Lorsque mon réveil de mit à sonner à sept heures du matin, j'étais déjà debout. Je m'étais couché si tôt que mon sommeil s'était décalé, et que je m'étais réveillé une heure en avance. En somme, ce n'était pas beaucoup, mais vu l'heure à laquelle je me suis couché... J'avais dû dormir au moins dix bonnes heures. Et je n'avais même pas mangé. C'est sur cette pensée que je quittais ma douche, vêtu d'un simple peignoir que je me rendis dans la cuisine pour me préparer un petit déjeuner bien copieux, assailli par les grognements de mon estomac qui réclamait famine. Je me préparais alors des œufs brouillés à la poêle et du bacon. C'était rare que je me prépare un plat pareil, mais là je ne pensais pas pouvoir satisfaire mon ventre avec ce que je prenais d'habitude. Et quand je pensais à tout ce que la mission avait impliqué comme efforts la veille, je me disais qu'il valait mieux me remplir l'estomac pour éviter de tomber en panne sèche.

Une fois ce festin mangé jusqu'à la dernière miette, j'empile les couverts dans l'évier et part m'habiller. Je change de jean, découvrant qu'il avait été troué suite à ma petite accolade avec le troll des cavernes. Et en plus il était poussiéreux. Me rappelant que j'avais dormi sur mon lit avec, je défit les draps et les remplaça par de nouveaux. Lorsque j’enfilai ma baguette dans la poche de ma veste, je me rappelai alors ce moment où je m'étais retrouvé uniquement vêtu d'un T-shirt, désarmé et menotté. Hum... Il faudrait que je passe chez ma mère pour qu'elle puisse me coudre des poches spéciales sur mes jeans pour y faire passer ma baguette. A moins que je ne m'achète un genre de fourreau en cuir, comme dans les westerns moldus où ils y rangeaient leurs revolvers. Ça manque de discrétion, mais ça fait classe ! Idée à creuser...

Je me rappelais également à ce moment-là de Jasper, la première fois où on s'était rencontrés. La journée d'hier lui avait donné raison : une fois désarmé, on était vraiment sans défenses. Je m'en étais bien rendu compte. Si je n'avais pas eu mes chaines, je crois que je serais en train de me faire digérer par les sucs gastriques de ce troll à l'heure qu'il était. L'idée d'aller m'acheter un couteau de chasse me vint à l'esprit, et je décida que j'y réfléchirais une fois cette mission terminée. C'est dingue comme une seule journée de mission m'avait beaucoup appris... Bah, au moins je serais rôdé pour ceux de ma deuxième année d'apprenti Auror, c'était plutôt positif. Enfin j'espère...

Une fois prêt, je me dirige vers ma cheminée pour me rendre jusqu'au Ministère, mais je m'arrête en chemin. J'avais complètement oublié Jasper qui dormait encore dans l'autre chambre ! Je me retourne alors et prends du papier et une plume à papote (j'ai dû batailler avec le marchand pour qu'il m'en refile une qui retranscrit les mots exacts !). Je lui laissa un mot, lui indiquant que j'avais placé des sortilèges de protection dans l'appartement, et qu'il avait intérêt à y rester jusqu'à mon retour. Je lui avais même indiqué ou se trouvait les bouteilles d'alcool, pour l'aider à s'occuper. Je pose le mot sur la table de chevet de la chambre et file pour de bon au Ministère.

Une fois là-bas, grâce à la merveilleuse invention de la poudre de Cheminette, je me rends au bureau d'Alizea, me remémorant au fur et à mesure des pas la direction à suivre. Lorsque je me rendis dans la salle, j'entendis Wallace me saluer, et je lui rendis avec le sourire. C'est dingue comme les gens étaient accueillants et chaleureux ici... C'en était presque à me faire demander si je ne préférerais pas travailler dans leur service. Si jamais je foire ma formation, peut-être...

Je rentre dans le bureau d'Alizea, mais lorsque j'ouvre la porte, je sens l'odeur d'un renard. Elle s'était transformée ? Pourquoi faire ? Je referme la porte derrière moi et m'avance, découvrant avec étonnement qu'il n'y avait pas de bruits de pas. Elle était immobile. Pris d'un doute, je tire ma baguette, craignant le pire. Je m'avance alors, suivant l'odeur, et lorsque j'arrive à son niveau (c'est à dire devant son siège), je me penche et tends ma main délicatement au dessus d'elle. J'hésite à la poser, car si elle était bel et bien droguée elle aussi, elle n'hésiterait pas à me la mordre. Quoi-que... est-ce qu'un animal dopé dormirait ? Je prends mon courage à deux mains, et finit par poser ma main sur son pelage, que je découvrais étonnamment doux. Je sentais alors son ventre gonfler et se dégonfler, me tirant un soupir de soulagement. Ouf, elle était encore en vie ! Elle dormait juste.

Elle avait passé la nuit dans son bureau ? Ça me faisait presque culpabiliser de l'avoir laissé seule pendant que je dormais à poings fermés. Si j'avais su, j'aurais veillé avec elle.

Je me redresse, décidant de la laisser dormir pour le moment, et parcourt ma main sur son bureau. Il y avait des dossiers éparpillés dessus. Me rappelant de ma cécité, et donc de mon incapacité à lire, je murmura doucement :

- ...Flamby ?

J'entendis un bruit de transplanage.

- Mr. Throwback ?, demanda-t-elle timidement.
- Chuuuut !, lui murmurais-je en pointant du doigt le siège d'Alizea.
- Oh, veuillez m'excuser, répondit-elle à voix basse. Que puis-je pour vous ?
- Ces dossiers, répondis-je en les lui tendant, est-ce que tu pourrais mes les traduire en braille, s'il te plait ?
- Bien sur ! Je reviens tout de suite.

Puis elle s'en alla en transplanant. Je n'avais plus qu'à attendre...

Flamby revint quelques minutes plus tard, puis me rendit les dossiers que je lui avait donné et la copie traduite. Je la remercia et elle s'en alla à nouveau. Je me suis assis sur le siège en face du bureau d'Alizea et commençait à lire ce qui était écrit en relief sous la respiration tranquille de la renarde qui dormait paisiblement juste en face. Ainsi donc, les deux suspects qu'elle avait attrapé ont étés envoyés à Azkaban ? Cette nouvelle me donna un frisson. Je ne savais pas à quoi ressemblait cette prison pour sorciers, mais d'après les témoignages, c'était loin d'être gai. Et il me semblait avoir entendu parler que nous autres, ADEM de première année, allions faire une visite là-bas. Je craignais un peu ce que j'allais découvrir...

Je poursuivis la lecture du dossier, découvrant comment la came était fabriquée, toute l'équipe du trafic, leurs méfaits, leurs noms, etc... C'est lorsque je tombais sur le "transporteur" que je me rappela de la voix que j'avais entendu, qui parlait à Ernest Clamp. Sa voix était gutturale, et ne me semblait pas appartenir à un humain. Je me faisais peut-être des idées, mais je ne savais pas pourquoi, mon instinct me soufflait de me méfier de lui. Les autres ne me donnaient pas cette sensation...

Je refermais le dossier et le posa sur le bureau d'Alizea, légèrement troublé. Je me demandais pourquoi elle voulait me faire venir à 8h du matin si le rendez-vous n'avait lieu qu'à 23h aux entrepôts. Soit c'était par-ce qu'il fallait remplir le quota d'heures journaliers pour être payé, soit elle voulait discuter de quelque-chose. Peut-être même les deux. Je regrettais déjà ce que je m'apprêtais à faire, mais le travail m'obligeait de le faire. Je me levais de mon siège et alla jusqu'à celui d'Alizea pour aller la réveiller. Je posa ma main dans sa fourrure et la secoua fébrilement.

- Alizea ? Réveilles-toi... On a du travail qui nous attends...

