Les voilà. Ils étaient trois, d'après ce qu'avait émit le bruit de leur transplanage. Trois... Heureusement qu'Alizea avait prévu les renforts, nous arions été en infériorité numérique. Ils étaient apparus, mais ils ne s’échangeaient pas un seul mot. Ils se contentaient de rester là, sans bouger, attendant l'arrivée d'Ernest qui ne pointera jamais le bout de son nez. Je m'étais relevé lentement, et m'avançais discrètement, aussi silencieux qu'une ombre. Je me tenais en position accroupie, et tentait d'écouter leur conversation. Mais ils ne prononçaient pas un seul mot. Ils étaient muets comme des tombes. Merde ! C'est là que l'on voyait la différence entre les films et la réalité : dans les films, les méchants avaient toujours l'habitude de déballer leur plan machiavélique en pensant que personne ne les entendaient. Mais là, ils ne disaient mot, et se contentaient de surveiller les alentours. Ils s'étaient positionnés en une formation triangulaire pour couvrir toute la zone du regard. Mais si il y avait bien un endroit qu'ils ne chercheraient pas à surveiller, c'était les hauteurs. Ça, je le savais. Alors si je restais discret, ils ne soupçonneront jamais ma présence. Je tentais de garder mon calme, sentant l'anxiété commencer à me travailler le cœur qui tambourinait dans ma poitrine. Qu'est-ce que j'étais supposé faire, maintenant ? Attendre encore un peu pour voir si ils allaient se mettre à parler ? Attaquer maintenant pendant qu'ils ne soupçonnaient rien ? Merde... Je ne savais pas quoi faire ! Ils étaient là, à nôtre merci, et j'étais en train d'hésiter bêtement comme un idiot !

Bon, suffit de tergiverser ! Je n'allais pas attendre trois ans que je me décide à me lancer ! Autant faire ce que je savais faire de mieux, c'est-à-dire l'action ! Je me saisis alors d'une potion de confusion dans l'une des poches de ma veste, et je m'apprêtais à la lancer sur le groupe lorsque soudain, je sentis quelque-chose passer juste à côté de moi à très grande vitesse. Une chose qui me vola ma potion des mains ! Un oiseau ! Un piaf venait de voler juste à côté de moi, et m'avait prit la potion des mains en la prenant dans ses serres ! C'était vraiment le moment de tomber sur une pie voleuse ! Tu parles d'une malchance !

...A moins que...

...Oh merde !

C'était un animagus ! Je l'ai compris lorsque je l'entendis piailler comme un dingue. J'entendis alors le groupe d'en bas s'énerver, et l'un d'entre eux lança un Hominum Revelio. Par le porte-jarretelles de Merlin ! C'était une embuscade ! Il n'étaient pas trois, mais quatre ! Immédiatement, je sortis ma baguette de ma veste, et lança une germe d'étincelles dans le ciel. Tant pis pour révéler ma position, le piaf m'avait déjà vu, et l'important était de prévenir le groupe que l'on était repéré ! Merde alors ! On s'était fait avoir comme des bleus ! Prendre de la hauteur pour surveiller les lieux ? Ils avaient pensés un cran au dessus de nous ! Et merde ! Oui, j'me répète en insultes, mais là, la situation était devenue légèrement critique ! Je m'étais relevé pour tenter de lancer un sort, mais à peine avais-je eu le temps de me redresser que l'un des trois sorciers avait lancé un Deprimo sur le container. Je sentis alors la plaque de métal sous mes pieds s'affaisser brutalement, et me fit chuter de quelques mètres avant de me faire atterrir par terre dans un grand fracas. La douleur était atroce, et me tira un hurlement.

- Par le cul terreux des Magyars, ça fait vachement mal !, me plaignais-je en me redressant.

Je me relevais péniblement entre les débris tandis que j'entendais la bataille commencer dehors. Merde, merde, merde et triple merde ! Comme si j'avais le temps de trouver la sortie ! Je tendis alors ma baguette vers l'un des murs, et lança un Bombarda Maxima, ce qui provoqua une énorme explosion, ouvrant un trou béant dans le mur de fer. Avec un peu de chance, ça avait fait diversion ! Je m'y engouffra alors et me rendit à l'extérieur.

