Brevet Universel de Sorcellerie Elémentaire.

Dans deux mois, c’était ce que ses élèves de cinquième année allaient passer. Une épreuve fondamentale, qui n’existait pas encore sous cette forme à son époque. Enfin, pour être plus précis, cela ne s’appelait pas ainsi, et constituait un examen de fin d’étude. Nombreux étaient ceux alors à s’arrêter là, surtout parmi les jeunes filles.

Le programme avait bien changé depuis. Autrefois exotiques, les hiéroglyphes étaient devenus un classique. Les Runes n’étaient étudiées en détails plus que sur une année, et les deux autres se focalisaient sur l’Egypte antique. Pour le meilleur comme pour le pire. Le pire étant que les élèves oublient leurs acquis. Ainsi, Lavander avait toujours alterné entre les deux langues pour donner les devoirs à ses étudiants. Et cette semaine, ils avaient eut un long extrait de hiéroglyphes sacrés narrant la vie d’un sorcier et son combat contre la mort.

La mort. Les Egyptiens, plus que quiconque, s’étaient intéressés à ce domaine. La grande majorité des travaux des sorciers de ce peuple portait dessus. Les premiers inferis étaient en Egypte, dans les pyramides, momifiées.

La porte s’ouvrit, et le fantôme laissa ses élèves s’installer. Le projecteur était déjà en place, ainsi que les copies qu’elle avait corrigées cette semaine.

« Bonjour jeunes gens. J’espère que vous vous êtes bien reposés ce week-end, et que vous êtes bien réveillés. Aujourd’hui, nous verrons ensemble la description d’un rituel magique, et les différents éléments le composant. Un rituel du quotidien, mais très révélateur de la magie de cette époque. Nous n’en sommes pas là cependant. Monsieur Malerne, veuillez distribuez les copies sur mon bureau. »

Elle désigna au Gryffondor une pile sur son bureau, attendant qu’il se lève pour accomplir cette tâche. Contrairement aux élèves de sixième et septième année, elle ne les laissait pas s’amuser avec leur baguette magique.

« Je dois préciser, jeunes gens, que je suis particulièrement déçue par le travail que vous m’avez rendu. Cette version avait été certes compliquée, mais c’est ce que vous aurez dans quelques mois, à votre examen. Il serait donc bon que vous vous remettiez au niveau en ce qui concerne les Runes. Nous n’aurons absolument pas le temps de revoir ceci en cours, alors, il vous faudra le trouver vous-même. Ne prenez pas mes avertissements à la légère. La moyenne de se devoir est un D, et seul un E et quelques A sauvent la face. J’aimerais désormais un peu plus de sérieux. J’enlève 20 points au malheureux qui a écopé d’un T. Je lui souhaite de ne plus jamais me rendre pareil torchon. »

Toute fantôme qu’elle était, elle pourrait presque rougir de colère en repensant à tous ces mauvais devoirs corrigés. Elle fusillait du regard chaque de ses étudiants, avant de désigner soudainement un élève de Serpentard.

« Ramassez les devoirs de cette semaine je vous prie. Pour cette fois ci, vous avez eu une version de Hiéroglyphes. C’est un incroyable document que vous avez pu lire ainsi. Je vous invite à vous renseigner plus avant sur l’Ombre, l’Âme, la Force Vitale, et le Nom. Ainsi que le corps. Cinq éléments qui composent donc un homme. Ainsi, une véritable résurrection n’est possible qu’en réunissant ces cinq éléments. Ce qui de tout temps a été plus facile à dire qu’à faire. Si vous avez déjà entendu parler des Inferi, ces corps réanimés par la magie noire, alors, sachez que la vision égyptienne de cet acte maléfique explique que seuls corps et Force Vitale ont été réunis. Le maléfice donne l’énergie au corps de se mouvoir, et d’obéir à ses ordres, mais l’Inferi ne retrouve ni raisonnement, ni sentiments. Et même les momies qui hantent les pyramides des grands sorciers de ce temps ne peuvent prétendre à un statut plus élevé que ces inferi. L’explication qui est donnée dans le document que vous avez eu à traduire est plus religieuse que magique, à priori. L’Ombre et l’Âme sont pesés, par le biais du cœur, et s’il est assez pur, alors, ces deux éléments sont réunis, puis libérés de toute attache terrestre. »

Elle flottait le long de l’allée, entre ses élèves, pendant ce bref premier corrigé de cette version. Elle n’avait pas été facile –à vrai dire, il était probable que les exercices lors des BUSE soient plus simples, mais il fallait bien les préparer au pire- mais elle était extrêmement intéressante.

« Je vous invite à lire Le Livre des Morts dont plusieurs exemplaires, non censurés contrairement à ce que l’on peut trouver chez les moldus, se trouvent dans la bibliothèque de Poudlard. Vous pourrez ainsi en apprendre plus sur les observations, les études, et les croyances des sorciers égyptiens sur la Mort. Ce livre est cependant exclusivement dans la Réserve. Si vous êtes intéressés, venez donc me voir à la fin du cours. »

Elle désigna par la suite une jeune Serdaigle, lui demandant de distribuer les parchemin avec le texte qu’ils étudieraient maintenant.

« Nous avons déjà vu que pour les Egyptiens, deux choses étaient importantes dans un sort. La parole, et l’image. C’est d’ailleurs pour cette raison fondamentale que seuls les hiéroglyphes sacrés sont utilisés pour la magie. Qui peut me rappeler les différences entre ces hiéroglyphes et les hiéroglyphes linéaires ? »

Elle attendit d’avoir une réponse convenable, accordant alors dix points à l’élève, avant de continuer.

« Les hiéroglyphes que l’on voit dans les ruines, sur les pyramides, et sur chaque tablette sacrée, sont donc des images, ce qui leur donne une valeur magique que leurs homologues ne possèdent pas. Le nom et l’image du magicien est présente dans son hiéroglyphe le désignant. De même que le nom et l’image de chaque chose sur laquelle le magicien veut agir. Si les sorciers de l’Egypte Antique réfléchissaient énormément à la mort, ils n’en étaient pas moins attachés à la vie. Et à certaines… Nécessités, dirons-nous. Le texte que vous avez sous les yeux est en deux parties. D’abord, en hiéroglyphes linéaires, nous avons la description du rituel. Puis, en hiéroglyphes sacrés, nous avons le sort en lui-même. Il s’agit là de rendre à un homme, et pas n’importe lequel, le pharaon, toute sa virilité. Un pharaon impuissant et sans enfant était très problématique, après tout. Commencez par retrouver dans le sortilège les éléments qui me permettent d’affirmer tout ceci. »

Elle retourna alors à son bureau, faisant couler son regard sur chacun de ses élèves.

« Et je ne veux rien entendre, même si le sujet peut prêter à rire. »

Après tout, ces élèves là étaient en pleine puberté.