Lorsque je secoue Alizea sous forme de renarde, je sens son corps pivoter, laissant ma main lui frotter le ventre. En temps normal, si ça avait été une véritable renarde, je lui aurais volontiers caressé. Mais savoir que derrière cette fourrure se cachait une femme -et ma supérieure, de surcroit-, je la retire vivement. Enfin, pas tout à fait, car lorsque j'entends Alizea-renarde se redresser, elle colle son museau contre ma paume. Je ne savais pas vraiment comment interpréter ce geste plus animal qu'humain. Enfin, d'après moi elle me remerciait, mais de quoi ? De l'avoir réveillée ? Possible... Je l'entends alors descendre de son fauteuil et longer son bureau, toujours sous forme animale. Qu'est-ce qu'elle faisait ? J'hausse un sourcil en l'entendant fouiller quelque-chose, me demandant pourquoi elle ne reprenait pas forme humaine. Elle semble avoir trouvé ce qu'elle cherchait, puisqu'elle le trimballe dans un cliquetis et finit par reprendre une odeur humaine.

- Bonjour, Damien, me dit-elle d'une voix encore somnolante. Merci de m'avoir réveillée. J'ai un petit quelque chose pour toi.

Elle pose sa main sur mon épaule, et semble me tendre quelque-chose, que je saisis avec hésitation. Je suis surpris lorsque je sens du cuir sous mes doigt. Des sangles ? Un harnais ? Euh... Elle comptait m'embarquer dans une relation sado-masochiste ou je sais pas quoi ? Par-ce que si c'était ça, je refusais net tout court ! Supérieure ou pas !

- C'est drôlement pratique pour les missions et ça évite de se faire repérer, vu qu'avec ça ta baguette est cachée sous tes vêtements. Je ne sais pas vraiment de quoi se servent les Aurors, mais celui-là c'est mon cousin George qui me l'a fabriqué. Il y a un système dans la sangle qui fait que si tu dis "Saperlipopette" ça envoie un système d'alarme directement au bureau de la Justice Magique. C'est pratique parce qu'ils ont une permanence de jour comme de nuit donc ils peuvent envoyer quelqu'un à ta recherche immédiatement. Ça permet de te tracer et de te retrouver rapidement si tu es vraiment mal en point. Par contre, ne me demande pas comment ça fonctionne, je n'en ai pas la moindre idée.

Aaaaaaaah ! Ça me rassurait, dans un sens, et je crois que ça s'est vu lorsque j'ai lâché un soupir de soulagement, me rendant compte que j'avais cessé de respirer tout le long de sa tirade. Alors comme ça, c'était juste pour faire tenir sa baguette sur soi... Un peu comme à la manière d'un revolver d'un film de Far West ! La classe ! Je crois qu'elle me l'avait donné pour éviter que se reproduise le genre d'incidents que j'avais subi hier... Pourquoi pas, après tout ? Je tentai de démêler le début de la fin en le tournant dans tout les sens, mais rien à faire : Je ne comprenais absolument rien à comment on faisait pour se le mettre dessus ! Comme quoi, loup-garou ou pas, je gardais toujours un certain handicap. Néanmoins je n'abandonne pas. Et Alizea en profite :

- Flamby ?
- Bonjour, Miss. Ravie de voir que vous êtes réveillée., dit l'elfe en apparaissant d'un seul coup.
- Bonjour à toi aussi. Est-ce que tu voudrais bien aller me trouver un petit quelque chose en cuisine s'il te plaît ?
- Miss a-t-elle de nouveau sauté un ou des repas ? Flamby lui a déjà dit cent fois de prendre mieux soin d'elle. Manger et dormir sont essentiels pour la santé.
- Oui, je sais. Je vais essayer de faire attention. Ramènes aussi un petit quelque chose pour Damien s'il te plaît, il y a des chances qu'on parte dans la matinée.
- Bien, Miss. A tout de suite.

J'entends le bruit de transplanage d'une oreille, tandis que je tendais l'autre moitié de ma concentration sur le démêlage de cette invention infernale ! Et c'était censé être pratique, ce truc ?! J'avais une bandouillère sur l'épaule, l'autre qui me traversait la poitrine en diagonale et une dernière qui pendait lamentablement sur le côté. Y'avait pas un mode d'emploi en braille pour ce truc ?!

- Tout d'abord, le petit planning de la journée m'annonça-t-elle comme si de rien n'était. Jusqu'à dix ou onze heures, selon ce qui en ressortira, on fera un briefing d'hier et on en profitera pour écrire notre rapport. C'est quelque chose de long et d'exaspérant, mais on est bien obligés. Dès qu'on aura fini de s'en occuper, on ira faire un petit tour aux entrepôts de Bellford. J'ai fait des recherches hier soir et maintenant, il vaudrait mieux qu'on aille fureter un peu par là-bas. Histoire de savoir dans quoi on met les pieds.
- J'approuve..., répondis-je en remontant une bretelle, faisant basculer tout le reste. Par le cri des Nazgûls !
- J'ai aussi retrouvé les trois sorciers qui préparent la drogue et j'ai envoyé le service des Aurors les cueillir pour nous. Saches-le tout de suite, quand il y a ce genre d'intervention à faire, ça tombera probablement sur les bleus. Donc quand tu commenceras officiellement, tes premières missions seront d'aller faire le sale boulot des autres. Heureusement, ça ne durera pas. On reviendra ici pour midi histoire de manger un bout, sans quoi Flamby va finir par me tuer.

Sa petite remarque personnelle me fit rire. Sale boulot ? Aller chopper des mecs ? Je voyais pas en quoi c'était du sale boulot ! A la base, c'était bien pour ça que j'étais devenu Auror. Et puis, autant commencer avec des choses faciles, et augmenter les difficultés petit à petit. Et puis, concernant Flamby, elle avait l'air de prendre soin de sa maitresse, j'approuvais ce genre de relations, plutôt que ces prétentieux qui les traitent comme des esclaves.

- En début d'après midi, on va aller fouiller dans la réserve de mon service, vu que je n'ai pas accès à celle des Aurors. Tu as besoin de matériel. La baguette c'est bien joli, mais il y a certaines choses qui pourraient te sauver la vie si jamais tu en es privé. On n'est jamais trop prudents.

Hum, bonne idée, être un peu plus préparé que la veille ne serait pas de refus, et je n'avais pas vraiment trouvé le temps la veille de préparer mes propres potions. J'approuvai alors d'un hochement de tête, réussissant à faire tomber en entier le harnais de cuir. Bordel de nouilles !

- Je pense qu'après ça, on sera prêts vers quinze heures. Pour ma part j'irai me reposer, toi tu as quartier libre. En général, il vaut mieux être en pleine forme pour une intervention et avoir dormi avant ça t'évite de faire de bêtes erreurs de jugement. On se retrouvera ici à vingt heures pour rencontrer une ou deux personnes qui viendront avec nous, puis préparer le plan avec elles. Normalement, on devrait avoir accès à une ou deux agents de Justice Magique. Vingt et une heure, on se rend sur les lieux, on pose notre petit piège et on attend. Normalement, si tout se passe bien, à minuit tout le monde est chez soi et cette affaire est réglée. Est-ce que tu as des questions ou des suggestions ?
- Oui, une seule !, lançais-je avec entrain.

Je me penche pour ramasser ce fichu harnais diabolique et je lui tends d'une main, l'autre servant à me frotter les cheveux à l'arrière de mon crâne.

- ...J'aimerais vraiment que tu me montre comment ça se met ce truc...

Lizzie éclata de rire à ma remarque. Ouais, bon bah ça va hein... Elle s'empara alors de ma main et la posa sur l'une des boucles du harnais.

- Touches ça. Ça, ce sont les bretelles. Et ça, il te suffit de le mettre dans ton dos.

Elle m'incite à écarter les bras et finit par me passer les bretelles sur les épaules et je finis alors par comprendre comment cet engin de malheur fonctionnait. C'était pas si compliqué que ça au final, mais c'est sur que si moi on me dit rien... Bref, je finis par boucler la dernière sangle, et je joue des bras et me tourne pour tester la souplesse. Rien de bien dérangeant en soi, j'avais la liberté de tout mes mouvements. Parfait ! Je remet alors ma veste en cuir et dépose ma baguette prévue à cet effet. J'essaye de la dégainer très vite, à la manière d'un cow-boy, et je ne rencontre aucune difficulté. Dingue, c't'engin... Difficile à mettre, mais super utile !