A peine sorti qu'un sortilège avait fusé vers moi, que je dévia d'un Protego à l'ultime seconde. Une de mes jambes me lançait terriblement. Elle ne devait pas être cassée ni fêlée, mais étant donné que c'était elle qui avait amorti la chute, elle avait sacrément morflé. Du coup, mes déplacements étaient plutôt limités. Fiante de scrout à pétard ! Je me réfugiai derrière l'un des caissons métalliques pour me mettre à l'abri des sorts, et tentait d'élaborer une stratégie de combat. Mais rien ne me venait en tête pour le moment. Il me restait un philtre de confusion, une potion d'enflure ou une solution de force. Mais je ne voyais pas comment j'allais pouvoir les utiliser dans ces conditions. A moins que... Une idée me traversa l'esprit. Je restais planqué derrière mon container pour tenter d'évaluer la distance des quatre agresseurs. Environ une vingtaine de mètres. Parfait. Je sorti mon dernier philtre de confusion, la lança en l'air juste devant moi, et avant qu'elle ne retombe, je lança un Waddiwasi pour propulser le philtre vers les assaillants à la vitesse d'une balle de revolver. Pas manqué : Le philtre éclata en fumée, et les coups devinrent de moins en moins fréquent.

- Bingo !, m'autograttifiais-je.

Ce qui ne m'étonna pas le plus, ce n'était pas que mon petit "coup" avait marché. Je ne m'attendais pas à ce qu'il fonctionne, pour tout dire. En tout cas pas aussi bien. Lorsque je compris que si les sorts envoyés par les assaillants s'étaient réduits, c'était par-ce que la potion faisait effet. Moi, j'étais préparé à ce qu'ils arrivent à la contrer et à leurs envoyer des sorts pour tenter de rattraper le coup. Mais il n'en fut absolument rien : son contenu fonctionna à la perfection. Mais comme je le disais, ce n'était pas ce qui m'avait étonné le plus dans l'histoire. Non, ce qui m'avait réellement surpris, c'était la rapidité de réaction des Aurors. A peine le flacon avait-il explosé, à peine avait-il agit que je les avait entendus bombarder les assaillants de sorts en une fraction de seconde, et retourner la situation à leur avantage en une autre fraction. C'était... terriblement impressionnant. Et je devais atteindre ce niveau ? Je n'étais pas sûr d'y arriver un jour... En un instant, alors que j'étais presque tétanisé, abasourdi par-ce que je venais d'assister, les Aurors firent un travail remarquable et neutralisèrent les dealers en moins de temps qu'il n'en fallait pour dire le mot "Quidditch". Ils s'approchèrent alors d'eux, tandis que je sentis Melroth s'approcher de moi qui n'avait pas bougé du container -qui avait bien morflé, au passage-. Je l'entendis donner un coup de baguette, et un titanesque bruit métallique fracassant résonna dans mes oreilles, m'incitant enfin à bouger. Ce qui consistait donc à m'éloigner de quelques pas et à plaquer mes mains sur mes oreilles en tirant une grimace. J'entendis alors le rire de Mr. Melroth, puis sa main se poser fermement sur mon épaule.

- Bien joué, bonhomme. C'était un coup de maitre !, dit-il d'une voix teintée à la fois de fierté et d'humour.

La présence de sa main me tira de ma rêverie, ou plutôt de mon admiration grandissante pour ceux qui étaient mes ainés. Je m’ébrouai alors, secouant la tête qui fit valser mes cheveux.

- Je n'ai rien fait de spécial ! C'était juste... un coup de chance !
- Un coup de chance fulgurant, alors !, dit-il avant de se mettre à rire, ce qui me fit sourire.

Il posa alors sa main sur mon épaule avant de m'entrainer vers les autres qui étaient en train d'ensorceler les dealers pour les préparer au voyage vers le Ministère de la Magie. C'est à ce moment là qu'Alizea vint nous rejoindre. Je ne sais pas où elle était passée, mais il semblait qu'elle s'était éloignée du groupe. Et... Elle sentait l'odeur du sang. Une très faible odeur, certes, mais elle était bien là. Tout me portait à croire qu'elle avait utilisé sa forme de renard pour aller mordre un ou deux mollets. Cette pensée me donna un petit sourire. Un sourire encore un peu mal à l'aise étant donné que les compliments de Melroth résonnaient encore dans ma tête... Je crois qu'on surestimait mes capacités. Et puis... C'étaient des dealers, pas des mages noirs. Si j'avais eu moins de chance, j'aurais très bien pu mourir si l'homme-pie avait reprit forme humaine sur le toit du container, ou en tombant de celui-ci lorsqu'il s'était effondré. Encore de la chance. Comme la dernière fois. Je serrais les poings, pendant qu'Alizea envoyait sa victime rejoindre les autres.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ici ?
- Il faudrait vraiment apprendre à vous tenir, Miss Prewett. Un de ces jours vous en ferez de la chair à pâtée à tel point qu'on ne pourra plus rien en faire.
- Désolée. Mais il ne m'a pas ratée non plus.

