissai un sourire amusé, car elle n'avait pas tort. Ils me faisaient penser à des pitiponks roses volants. Je précisai avec plus de chaleur :

"Je suis pour les Hippogriffes d'Espelette. Je jouais avec eux parfois, l'été."

Je fis un nouveau bond et me mets en face de lui pour le regarder dans les yeux. Je suis presque sûre que mes yeux brillent, là tout de suite.

- Tu es en train de me dire que pendant tes vacances, tu joues avec des équipes pro'? C'est trop top! Tu sais que tu vis le rêve de milliers d'enfants? En plus c'est une bonne équipe. Ils ont des bon stat' et sont dans les équipes favorites pour la coupe européenne. C'est fantastique!

Je virai à un bel écarlate lorsque Paddy bondit devant moi, me fixant dans les yeux d'une façon telle que ma respiration se bloqua dans ma gorge. Ses pupilles brillaient d'enthousiasme. Par Merlin, de l'air !

- Tu es en train de me dire que pendant tes vacances, tu joues avec des équipes pro'? C'est trop top! Tu sais que tu vis le rêve de milliers d'enfants? En plus c'est une bonne équipe. Ils ont des bon stat' et sont dans les équipes favorites pour la coupe européenne. C'est fantastique!
-Je... Balbutiai-je tant bien que mal.

J'inspirai profondément avant de lâcher d'une toute petite voix :

"Ma mère est amie avec Matthias... Le poursuiveur... C'est avec eux que j'ai appris à voler..."

Et à être batteur, accessoirement. Mais là, j'étais bien trop près de la syncope pour dire un mot de plus.

Je m'agite un peu plus mais je remarque, dans ma folie de fan de Quidditch, que je le mets mal à l'aise. Je prends donc la décision de m'asseoir et de me calmer quelques minutes avant de lui adresser la parole de nouveau.

- Je suis désolée. Je suis un peu démesurée dans mes réaction. C'est juste que tu as eu une chance énorme. Beauxbâtons, l'équipe pro et tout ça... Tu as un balais à toi, je suppose aussi? Quelle marque?

Je me tourne vers lui avec une lenteur un peu ridicule. Je ne veux pas l'effrayer, c'est pas le but. Juste passer un bon moment.

Elle se rassit assez vite et le poids qui comprimait ma poitrine s'effaça. Elle semblait prendre sur elle pour s'adapter à mon rythme de conversation, ce que j'appréciai. En général, on me taquinait sur ma timidité, ce qui empirait ma situation.

- Je suis désolée. Je suis un peu démesurée dans mes réaction. C'est juste que tu as eu une chance énorme. Beauxbâtons, l'équipe pro et tout ça... Tu as un balais à toi, je suppose aussi? Quelle marque?

Ses gestes étaient maintenant mesurés, me mettant suffisamment en confiance pour que je sorte ma baguette et lance un sortilège devant elle. Je fis apparaître mon balais en version miniature et commentai :

"Un Nimbus 2010, sauf que le mien a le manche gravé. Ma mère voulait m'en prendre un plus rapide, type éclair de feu, mais je préfère la maniabilité de ce modèle. Pour prendre des virages en épingle à cheveux, c'est bien mieux. Je trouve ça important pour un batteur d'être réactif."

Je ne me rendis même pas compte que j'avais probablement parlé d'avantage en quelques secondes que dans toute la conversation.

Je regarde le petit balais tournoyer sur lui-même, puis je le touche bout du doigt pour qu'il tournoie dans l'autre sens. j'ai toujours aimé ce genre de sorts. C'est de la belle magie. Enfin je trouve. Je lui souris gentiment et m'éloigne un peu de lui, puisque je m'étais rapprochée pour toucher le balais.

- Il est parfait pour un batteur. La vitesse n'est pas si importante pour nous. Le tout c'est d'être précis et que le balais soit maniable. Peut-être que plus tard, j'en aurais un comme ça!

Je la regardai avec un intérêt non feint, heureux de pouvoir discuter Quidditch avec quelqu'un. Il est vrai qu'à part en cours, je n'avais pas beaucoup d'occasions d'aborder un sujet intéressant. Et je ne connaissais quasiment personne.

- Il est parfait pour un batteur. La vitesse n'est pas si importante pour nous. Le tout c'est d'être précis et que le balais soit maniable. Peut-être que plus tard, j'en aurais un comme ça!

Mes yeux s'écarquillèrent et je m'exclamai avec étonnement :

"Tu es batteuse aussi ?!"

Quelle heureuse coïncidence !

Je sens mes joues s'échauffer et je me sens gênée, un peu. Je suis fière de ce poste mais ce n'est pas hyper prestigieux non plus. Pas de quoi fouetter un chat. Je suis juste capitaine parce que tous les anciens partaient et que j'était la seule qui restait. Je joue avec mes cheveux, comme à chaque fois que je suis gênée, avant de répondre.

- Hum... ouais. Je suis chez les lions... Au poste de capitaine. Mais je ne vole pas sur un balais aussi bon.

Elle rougissait ? J'ouvris des grands yeux étonnés, une expression enfantine sur le visage. Elle glissa la main dans ses cheveux avec une gêne manifeste. Elle, timide ? Ce n'était pas du tout l'impression que j'avais eue. Et... Cela lui allait à ravir.

- Hum... ouais. Je suis chez les lions... Au poste de capitaine. Mais je ne vole pas sur un balais aussi bon.
-Pour être capitaine, il faut être doué. Gérer une équipe n'est pas donné au premier venu."

Je lui souris largement, tandis que mes prunelles brillaient d'amusement. Son accès de timidité m'avait donné un peu de confiance en moi et je poursuivis :

"Je pourrais peut-être te prêter le mien, si tu veux l'essayer."

[color:2a02=00ccff]- Pour être capitaine, il faut être doué. Gérer une équipe n'est pas donné au premier venu.

Je le regarde, véritablement surprise. Serait-ce un compliment. C'est plaisant vraiment. Et surprenant. Et gênant. Et me voilà à rougir de nouveau. Mais quelle cruche! Je désenroule mon doigt de mes cheveux puis recommence à les trifouiller dans un tic que je déteste. Avant de recommencer une troisième fois, mon doigt se suspend dans son mouvement quand j'entend Arnaud s'adresser à moi, un sourire sur les lèvres.

[color:2a02=00ccff]- Je pourrais peut-être te prêter le mien, si tu veux l'essayer.

- Hum, je reprends, à la fois joyeuse et dérangée. Je ne sais pas trop. Pas que je veuille pas l'essayer! Ce serait un honneur pour moi, vraiment! Mais... je ne veux pas te forcer...

Elle était adorable, à toucher ses cheveux comme ça. J'ignorais un peu comment elle s'était trouvée intimidée par moi (en général, c'était plutôt l'inverse...), mais cet aspect enfantin m'incitait à sourire.

- Hum, reprit elle mi-figue, mi-raisin.Je ne sais pas trop. Pas que je veuille pas l'essayer! Ce serait un honneur pour moi, vraiment! Mais... je ne veux pas te forcer...

Je haussai un sourcil, me demandant où elle avait pêché une idée pareille. La réponse me vint tout naturellement, sur un ton amusé :

"Si je te le proposes, c'est parce que je le veux bien. Comme j'aime à le dire : il ne faut jamais proposer quelque chose qu'on ne veut pas faire, ça évite que quelqu'un dise oui."

Je me sentais maintenant à l'aise avec elle, peut-être du fait du sujet de conversation... Ou tout simplement de sa présence elle-même.