- Donc, je te propose un petit débriefing d'hier. C'est utile pour plusieurs choses : déjà, ça permet de vérifier qu'on n'a oublié aucune composante importante pour ce soir -nul n'est parfait- et en plus ça a un rôle formateur pour toi, comme pour moi. On a pas vécu la situation de la même façon et savoir comment quelqu'un d'autre aurait agi peut te permettre d'éviter certaines erreurs à l'avenir. Si ça ne t'ennuie pas, je te propose de commencer, puisque de toute évidence, c'est toi qui as le plus de choses à dire. N'hésites pas à me poser des questions, d'ailleurs. Et je pense que ta tutrice voudra discuter de cette première mission avec toi.

Oh, génial... Confronter Yeon Jin pour toutes les petites "infractions" et bourdes que j'avais commises. Alors que j'avais même pas commencé ma première mission officielle d'Auror. Moi qui pensait que ça allait ajouter un petit bonus à mon parcours, il faut croire que c'était tout l'inverse. Enfer... Je soupire rien qu'en pensant à cette entrevue déjà courue d'avance et prend place sur le siège en face de celui d'Alizea pour commencer mon petit récit d'aventures.

- Bon... J'suppose que je commence à partir du sous-sol... Pour tout dire, j'étais en train de renifler les tonneaux et les bouteilles : Elle contenaient toutes de cette drogue. Toutes ou presque. Et puis au bout d'un moment, quelqu'un est descendu alors je me suis caché. J'ai entendu du bruit, puis plus rien. J'ai cherché à savoir comment l'homme avait disparu, et j'ai finit par trouver le passage secret. Pensant que c'était un suspect, je l'ai pisté. Son odeur m'a conduit jusqu'à une genre de cellule, avec des murs en pierre et une porte enchantée et protégée.

Je prends un temps de pause pour me remémorer dans les détails ce qui s'était passé la veille.

- J'ai lancé un Finite contre la barrière magique qui entourait la salle, puis j'ai utilisé un Diffindo contre la paroi qui entourait la porte. Elle est tombée, et j'ai donc pu sortir. J'ai donc suivi à nouveau la piste de l'homme que je traquais, et la suite, tu la connais : Je l'ai surpris en conversation avec un homme, le Transporteur -d'après le dossier-, et ils ont indiqué l'heure et le lieu de rendez-vous aux entrepôts de Bellford. Le Transporteur à transplané, et la seconde d'après, Ernest m'a stupefixé et m'a assommé. Quand je me suis réveillé, je n'avais plus de veste, et donc plus de baguette, et j'avais les poignets enchainés. Le troll des cavernes est apparu et m'a pris en chasse. Je m'en suis sorti en me mettant sur lui, et je lui ai passé les chaines autour du cou pour l'étrangler. Une fois mort, je m'étais éloigné du corps pour éviter sa puanteur, et tu es arrivée. Fin de l'histoire...

En en parlant, je me demandais si la piste que j'avais suivi en entrant dans la caverne n'était pas un genre de leurre magique, ou quelque-chose du genre. Car mon odorat ne m'avait jamais fait défaut -sauf peut-être quand j'avais un rhume, peut-être-, et l'odeur s'était arrêtée pile au seuil de la porte de la cellule. Sinon j'aurais senti qu'il aurait emprunté un autre chemin. Quel fourbe, ce Ernest !

- Voilà voilà... Je crois que c'est à toi maintenant !, lui incitais-je avec le sourire.

- De mon côté, tout a été plutôt... Décevant. Dans la chambre de Jasper, il n'y avait pas grand chose. Quelques petites preuves sans importance, rien de très intéressant. Ensuite, je l'ai emmené dans une ruelle pour qu'il soit à l'abri et j'ai attendu un peu avant de partir à ta recherche. Derrière la taverne, je suis tombée sur Ernest et l'autre type que j'ai maîtrisés. Vu qu'il avait ta veste, j'ai compris qu'il t'était arrivé quelque chose alors je suis entrée pour te chercher. J'ai suivi ta piste jusqu'à la première porte que tu avais faite sauter, puis jusqu'à l'endroit où tu t'es retrouvé aux prises avec Ernest. Lorsque je suis arrivée là, j'ai senti les vibrations dues aux pas du troll. J'ai simplement couru dans cette direction aussi vite que possible. Je suis arrivée un peu tard, mais bon... Je t'avoue que je m'attendais à mieux, mais ils se sont révélés assez désorganisés.

...Une petite minute : Elle est tombée sur Ernest... qui portait ma veste ?! Mais pourquoi ce type portait ma veste, par Merlin ?! Il l'a trouvée "cool" alors il s'est dit qu'il pouvait la prendre, juste comme ça ? Moi qui pensait qu'on me l'avait juste retirée pour me désarmer et aussi m'exposer plus facilement aux coups du troll, j'étais redescendu de mes fantasmes. Ce type avait voulu chourer ma veste ! Je regrettais tout d'un coup de ne pas l'avoir interrogé moi-même. Je crois qu'on avait quelques comptes à régler, lui et moi. Non pas que je tenais particulièrement à ma veste ou quoi que ce soit, mais ça lui apprendrait à voler les affaires des gens !

- Pour ce qui est du début de ton infiltration, tu as fait ce qu'il fallait. vrai gros mauvais point c'est de t'être fait attraper par celui que tu suivais. Est-ce qu'on t'as déjà fait pratiquer un sortilège d'invisibilité ? Lorsque tu es en planque et que tu ne bouges pas du tout, ça t'évite ce genre de désagréments.

Un sortilège d'invisibilité ? Comme le sortilège de désillusion ? Bah... Oui je le connaissais -une certaine Serpentarde de première année pourrait en attester-, mais j'avouais ne pas y avoir vraiment pensé sur le moment. Encore une erreur de débutant que j'aurais pu ne pas faire. Est-ce que j'allais vraiment m'en sortir devant Yeon Jin avec autant d'erreurs ? Pas sur...

Enfin bref. Donc en résumé, Ernest s'était rendu dans le passage secret rien que pour s'entretenir avec le Transporteur ? Meh... Tout ça pour ça. Et dire que ce soir c'était censé être la conclusion de cette enquête. Et connaissant ma veine, qui m'avait démontré ma veille à quelle point elle était présente, ça n'allait pas tourner comme prévu. De toute façon, c'était une embuscade prévue : Et qui dit embuscade dit duels de magie.

- Si, je connais, dis-je pour répondre à la question d'Alizea, mais j'avoue ne pas y avoir pensé sur le moment. J'étais plutôt concentré à écouter leur conversation.

Je roula d'une épaule pour me réajuster une lanière de mon harnais et vérifiais si ma baguette coulissait bien dans son "fourreau". Comme si je m'apprêtais à me battre. Me rendant compte de mon geste, je cesse de bouger et me cale contre le siège.

- Ce n'est rien tu sais. Maintenant que ça t'es arrivé une fois, je penses que tu ne t'y laisseras plus prendre. C'est en faisant une erreur une fois que tu apprends à l'éviter par la suite !

Même si j'étais touché par ses mots, une part de mon esprit ne pouvait s'empêcher de rajouter, quelque-part au fin fond de mes pensées "Sauf que dans ce métier, on ne peut pas apprendre de toutes nos erreurs. Car on serait mort.", mais je me força à écarter cette petite voix pessimiste. Si je commençais déjà à baisser les bras, alors je n'irais pas bien loin. Et Alizea avait raison : j'étais encore en vie, alors je devais en profiter pour apprendre le plus possible de mes erreurs. Mais... Je ne venais de le remarquer que maintenant : J'avais l'impression d'avoir changé. Pas physiquement, ou mentalement, mais quelque-chose de plus... profond. Je n'arrivais pas vraiment à le décrire, mais c'était comme si j'avais découvert la brusque réalité qui me tendait les bras, et que mon corps commençait à changer pour s'y adapter. Était-ce mon imagination ? Je n'en savais rien... Et j'avoue que ça m'inquiétais légèrement.