Mince... Elle était blessée ? Hm... Pourtant l'odeur du sang qu'elle portait était très faible... Et je n'étais même pas sûr que c'était le sien. Mais après tout, je ne l'avais pas senti, alors je ne pouvais rien affirmer.

- Je vois ça. Vous n'accepterez pas d'aide, j'imagine ?
- Non, merci. Quelqu'un pourrait m'expliquer ce qu'il s'est passé pendant que je courrais après notre invité surprise ?
- Mon garçon ?

Je sentis à nouveau sa main sur mon épaule. J'avais l'impression qu'on essayait de me mettre sur un piédestal alors qu'il ne me revenait pas de droit... J'inspirais un bon coup, sentant une sorte de pression me peser sur les épaules. Est-ce que je méritais vraiment ces compliments ? Après tout, c'étaient les Aurors qui les avaient finis, qui avaient profité de la brèche que j'avais ouverte pour s'engouffrer dedans et les neutraliser aussi vite que l'éclair.

- Oh euh... C'est rien, j'vous jure !, affirmais-je en levant les mains. J'ai juste... Envoyé une potion de confusion avec un Waddiwasi, c'est tout... C'est un coup de chance que ça ait marché !

La main de l'Auror quitta mon épaule pour m'envoyer une bourrade dans le dos qui faillit me faire trébucher pendant qu'il riait de sa voix tonitruante.

- Et en plus d'être talentueux, il est modeste ! Tu feras un Auror d'exception, bonhomme. Je peux te l'assurer !, s'exclama-t-il en me secouant vivement les cheveux de sa grande main.

Pendant que je tentais de remettre un peu d'ordre dans mes cheveux décoiffés, je sentais presque le sang monter à mes joues. C'était sans doute la première fois de ma vie que je me sentais aussi... A la fois honteux, mais aussi flatté. Une part de moi n'arrivait pas à accepter ces compliments, les trouvant bien trop élogieux pour ce que j'étais, pour ce que j'avais fait. Après tout, c'était tout simple ! Quasiment n'importe quel sorcier pouvait le faire ! Mais... Une autre part de moi voulait croire en ces compliments... voulait croire que j'avais mes chances d'être un bon Auror... D'être ce que j'avais toujours voulu être. Après tout... j'avais tué un troll des cavernes à -quasi- mains nues... non ? J'avais réussi à chopper des informations pour cette enquête... Et là, je venais de rendre confus un groupe de trois dealers qui en voulaient à nos fesses ? Alors... Pourquoi est-ce que ne pouvais pas y croire... ? Mon esprit était partagé... Je secouais à nouveau la tête. Inutile de s'embrouiller l'esprit, le seul jugement qui comptera, ce sera celui de Yeon Jin. Elle sera la seule à pouvoir décider, en sa qualité de tutrice, si je serais apte à devenir Auror ou non.

J'entendis alors au loin l'équipe d'Aurors qui nous accompagnaient s'apprêter à transplaner pour emmener les dealers au Ministère. Une idée folle traversa mon esprit aussi vite qu'un Vif d'Or.

- Attendez !, criais-je à leur attention.

Ils semblèrent s'arrêter dans leur élan à ma demande, et je m'approcha d'eux à un pas assez rapide.

- Lequel d'entre eux est le "Transporteur" ?, demandais-je.

Ils semblèrent se concerter un moment, avant que l'un d'entre eux par le bras l'individu en question, et me le présenter devant moi.

- C'est celui-là, affirma une voix d'homme.
- Que se passe-t-il, mon garçon ?, demanda Melroth en s'approchant avec Alizea.

Je tendis la main vers eux pour les inciter au silence. J'avais besoin de concentration. Je humais son odeur. Non pas que j'avais réussi à la sentir la veille, juste une bribe, mais je pouvais néanmoins essayer... Mais rien ne clochait.

- Qu'est-ce que tu veux, gamin ?, railla le suspect.

C'est là que je tilta. Immédiatement. Je sortis ma baguette aussi sec, et lança un Finite informulé sur lui. Ce que je craignais alors arriva : j'entendais sa peau, sa chair se déformer. Ses vêtements faisaient des bruits de frottement pendant quelques instants.