- Détends-toi un peu ! Ça ne sert à rien de se faire du mouron pour rien, si tôt avant les événements. Il sera toujours temps de t'en faire une fois sur place.

...Une phrase typique qu'il ne fallait pas dire pour tenter de me détendre, car l'effet fut totalement inverse : Mon corps s'était raidit d'un seul coup. C'était comme si on venait de me dire "Ce que tu as fait hier, c'était rien comparé à ce qui t'attends ce soir ! Alors serres les fesses et au boulot !". Encore une fois, je décida de chasser cette pensée qui commençait à s'imposer toute seule dans mon esprit. Il allait falloir que je travaille ça aussi : garder mon calme et mon sang-froid. Je ne voulais pas risquer de mal faire mon boulot sous prétexte d'avoir des pensées négatives. Il n'y avait rien de pire pour me ralentir. Mais tout cela était nouveau pour moi : Jusqu'à l'année dernière, je vivais en toute tranquillité dans un château, parfaitement en sécurité. Et aujourd'hui, j'apprenais que je devrais aller foncer vers le danger en première ligne. Je m'apprêtais à penser "à tête baissée", mais le terme ne serait pas approprié. En tout cas pas pour ce genre de travail.

Plongé dans mes pensées, je ne remarqua pas Alizea qui s'était levé jusqu'à se mettre devant moi, en train de m'aider à repositionner mon harnais. Elle sembla s'arrêter un moment, sans doute pour l'inspecter, puis déclara :

- Il a été taillé pour moi, c'est pour ça que tu es mal à l'aise. Je vais le mettre à ta taille... Et ajouter du rembourrage ici, dit-elle en prenant une bretelle d'une main, sinon ça va te faire mal au bout d'un moment.

Oh, c'était donc ça ? Je croyais que c'était mes sens développés qui me jouaient des tours, alors je n'y avais pas fait trop attention, mais si elle pouvait le régler pour le desserrer, j'avouais que ce ne serait pas du luxe. Je la sentis se pencher pour détailler de plus près une lanière, et je sentis alors l'odeur subtile du bois de sa baguette. Je n'étais pas un spécialiste dans la matière, mais je pencherais pour du pin. Ou peut-être du chêne, ces deux odeurs étaient presque similaires.

- Ne bouges pas, s'il te plaît, j'en ai pour une minute.

Écoutant sa demande, je fis en sorte de bouger le moins possible. Au point même que j'avais ralenti ma respiration inconsciemment. Ce n'était pas que je n'avais pas confiance en Alizea, loin de là après ce qu'on a vécu la veille, mais utiliser de la magie pour "allonger" de la matière aussi près de mon propre torse, j'avais légèrement la trouille que sa baguette dérape. Avec de la chance, ça ne fera que rajouter du tissu à mon T-shirt blanc, mais si jamais ça touchait la peau... Je n'étais pas sur de vouloir l'imaginer. Néanmoins, ce fut réglé en moins de deux.

- Et voilà ! Ça doit être plus agréable, non ? Il faut dire que tu n'as pas vraiment la même carrure que moi...

Je roula de l'épaule deux ou trois fois pour tester la résistance des lanières. Elle était très amoindrie, ce qui était beaucoup plus confortable. Je ne les sentais presque plus, mais juste assez pour que je sache qu'elles ne s'envoleront pas au moindre mouvement brusque. Je fais légèrement coulissé ma baguette dans mon dos -sait-on jamais-, mais elle ne semble pas avoir été accidentellement retouchée. Je pouvais la dégainer sans problème. Je me demandais si je ne pouvais pas le customiser un peu pour y placer un holster au niveau de la hanche droite. Après tout, une arme de poing pouvait être utile, non ? Je savais que ce n'était pas forcément cautionné par le Ministère, mais en cas de danger imminent, un flingue pouvait vous sauver la peau. En tout cas, c'est ce que j'ai appris dans la plupart des films d'actions qui comportent des revolvers. Je vais demander à Alizea tiens.

- Merci, c'est parfait ! Est-ce que par hasard...

Avant que je ne puisse finir ma phrase, j'entendis quelque-chose toquer contre la porte. C'était très faible, mais largement assez pour que je l'entende et que je fasse volte-face. Le coup se répète. Et encore une fois. Qu'est-ce que c'était ? Certainement pas quelqu'un qui frappait à la porte, c'était trop lent et trop faible. Je fais un signe de tête à Alizea pour lui indiquer la porte du bureau. Précautionneusement, je me dirige vers elle, et par sécurité, j'agrippe la poignée de ma baguette. Le coup recommence, et je l'entends beaucoup plus distinctement. On dirait... du papier ?

J'ouvris la porte, et quelque-chose me piqua le nez, me faisant sursauter, avant de se poser sur mon épaule. Mais qu'est-ce que... ? Je m'en empare, et je sens effectivement du papier sous ma main. Un avion en papier, pour être plus précis. Une note de service ? Pour moi ? Pris de curiosité, je l'ouvre fébrilement, et passe mon doigt dessus. Même si je m'en doutais, je fus tout de même surpris que cette note ait été écrite en braille. Au moins, ça confirmait qu'elle m'était adressée. Je la lis du bout des doigts :

Throwback, viens aujourd'hui dans mon bureau pour déposer ton rapport de mission à 15h pile. Aucun retard toléré.
Cha Yeon Jin.

Évidemment. Ça aurait été trop beau qu'elle m'ait oubliée. Mais non, elle n'avait pas raté l'occasion de me sauter à la gorge pour me faire ravaler toutes mes erreurs. Je m'apprêtais à froisser le papier, mais je ne sais pas pourquoi, je me ravisa à l'ultime seconde pour le plier correctement avant de le mettre dans la poche de ma veste. Je reviens vers Alizea pour l'en informer.

- Bon, la séance de torture est prévue pour 15h. Pas de repos pour les guerriers, comme on dit !, dis-je en faignant un soupire, mais un sourire aux lèvres.

Même si dans ma tête, un autre moi était parti se réfugier dans un recoin sombre, tremblant comme une feuille.

Ma petite boutade eu l'effet escompté : Alizea éclata de rire. En fait, sans doute pas uniquement à cause de ma petite blague, mais aussi sans doute à cause de ma prudence démesurée qui m'a fait me méfier d'un bout de papier. Mais son rire fut contagieux et je finit par la rejoindre.

- Eh bien, j'imagine qu'elle est vraiment aussi carrée qu'on le dit. Mais tu ne devrais pas trop te faire de souci au sujet de cette entrevue. Il y a des chances qu'elle soit un peu sévère avec toi, mais... Eh bien, c'est son caractère qui joue beaucoup là-dedans. Pour ce qui est de cette mission, mon rapport à ton sujet sera un plus dans ton dossier. Sans compter que, d'après ce que j'en sais, c'est en se trompant qu'on apprend.

Nous avons fini par nous rassoir à nos places respectives, et j'entendis un long frottement sur le dossier du siège d'Alizea, qui m'indiquait qu'elle s'était affalée dedans. Fatiguée ? Pas étonnant, vu que d'après ce que j'avais compris, elle n'avait pas beaucoup dormi cette nuit. Ça me faisait sentir un peu coupable d'avoir pu me reposer. Mais à y réfléchir, je connaitrais sans doute ça aussi, les nuits blanches au travail pour plancher sur des enquêtes ou des rapports. Je haussais les épaules à cette pensée : La nuit ne m'avait jamais dérangé, étant donné que pour moi, j'étais perpétuellement dans le noir. Au contraire : La nuit est plus tranquille, c'est plus agréable.

- Tâches seulement de ne pas faire d'erreur VRAIMENT graves. Si tu venais à compromettre notre petite opération de ce soir en balançant des étincelles rouges avec ta baguette dès que notre homme arrive, là, tu pourrais avoir des problèmes. Mais dans tout ce que tu as fait, il n'y a que des erreurs minimes, imputables à ton inexpérience sur le terrain. Rassures-toi. Et aies l'air un peu plus fier de ce que tu as fait. Après tout, ce n'est pas le premier pequenot venu qui ferait son affaire à un troll à mains nues.