- Mais qu'est-ce que..., commença la femme Auror qui nous accompagnait.
- Ce n'est pas le Transporteur... !, murmurais-je.

Mon adrénaline grimpa en flèche. Du polynectar !

- PLANQUEZ-VOUS ! LE TRANSPORTEUR EST ENCORE-

Avant même que je ne termine ma mise en garde, j'entendis un sortilège fuser vers moi. Je me retourna et dans le même mouvement, esquissa un Protego. Mais le charme du Bouclier n'avait pas eu le temps de s'ériger correctement. Le sortilège le brisa et passa au travers pour me toucher en pleine poitrine. Un hoquet se souleva de ma gorge, un battement de cœur... et je m'écroule, sombrant dans l'inconscience.

Péniblement, j'ouvrais les yeux. J'avais l'impression d'émerger d'un rêve... Un rêve qui avait duré une éternité. J'étais allongé par terre, dans de l'herbe. Une tendre brise me caresse le visage comme une douce main tiède qui m'aide à me réveiller progressivement. Je me redresse lentement, et reste assis, les mains dans l'herbe que je caressais lascivement. Tout d'abord, je me rendis compte d'une chose. Une chose que jamais je n'aurais cru possible auparavant, et qui pourtant se passait bel et bien. Je voyais. Mes yeux avaient retrouvés le sens de la vue, sans que je ne sache vraiment comment. J'aurais dû être surpris, choqué, terrifié peut-être même... mais je ne ressentais rien de tout ça. Simplement une sensation d'apaisement profond. Comme si toute émotion ou sentiment négatif n'existait plus en moi, ne laissant plus qu'un bonheur passif qui coulait en moi à chaque inspiration. Ayant retrouvé la vue, je regardais autour de moi. Je me trouvais dans une forêt, au beau milieu de la nuit. Les arbres étaient très grands, presque au point de pourfendre le ciel étoilé. Ils étaient nombreux, et espacés. Une forêt qui s'étendait jusqu'à l'horizon, et plus encore.

Je levais la tête, et admira la lune. Elle était immense, surplombant la forêt de sa majesté fascinante, l'illuminant de sa lumière pâle et blafarde. Elle semblait si proche, et pourtant si loin, inatteignable. Comme une entité qui veillait sur moi. Je finit par me lever, sans lâcher mon regard de cet astre lointain et serein. Où je me trouvais ? Je n'en savais absolument rien, néanmoins j'avais l'impression d'avoir toujours appartenu à cet endroit. Comme si... Comme si tout ce que j'avais dans ma tête, tout ces souvenirs... n'étaient qu'un immense rêve que j'avais fait pendant que je dormais paisiblement au sein de cette forêt. Ils semblaient si lointains, maintenant... Les avais-je vraiment vécus ? Un bruit retint mon attention, et corps se tourna vers lui. En temps normal, j'aurais sans doute ressenti de l'inquiétude, de l'anxiété, de la peur... Mais elle semblait s'être définitivement envolé, comme si elle n'existait pas en ces lieux. Je guette alors ce qui se cache dans l'ombre, et finit par l’apercevoir au fur et à mesure qu'il s'approche de moi. Un loup blanc. Il était grand, sa taille au garrot était exactement la même que la mienne debout. Ses yeux fixaient les miens. Ils ne semblaient pas être emplis de colère ou de haine, comme mes souvenirs semblaient le redouter. Il était néanmoins méfiant, s'approchant vers moi avec vigilance. Je me contente de l'accueillir avec un large sourire apaisé. J'étais heureux de le retrouver. Il se retrouva juste en face de moi, et continuait de me fixer.

- On en a vécu des choses, tout les deux... pas vrai ?, lui demandais-je d'une voix douce et calme.

Son oreille s'agita une seconde, et ses yeux semblaient exprimer une certaine compréhension. Bien sûr qu'il me comprenait. Car j'étais lui. Car il était moi. Ma main se tendit lentement vers lui, et même si il avait eu un petit mouvement de recul face à mon geste, il ne recula pas. Il se contentait juste de regarder ma main venir lentement vers lui, puis se poser tendrement sur son encolure. Mon sourire s'étira. Contrairement aux apparences, son pelage était des plus doux. Je le caressa lascivement, les yeux emplit d'une vague de nostalgie.

- Et pourtant, tu as toujours été là. A mes côtés.