...Fait son affaire à un troll à mains nues ? Je voyais presque déjà les titres des journaux : "Throwback, terreur des trolls"...

...En fait, ça sonnait pas si mal.

Mais c'est comme ça qu'elle voyait les choses ? Je ne savais pas si c'était par-ce que j'avais vécu l'expérience personnellement, mais je n'avais pas vu les choses sous cet angle. Pour moi... c'était plus une question de survie qu'autre chose. Si je ne lui avais pas fait son compte, je serais actuellement dans son estomac en pièces détachées, en train de se faire digérer. Mais... Maintenant qu'elle en parlait, quelque-chose clochait. Oui, j'avais essayé de le tuer pour survivre... au début. Ma mémoire était un peu floue à partir de là, mais je croyais me souvenir que... mon instinct bestial avait repris le dessus. Exactement comme lorsque je me transforme en loup-garou.
Mon côté prédateur était ressorti naturellement sous le danger de mort, et avait voulu prendre le dessus sur ce troll. Récemment, cela m'était arrivé deux fois : Quand j'ai combattu Jasper, et quand j'ai fui les Acromentules avec Kathleen. Mais cette fois, il y avait quelque-chose de... différent. Les deux dernières fois, c'était un instinct animal qui parlait. Cette fois... C'était comme si cet instinct avait coopéré avec mes connaissances humaines. Étrange... Ce genre de phénomènes était-il déjà arrivé à quelqu'un ? Probablement pas... J'allais encore devoir trouver la réponse par moi-même.

- Comme dit ma cousine Ginny, "Il n'y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent jamais.". Tu auras tout le temps d'y repenser plus tard, mais je peux te promettre que la plupart des Apprentis Aurors ne s'en seraient pas aussi bien sortis. D'ailleurs, ma première mission à moi était bien plus catastrophique que la tienne...

Puis elle se mit à rire franchement.

- Oh oui, c'était vraiment pire, et de très loin !

Un sourire en coin naquit sur mon visage, tandis qu'un de mes sourcils s'était rehaussé tout seul. Cette révélation réveilla ma curiosité qui ne demandait plus qu'à se rassasier. Je me penchais sur la table et posa mon coude dessus pour soutenir mon menton avec ma main gauche, continuant d'arborer ce visage curieux, intéressé et un brin moqueur -juste un brin, je ne voulais pas lui manquer de respect-.

- Ah oui ? Racontes, je suis curieux !

Rien qu'imaginer Alizea, que j'avais vu si méticuleuse, si patiente et si professionnelle en adolescente de mon âge, perdue et en train de faire des gaffes sur le terrain... C'était sans doute ça qui me donnait cette lueur moqueuse sur mon visage. Et Yeon Jin ? Était-elle comme ça aussi à ses débuts ?

...Pourquoi est-ce que je n'arrivais pas à l'imaginer ?

Apparemment, Alizea semblait peser le pour et le contre à cette demande fortuite. C'était si catastrophique que ça ? Étrangement, ça me rendait d'autant plus curieux, et j'avais hâte qu'elle commence à narrer sa petite histoire. Je tendis les deux oreilles.

- D'accord, mais interdit de se moquer. Il ne faut pas oublier que je venais de sortir de Poudlard, que c'était ma première mission sur le terrain et que je ne maîtrisais pas tout à fait ma forme animale. D'ailleurs, je ne savais pas grand-chose de la vraie vie : je suis issue d'une famille riche et influente et jusqu'à ce jour-là, la chose la plus éprouvante que j'avais fait de toute ma vie, c'était de jouer au Quidditch avec mes cousins l'été...

En voilà un début qui était prometteur ! Non pas que je critiquais quoi-que ce soit au Quidditch, ce serait Ste Mangouste qui se moquerait de la charité, mais mon imagination tentait de reconstituer une Alizea de mon âge, et issue d'une famille riche. Étrangement, ce dernier point semblait avoir plus de difficultés à se faufiler dans mon esprit. Je n'aurais jamais pu deviner ça tout seul si elle ne me l'avait pas dit, et ça me surprenait d'autant plus. Elle ne semblait pas très portée sur l'argent, son parfum n'était pas un produit de luxe qui agressait les cloisons nasales, et ses habits semblaient être de textile simple. Conflit parental ? Je gardais cette hypothèse dans un coin de mon esprit, la laissant poursuivre son récit.

Encore était-il que je fis signe de zipper mes lèvres pour lui affirmer que je n'en dirais mot à personne. Et puis c'était bien plus drôle de garder ça pour soi, après tout.

- Comme j'étais une novice, j'étais en binôme avec mon supérieur, Wallace. Il m'a beaucoup appris, mais vu que sa forme animale est... Encombrante... il ne peut pas suivre lorsque ceux que nous cherchons sont trop petits. Il faut dire qu'un ours, c'est difficile à manœuvrer !

Un sourire moqueur s'étira au vu de son choix de vocabulaire. "Manœuvrer" ? Elle en parlait comme si elle devait lui faire faire des créneaux sur un parking. Cette image me fit pouffer de rire, mais je tentais de le réprimer. Il ne fallait pas l'interrompre, elle venait à peine de commencer, mais ça semblait déjà prometteur.

- Et comme par hasard, ce jour-là, nous chassions un furet. L'homme avait pris l'habitude de pénétrer dans les maisons par les caves et de cambrioler les plus riches maisons de Godric's Hollow. Comme tu t'en doutes, sous sa forme Wallace aurait semé la panique en ville, il me suivait donc à pieds pendant que je pistais la cible. Mais notre homme était rusé et il a profité de sa petite taille pour se faufiler sous un portail moldu. Je n'ai pas réfléchi à ce que je faisais et je l'ai suivi, laissant Wallace seul devant la grille de métal. Il ne pouvait bien sûr pas l'ouvrir par magie, puisqu'il y avait beaucoup de moldus dans les environs, en pleine journée. C'est là que j'ai fait ma première erreur : au lieu de faire attention à mon coéquipier, j'ai foncé tête baissée après le furet. Du coup, lorsqu'il est ressorti un peu plus loin, j'étais seule dans un endroit inconnu. Et je n'avais pas la moindre idée de la façon dont il fallait s'y prendre si jamais je réussissais à l'attraper...

Étrange comme cette partie du récit me semblait similaire à ma propre expérience : Avoir foncé tête baissée à la poursuite du suspect dans la cave à vin sans même avoir prévenu Alizea ou quoi que ce soit. Comme quoi, ce devait être une erreur de débutant assez courant. Ou alors nous étions deux imbéciles au sang chaud. Au choix.

- Rien que pour ça, Wallace m'a condamnée à nettoyer toute notre aile du ministère. Sans magie, uniquement munie de seaux d'eau, de savon et de gants en plastique rose... Ça m'a pris deux jours. Mais encore, si c'était tout, ça n'aurait pas été si terrible. Sauf que ça a continué... Sans même penser à signaler ma position à Wallace une fois sortie de la propriété moldue, j'ai poursuivi la chasse. Le furet a fini par m'entraîner en périphérie du village, dans les fermes. Il est passé par un petit trou sous une clôture et j'ai fait de même... Sauf que le passage en question débouchait dans un poulailler. As-tu la moindre idée de la réaction d'un renard lâché là dedans ?

Un autre éclat de rire s'échappa de ma gorge que je m’efforçais de contenir sans grands succès. Un peu que je pouvais m'imaginer, et la scène que je m'imaginais dans mon esprit était très convaincante : une horde de poules fixant un intrus canidé qui s'était immobilisé en se rendant compte de sa situation actuelle. Hé hé... Mais étrangement, une part de ma mémoire effaça cette image pour la remplacer par un souvenir... plus sombre. Les réminiscences d'une certaine nuit dont je n'arrivais pas à me rappeler pleinement. Comme si c'était le souvenir vague d'une rêve. Je n'arrivais même pas à faire le rapprochement entre les deux, mais mon subconscient semblait s'amuser dans un recoin de ma tête.

- Eh bien, je l'ignorais aussi jusque là, mais pas le furet, de toute évidence. Je l'ai complètement oublié et il a pu s'enfuir sans aucun problème, vu que j'ai soudainement été fascinée par les volailles... J'ai repris mes esprits au moment où le chien de la ferme m'a repérée. Je pense que j'ai bien dû chasser les cocottes pendant une vingtaine de minutes avant qu'il ne s'aperçoive de ma présence. Après ça, j'ai essayé de m'enfuir, mais autant te dire que le molosse était bien plus rapide que moi. Il m'a forcée à m'enfuir dans les champs et je n'ai réussi à m'en débarrasser que lorsque j'ai eu l'idée de me cacher dans un terrier. Il aurait été bien plus simple de reprendre ma forme humaine, mais si un moldu m'avait vue ?

Effectivement, la situation aurait été délicate...

- Le pire, c'est que quand j'ai essayé de sortir du terrier, je me suis retrouvée nez à nez avec un gros blaireau. J'avais bien senti son odeur dans le tunnel, mais j'espérais l'éviter... Finalement, j'ai dû me battre avec lui pour sortir. Heureusement, je ne me suis pas transformée dans sa tanière, j'aurais fini ensevelie sous des tonnes de terre. J'en suis ressortie avec de belles estafilades. Quand j'ai réussi à transplaner là où j'avais laissé Wallace, je me suis faite incendier. Non seulement j'avais laissé filer l'homme, mais en plus j'avais accumulé les erreurs... Et je me suis pris une bonne correction par un animal sauvage. Comparé à ta maîtrise des trolls, franchement... Au moins, toi, tu n'es pas revenu les mains vides !

...Certes...  Tout d'un coup je révisais mon jugement que je trouvais étrangement excessif à côté de ce qu'elle venait de me raconter, et je comprenais alors son point de vue. Cela dit, m'en serais-je aussi bien sorti si tout cela se serait passé aux côtés de Yeon Jin ? Je craignais le pire, avec cette femme... ou fille, peu importe. J'étais presque sur qu'elle serait tout à fait capable de m'envoyer ranger les archives en guise de punition ou quelque-chose du genre, et débrouilles toi Gertrude. Sachant que de toute façon, cette histoire lui parviendra aux oreilles dans quelques heures de ma proche bouche... J'avais intérêt à choisir mes mots avec soin si je ne voulais pas avoir un stage de découverte dans une cellule d'Azkaban. Un frisson me parcouru l'échine que je réprima immédiatement.

- Hmm. Je comprends mieux ce que tu voulais dire par "erreurs minimes, imputables à mon inexpérience sur le terrain". Et tu as raison, c'est comme ça que je saurais les éviter la prochaine fois, affirmais-je avec un large sourire.

Il n'empêche qu'il allait falloir que je me prépare un peu plus pour mes prochaines missions en conséquence. Une arme... Une arme autre que ma baguette. Je me rendis compte alors que cela faisait deux fois en moins d'une heure que j'y pensais. Et plus j'y pensais, et plus l'idée me semblait tentante. Ça contrevenait sans doute à pas mal de règles, mais... J'en ressentais de plus en plus le besoin après m'être retrouvé autant sans défense face à un trois-tonnes aux muscles d'acier. Mais il n'y avait pas que ça... Quelque-chose de plus profond me serrait le cœur, comme si je me rendais compte qu'il y avait un manque, un trou en moi qui se creusait de plus en plus, et que mon instinct me réclamait avant qu'il ne soit trop tard. Je ne comprenais pas vraiment d'où cela pouvait provenir, aussi décidais-je de l'ignorer. Je ne voulais pas m'attirer d'ennuis. Et surtout pas aussi vite.

Un changement brusque de température contre ma joue, reflet d'un rayon de soleil qui traversait une fenêtre venant de se faire masquer par un nuage.

- Excuses-moi Alizea, mais tu peux m'indiquer l'heure, s'il te plait ? Je ne voudrais pas manquer mes "chaleureuses et non-violentes retrouvailles" avec ma tutrice, ironisais-je en agitant les deux doigts devant moi. Même si j'appréciais grandement nôtre conversation actuelle, je tiens à le préciser !

- Je ne peux que te comprendre. Elle n'est pas vraiment très commode... Et pour répondre à ta question, il est 14h45, à ta place je filerai tout de suite. Je ne suis pas convaincue qu'elle soit très réceptive si tu arrives en retard... Reviens ici quand tu auras terminé avec elle... Et essayes de jouer sur le fait que tu pourrais te rattraper ce soir, afin qu'elle te laisse la bride sur le cou. Ce serait dommage qu'elle te retire de l'affaire maintenant.

Effectivement, c'était un bon argument, mais j'avais déjà en tête de l'expliquer avant même qu'elle ne m'en parle. Pour rien au monde je ne voulais rester sur un "échec". Je tenais à poursuivre l'enquête jusqu'au bout. Et cela impliquait une embuscade dans le cas présent, c'est-à-dire de l'action. Le domaine dans lequel j’excelle le plus, en voyant mes résultats aux exercices de combats et de duels, ainsi que mes notes à Poudlard en DCFM. Il était hors de question qu'on me mette sur le banc alors que j'allais pouvoir enfin montrer de quoi j'étais réellement capable ! Je remercia alors Alizea, et sortit du bureau pour me rendre dans celui de Yeon Jin, la gorge nouée.

Je traversais les couloirs du Ministère, moins bondés que la veille étant donné l'heure, et je retrouva le chemin plus facilement que ce que je pensais. Je commençais à m'habituer aux lieux, il faut croire. Pendant que je marchais, je réfléchissais sur la situation. J'avais envie de poursuivre l'enquête... Vraiment. Et cela confirmait bel et bien que la voie que j'avais choisit était celle qui convenait, que je ne m'étais pas trompé. Mes capacités naturelles s'adaptaient à mes motivations, et cela faisait plaisir. Tout le monde n'avait pas cette chance, dans la vie... Que serais-je devenu si mon père n'était pas mort ? Si il n'y avait pas eu cet incident qui m'avait poussé à devenir Auror ? Probablement joueur de Quidditch, étant donné mes prédispositions au balai. Ou alors je serais peut-être quand même devenu Auror. Mais en voyant le service où travaillait Alizea, je me disais que j'aurais bien aimé pouvoir y travailler si je n'avais pas été un animagus à la place d'un loup-garou. Le travail y était très intéressant, et l'équipe semblait amicale et soudée. Loin de cette mentalité individualiste des Aurors. Mais aujourd'hui, j'étais là, tel quel, et ma voie était celle de l'Auror. Et je l'acceptais entièrement, peu importais le prix à payer.

C'est sur cette pensée que ce terminait mon voyage, me tenant désormais devant la porte du bureau de Yeon Jin. Mes muscles s'étaient tendus, et ma respiration plus forte. J'inspirais un grand coup, et frappa à la porte d'une main ferme.

- Entrez, claqua la voix de Yeon Jin.

Je tourna la poignée en ivoire de sa porte, et l'ouvrit.

- Bonjour, lançais-je fébrilement.
- Tu es en avance, Throwback.
- Euh... Je peux passer plus tard si vous voulez.
- Non, c'est très bien. Assieds-toi.

Cette dernière phrase ressemblait à un ordre plutôt qu'à une formule de politesse, aussi je ne me fit pas prier. Je referma la porte derrière moi et m'installa sur le siège qui se tenait en face du bureau de Yeon Jin. Elle ferma un dossier -je le devinait au bruit du papier- et le repoussa pour avoir toute mon attention.

- Je t'écoute.

J'inspirais à nouveau un grand coup, et lui raconta tout. Mon entretien avec Alizea, nôtre arrivée à la taverne du Chien Fou -en omettant la présence de Jasper, comme je l'avais promis à Alizea-, mon escapade dans les souterrains, ma capture et mon évasion, la conversation des deux individus et ma bataille contre le troll des cavernes et les informations que nous avions récoltés. Elle écouta tout mon récit sans m'interrompre une seule fois, se contentant de lancer des "hum hum" de temps à autre. Ce silence était légèrement perturbant, mais cela prouvait bien qu'elle écoutait ce que je disais. Cela me rassurait, dans un sens. Lorsque j’eus terminé, je l'entendis se caler contre le dossier de son fauteuil, et croiser les bras.