Il continuait de me fixer de son regard intelligent, à l'écoute du moindre de mes mots. Ils semblaient résonner en lui. Puis, soudain, il leva le nez et contempla la lune qui se reflétait dans ses yeux. Je me tourna aussi pour la regarder avec lui. Elle aussi, elle avait toujours été là. Elle était le lien qui nous séparait, mais aussi celui qui nous unissait, lui et moi. Nous agissions selon ses ordres, vivants sous son œil attentif. Ma main n'avait pas quittée l'encolure du loup, et celui-ci entonna son chant en levant la tête. Le chant du loup. Je me joignis à son chant, rendant hommage à la lune. Ensemble.

Quelque-part, dissimulé dans l'ombre d'un arbre, un père sourit.

***

Péniblement, j'ouvrais les yeux. Puis très vite, je tira une grimace de douleur. Mon corps était meurtri, et engourdi. Comme si j'avais sauté du haut d'un immeuble et que j'avais atterri à plat ventre contre le sol. Même si, actuellement, j'étais sur le dos. J'entendais des bribes de voix, mais je ne comprenais rien à ce qu'elles me disaient. Comme si ma tête était dans un bocal et que tout les sons extérieurs étaient atténués. J'avais mal. Je tentais de me redresser pour me relever, mais cela se révéla bien plus pénible que je ne l'avais cru. Chacun de mes muscles criait grâce, et mes os semblaient si douloureux que j'avais l'impression qu'ils étaient sur le point de céder pour s'effondrer en milliers de morceaux. Ma tête me faisait souffrir, comme si il y avait un gong à l'intérieur, et qu'un idiot s'amusait à frapper dessus à plusieurs reprises avec un gigantesque maillet. Je finit par me relever complètement, mais j'étais à deux doigt de retomber. Je sentais des mains se poser sur mes épaules, mais plus par réflexe que par désir, je m'en écarta brusquement. Mes côtes n'étaient pas d'accord, et me le firent bien savoir. Bon sang, que j'avais mal... Qu'est-ce qui s'était passé ? Je ne me souvenait plus... J'étais... J'étais en train de parler, je crois. Et... Et un sort m'avait touché... La mémoire commençait à me revenir. Péniblement, mais surement. Je m'étais protégé avec le charme du Bouclier, mais il n'avait pas eu le temps de se former complètement, et le sort l'avait brisé avant de me percuter. Après ça... Une vive douleur au crâne me transperça. Je me pencha dangereusement sur le côté, mais heureusement un container se trouvait là pour me soutenir.

Je commençais à recouvrer peu à peu l'usage de mes sens, à l'exception de celui de ma vue, bien entendu. Les sons étaient plus clairs, les odeurs plus distincts, et toutes les subtilités que j'étais incapable d'expliquer. La douleur se faisait moins vive, et je commençais à recouvrer mes esprits. Bien, je n'étais pas si amoché que ça, il semblait. J'entendis des bruits de pas s'approcher de moi. Par réflexe, je me mit en position de combat.

- Doucement, Throwback !

Cette voix... Je la reconnaissais. C'était celle d'une des Aurors qui nous accompagnait, Alizea et moi. Alizea... Merde alors !

- Où est Alizea ?!
- Elle poursuit le Transporteur avec Melroth. On doit t'emmener à Ste Mangouste, Throwack. Tu as failli-
- Où ça ?!, l'interrompis-je.
- ...Quoi ?
- Où sont-ils, par Lucifer !

Elle ne répondit pas immédiatement. J'étouffai un juron et me mit à humer l'air. Je sentais son odeur. Elle était faible, mais elle avait laissé une trace depuis cet endroit. La piste menait jusqu'à l'intérieur de l'entrepôt. Je m'apprêtais à m'y diriger, mais mon pas manqua de peu de me faire tomber. Je n'étais peut-être pas en aussi bon point que je ne voulais me faire croire, apparemment... Je manquais clairement de force... De force ? Par Merlin, mais bien sur ! Je fouilla dans la poche intérieure de ma veste, et en sortit la Solution de Force que j'avais prise avant de venir ici. Cette petite fiole était mon dernier recours, pourvu qu'elle fasse bien son effet ! J'ouvris le bouchon et avala d'une traite son contenu. Je ne fis même pas attention à son goût amer plutôt déplaisant. Je sentais alors mes muscles pris d'une énergie nouvelle, comme solidifiés. Parfait !