- Qu'est-ce que tu as appris de tout ça ?
- ...Hein ?, demandais-je, confus.
- Ton expérience. Tes erreurs. Qu'est-ce qu'elles t'ont appris ?

Je haussa malgré moi un sourcil, puis je le mit à réfléchir. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me pose ce genre de questions. Je n'y avais même pas réfléchis. Tout du moins, pas directement. Je considéra alors cette question, et repassa une nouvelle fois toute l'enquête dans mon esprit pour savoir ce qu'elle avait bien pu m'apprendre.

- Que je dois faire preuve de vigilance constante, et... et peut-être dois-je aussi apprendre à faire plus confiance à mes coéquipiers, et travailler en équipe pour être plus efficace.
- Peut-être ?, demanda-t-elle, calmement sans même se montrer menaçante.
- Euh... Non, c'est sûr !

Je l'entendis alors hocher la tête et se pencher plus en avant. Elle resta silencieuse quelques secondes. Des secondes interminables, dans lequel toutes sortes de pensées d'anticipation défilaient dans mon esprit, toutes plus inquiétantes les unes que les autres. Elle finit alors par prendre la parole.

- Tu as fait du bon boulot, Damien. Tu as fait des erreurs, certes, mais pour ta première mission, tu t'es bien débrouillé.

J'en restais abasourdi. Ses mots résonnaient dans ma tête comme un son de cloche. Je n'en revenais pas : Yeon Jin... m'avait fait un compliment ? Ca semblait si... irréel. J'en étais même venu à me pincer discrètement la jambe pour savoir si ce n'était pas un rêve. Ma jambe me fit mal.

Par les caleçons léopards de Merlin... C'était réel !

- Euh... Merci, lançais-je, toujours confus.
- Tu peux retourner voir Prewett. Vous avez une enquête à terminer, il me semble.

J’acquiesçais d'un hochement de tête et me leva d'un bond en la remerciant. Je commençais à me diriger vers la sortie, mais lorsque ma main se posait sur la poignée, Yeon Jin m'interrompit dans mon geste.

- Au fait...

Je me retournais vers elle, curieux.

- Bien joué, pour le troll des cavernes. Tout le monde n'est pas capable d'un tel exploit.

Encore une fois, je fut prit de court. Deux compliments, en moins d'une heure ?! Elle devait être dans un beau jour, je ne voyais pas d'autres options. J'en profita alors pour la remercier à nouveau et quitta son bureau. Je mis quelques secondes à décoller ma main de la poignée de la porte, et réaliser ce qui venait d'arriver. Lorsque je reprit mes esprits, je me dirigea vers le bureau d'Alizea.

Une fois arrivé à sa porte, je toqua et prit la peine d'entrer sans attendre de réponse. Je me sentais plus à l'aise avec elle qu'avec ma tutrice, et je ne pense pas qu'elle m'en voudrait pour si peu.

- J'ai terminé mon rapport avec Yeon Jin, l'informais-je.

Ce n'est qu'à ce moment-là que je me rendis compte d'une chose. Une chose que je n'avais absolument pas remarqué sur le moment, et qui termina de me convaincre que Yeon Jin n'était pas dans son état normal :

Elle m'avait appelée "Damien" ?!

Lorsque je rentrais, je sentais une légère odeur de nourriture qui planait dans l'atmosphère, ce qui me rappelait que je n'avais pas encore mangé. Bah, un repas de plus ou de moins, ça ne faisait pas grande différence. Ou alors au pire j'irais m'acheter à manger avant ce soir vite fait, comme un sandwich ou quelque-chose du genre. Mais là n'était pas vraiment le problème, actuellement. J'étais encore en état de choc après ce que je venais d'entendre. Malgré toutes les possibilités possibles et inimaginables que j'avais échafaudé par anticipation dans ma tête, j'étais loin de m'imaginer que Yeon Jin allait me fournir CELLE-LA ! "Du bon boulot" ?! "Bien joué" ?! Jamais je ne l'aurais crue capable de prononcer ces mots, et encore moins à la suite !

- Ça va Damien ? Il y a un problème ?
- Hein ? Oh, euh... Non. Enfin, si... Euh non ! C'juste que... hum..., bredouillais-je.

Je finis par me racler la gorge pour me forcer au silence, évitant de m'étendre dans le ridicule plus longtemps. Ouep, y'avait pas a dire, j'étais paumé ! Ou alors... Yeon Jin était possédée ! C'était la seule explication possible que je trouvais pour expliquer un comportement aussi... Euh... Attendez, c'est quoi le contraire de "sévère" déjà ? Je sais plus... M'enfin bref, vous m'avez compris ! Je tentais donc de reprendre mes esprits, préférant me concentrer sur la marche à venir pour résoudre l'enquête plutôt que de divaguer comme un fou sur quelque-chose qui, au final, ne m'avait fait aucun mal...

N'empêche que ces mots résonnaient toujours dans ma tête comme un écho inlassable. "Qu'est-ce que tu as appris de tout ça ?". Cette question s'encrait dans mon esprit.

- Rien. Ça s'est... bien passé. Même... trop bien passé. C'est ça qui... me surprend un peu.

C'était un euphémisme, bien évidemment. Mais bon, trêves de divagations, concentrons-nous sur la mission ! Pour tenter de retrouver mes esprits, je tapissais un bref résumé des derniers événements dans ma tête pour être sur que rien ne m'échappait -et surtout pour tout remettre en ordre-. Donc, pour résumer : Nous sommes arrivés sur les lieux, Jasper avait fait des blessés car il avait été drogué. On l'a neutralisé, Alizea a enquêté sur les lieux pour découvrir des indices qui au final n'ont pas étés très concluants d'après ses dires, pendant que je traquais cet individu-piège dans les sous-sols. La suite n'était qu'un concours de circonstances qui n'avaient rien à voir avec l'enquête, même si la conversation entre cet Ernest et le "transporteur" me laissait rien présager de bon. Mon instinct me le murmurait à l'oreille.

Désormais, nôtre mission était d'investir les entrepôts de Bellford et de préparer le terrain pour tendre une embuscade à ces trafiquants et en finir une bonne fois pour toute. Cette enquête n'aura donc duré que deux jours ? Hm... D'un côté cela me permettait de ne pas trop louper de cours, ce qui m'arrangeait -même si je préférais ce genre de travaux pratiques, de loin-, mais d'un autre côté... Est-ce que ça ne prouvait pas une certaine sorte d'efficacité de nôtre part, à Alizea et moi ? J'avais du mal à le réaliser, mais ma collègue me l'avait assez dit et répété pour que je comprenne que j'avais joué mon rôle dans cette enquête. C'est donc grâce à nous si cette enquête allait se terminer aussi vite... J'avais du mal à réaliser, mais cela remontait mon moral et mon égo à un niveau convenable.

- Bon... Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?, demandais-je en arborant un sourire désormais plus serein, prêt à en découdre !

- On va commencer par refaire nos stocks de matériel avant de s'équiper et de partir en reconnaissance, me répondit-elle, très professionnelle. Déjà, je vais te montrer un peu ce que j'utilise en mission. Prends-en de la graine.

Une esquisse de sourire narquois se dessinait sur mes lèvres après cette petite remarque. Effectivement, je comptais en "prendre de la graine" comme aimait si souvent dire Liz quand elle tentait de me montrer comment se débrouiller avec les plantes lors de nos années à Poudlard. Étant probablement l'un des seuls domaines où elle pouvait m'apprendre des choses, elle n'hésitait pas à le sortir dès qu'elle le pouvait. Je l'entendis alors déballer quelques objets, les disposant sur la table, et elle commença à me les présenter à voix haute.

- En général, le polynectar est toujours une bonne idée en mission. Si tu te retrouves dans le pétrin, ça peut te sauver la peau. Potion de régénération sanguine et pouss'os, à la fois utile pour toi et si jamais tu trouves une victime en cours de mission.  Ne le dis à personne, mais j'ai aussi une fiole de poison, et une d'antidote. Même si on préfère toujours neutraliser les cibles plutôt que de les tuer, parfois... Nous n'avons pas le choix. Je t'ai parlé de ma première mission en duo, mais... Dans ma première mission en solo, j'ai été obligée de comprendre ça. C'était eux, ou moi. Prépares-toi tout de suite à cette possibilité. J'ai eu du mal à m'en remettre, alors...