- Throw-

Je ne lui laissa même pas le temps de terminer sa phrase que j'étais déjà parti. Mes jambes me portèrent jusqu'à l’entrepôt à toute vitesse, le vent me fouettant le visage. Je courrais le plus vite possible, un mauvais pressentiment me pinçant le cœur depuis que je m'étais réveillé. Je n'avais aucune idée de ce qui se passait à l'intérieur, mais cela ne présageait rien de bon ! Je me retrouva à l'entrée de l'entrepôt, mais une seconde trop tard, je sentis une odeur de bois. La porte était fermée ! Trop tard, mes jambes ne s'étaient pas arrêtés sur leur lancée. Tant pis, à défaut de freiner, je me mit à bondir vers la porte, les bras en croix devant moi pour me protéger. La Solution de Force faisait bel et bien son effet : plutôt que de me prendre l'impact et m'arrêter en plein élan, le bois de la porte vola en éclats dans un énorme fracas, et je passa au travers. Lorsque je posa le pied à terre, je ne m'arrêtais toujours pas. Je continuais ma course, droit vers le bruit du combat. Je cherchais une odeur particulière. Je sentais Melroth, un renard et... lui ! Je raffermi mon poing, et bondit à nouveau. J'avais profité de la seconde d'inattention provoquée par mon entrée "fracassante". Mon poing vola jusqu'au Transporteur, mais celui-ci se défendit d'un Protego à l'ultime seconde. Mon coup s’écrasa alors violemment à la lisière du bouclier, bloqué à quelques centimètres de son visage.

- Dommage pour toi, gamin !, railla le Transporteur.

C'est alors que, mon poing toujours collé contre le sortilège de protection, une bille apparut sur l'ongle de mon pouce, prêt à être lancée d'une pression de ce doigt. Elle vola. Comme je l'avais pensé, elle passa au travers du Protego comme si il n'avait jamais existé, et fila droit jusqu'au visage du Transporteur qui hurla de douleur lorsque la bille éclata en une germe de flammes. Le souffle me fit voler un mètre plus loin, mais je réussit à retomber sur mes pieds tant bien que mal. Immédiatement, je lança un Aguamenti sur le Transporteur pour éteindre les flammes, me rappelant que l'ordre d'Alizea était de le garder vivant. Néanmoins, il allait garder une marque de brûlure pour le reste de sa vie sur son visage. Melroth en profita pour le stupefixer.

Alors que je soupirais, cette affaire étant enfin terminée, je sentis alors une vive douleur me déchirer le mollet, me tirant un hurlement de douleur. Alizea, transformée en renarde, était en train de me mordre ! Mon premier réflexe fut de l'envoyer voler en tendant ma jambe dans un mouvement circulaire, même si je le regretta aussitôt.

- Elle est droguée, petit !, hurla Melroth.

Droguée ? Fiante de Magyar ! Elle avait prit la drogue d'animagus ! Si je m'étais attendu à ça, j'aurais prit un Bezoard ! Je n'avais absolument rien sous la main pour la maitriser ou contrer les effets de cette drogue. Il ne me restait qu'une potion d'Enflement, mais je ne comptais pas la faire gonfler comme un ballon ! Réfléchis, Damien, réfléchis ! Alizea finit par revenir à la charge, courant droit vers moi. Étant à court de moyens, je fit la première chose qui me vint à l'esprit.

- Petrificus Totalus !

Le sortilège fit effet, et la renarde s'immobilisa complètement. Je m'approcha alors lentement d'elle avec difficulté, ma jambe me tirant une grimace de douleur suite à sa morsure, et m’accroupis à son niveau.

- Je suis vraiment désolé, Alizea...
- Il faut l'emmener à Ste Mangouste, déclara Melroth, tandis que la femme Auror arriva enfin sur les lieux. Ils sauront la soigner. Et toi aussi, bonhomme.

Je ne faisais pas particulièrement confiance à cet hôpital, depuis mon incident, mais il avait sans doute raison. Et puis c'était là-bas que travaillait le spécialiste des potions que nous avions rencontrés la veille, avec un peu de chance, il aurait fini ses analyses et allait pouvoir agir plus efficacement. De plus, ma jambe saignait encore, et les effets de la potion semblaient déjà s'estomper. Mes muscles commençaient à me lâcher. J’acquiesçai alors d'un hochement de tête, puis Melroth posa sa main sur mon épaule, tandis que je prenais Alizea dans mes bras. Il ordonna alors à la femme Auror de se charger du Transporteur. Nous avons alors transplanés jusqu'à l’hôpital magique, où nous fûmes pris immédiatement en charge, notamment par-ce que ma jambe avait très vite tâché le tapis de l'entrée.