Je l'écoutais avec attention, sans l'interrompre une seule fois, prenant mentalement note dans un recoin de mon esprit pour pouvoir le ressortir plus tard. Mais concernant sa remarque finale, je le savais déjà bien avant qu'elle ne me le dise. Je l'ai su à la seconde même où je me suis rendu compte qu'en empruntant cette voie, cela impliquerait de me confronter à nouveaux à des individus comme ceux qui avaient tués mon père. Autant dire que je l'ai appris très tôt. Et cela se confirmait d'autant plus lorsque je devenais un loup-garou. Cette instinct animal qui nous soufflait à chaque seconde de nôtre existence la plus grande des lois de la nature : Tuer, ou être tué. C'était encré dans l'instinct des animaux, peu importait lequel. Car telle était la loi universelle qui régissait ce monde. De ce côté là, elle ne m'apprenait rien de nouveau, et j'y étais préparé depuis bien longtemps. Sans quoi je serais mort la veille face à ce troll.

- Ceci porte le nom de billes d'incinération. Certains des membres des groupes d'interventions les reçoivent de la part du département des mystères. Nous nous en serons pour... Eliminer les preuves. On met ce que l'on veut faire disparaître dans un protego et on jette la bille à l'intérieur. Cela fonctionne aussi bien avec des objets qu'avec... Des corps... Bien sûr, il faut justifier par un rapport de toute utilisation de ces billes. Je m'en sers par exemple lorsqu'une mission tourne très mal et que mon adversaire finit dans un état... Déplorable. C'est assez rare, mais lorsque cela arrive, ça évite de semer la peur dans la population. Tu comprends ?

Mes yeux s'écarquillèrent devant une telle révélation, et une sueur froide me parcourut tout le long de l'échine jusqu'à la racine de mes cheveux. Ça par contre... Je ne m'y attendais pas. C'était logique, dans un sens et dit de cette manière, mais cette vérité était loin de me traverser l'esprit. Nettoyer les corps... Mais ce qui me faisait d'autant plus peur, c'était comment elles fonctionnaient : Les lancer dans un Protego ? Cela voulait donc dire que ces billes... passaient à travers le Charme du Bouclier ? Était-ce vraiment possible ? Si c'était le cas... C'était bien plus qu'un incinérateur portatif, mais une véritable arme anti-sorcier ! Un mage noir pouvait très bien les convertir en balles pour arme à feu, et s'en servir contre les sorciers. Ou même un sorcier qui les feraient voler avec un Waddiwasi, le résultat serait le même. C'était peut-être une version pessimiste de voir les choses, mais un Auror de légende du nom de Maugrey Fol'Œil, que j'admirais beaucoup, a dit un jour "Le véritable travail d'un Auror est de penser comme un mage noir". Il avait raison. Si cette idée pouvait parvenir jusqu'à un adolescent de 18 ans comme moi, elle n'aurait pas de mal à se frayer un chemin jusqu'à l'esprit vil et tordu d'un mage noir. Si cette bille venait à être découverte par eux -si ce n'était pas déjà le cas-, les sorciers auraient du souci à se faire. Cette idée me tira une grimace d'anticipation. Je devrais utiliser ces billes avec une extrême précaution et discrétion, si je venais à les utiliser.

Alizea ne semblait pas s'en rendre compte. Ou alors elle ne le laissait pas paraitre. Je l'entendis croiser les jambes.

- Veux-tu que nous allions ensemble dans l'armurerie de mon service, afin de voir comment cela fonctionne ? Sinon, tu peux aller manger quelque chose. Je suis sûre que Flamby serait ravie de te servir.

Je secouais lentement la tête en signe de négation.

- Je mangerais plus tard. On à une enquête à boucler, et plus vite on sera sur les lieux, plus on aura de temps pour monter une stratégie.

Je ne voulais pas paraitre sec ou quoi que ce soit, mais je pensais ce que je disais. Je voulais terminer cette enquête, et surtout je voulais la terminer correctement. J'ai pu éviter les foudres de Yeon Jin par Merlin-ne-sait-quel-miracle, je n'allais pas retenter ma chance là dessus juste par-ce que je me montrais un peu trop à l'aise. Je serais ravi de goûter la cuisine de Flamby, qui m'avait l'air fort sympathique.

Mais une autre fois.

Alizea ne répondit pas à ma remarque, et se leva sans un mot pour sortir de son bureau. Je lui emboitais le pas, supposant qu'elle nous emmenait à son armurerie. Est-ce que je l'avais vexé ? Pourtant je n'avais pas critiqué la cuisine de Flamby, que je n'avais pas gouté au passage. Alors quoi ? Est-ce que... Est-ce qu'elle était vexé par-ce que ma remarque avait sonné comme un ordre, ou quelque-chose du genre ? Non, ça n'était pas le genre d'Alizea... Enfin c'est ce que je pensais, mais après tout, je ne la connaissais pas autant que ça, nous nous étions à peine rencontrés la veille. Je ne poursuivit donc pas mes élucubrations et suivait ma collègue en silence. Elle s'arrêta alors au bout d'une petite minute.

- La plupart des armureries sont spécifiques aux secteurs dont elles dépendent. Chez nous, tu ne trouveras pas grand-chose pour réellement s'équiper au combat. Dans celles des Aurors -j'y suis allée une fois-, il y a bien plus de matériel. Nous ne sommes que trois dans mon service donc nous sommes fournis en conséquence. Pour la petite information, chaque pièce est défendue par un système magique particulier qui ne laisse le passage qu'aux personnes autorisée. Nous pouvons nous faire accompagner, à condition de l'énoncer clairement avant d'entrer. Poses ta main sur le battant.

Je l'entendis poser sa main sur la porte, et écoutant donc sa demande, je fis de même. Sa voix était la même que d'habitude. Elle ne semblait pas m'en vouloir. Bon, j'avais sans doute mal compris son silence. Je l'entendis donc psalmodier :

- Moi, Alizea, Alea, Ariana Prewett, demande l'ouverture de l'armurerie du service Animagus, pour mon bénéfice et celui de Damien Throwback ici présent.

Oh, un sortilège de protection qui demandait une phrase pour déverrouiller la porte ? Cela ressemblait vaguement aux tableaux qui protégeaient les dortoirs de chaque maisons. Sauf que le mot de passe était un peu moins... farfelu. Et encore, j'avais de la chance d'être tombé à Poufsouffle ! Si j'avais dû répondre à une énigme à chaque fois que je voulais rentrer dans mon dortoir, j'aurais passé la plupart de mes nuits dans la forêt ! Pendant cette petite pensée, j'entendais un cliquetis résonner dans mes oreilles, signifiant que la porte s'était ouverte. Alizea l'ouvrit et les gonds grincèrent. Les odeurs qu'elles protégeaient parvinrent jusqu'à moi, et je pouvais sentir essentiellement l'odeur du bois. Sans doute les étagères.

- J'ai demandé à ce que tu sois ajouté à la liste des autorisés, pour le temps de la mission. Profites-en.
- Ah...merci, répondis-je.

Entrer dans une armurerie pour la première fois de ma vie... Voilà qui était excitant ! J'avais hâte de savoir ce qu'elle contenait ! J'entrais alors dans la pièce, et suivait Alizea qui s'était placée devant ce qui devait être des potions, étant donné l'odeur de verre qui régnait dans cette étagère là. Je l'entendais préparer ses affaires de son côté, tandis que pendant ce temps je reniflais quelques potions pour les reconnaitre, tandis qu'elle me disait pendant ce temps :

- Est-ce que tu as besoin de quelque chose de particulier ? On a peut être quelques potions qui pourraient t'intéresser. Mais comme je te l'ai dit, si tu veux du bon matériel, il faut aller chez les Aurors. Question de budget.
- Je m'en doute, répondis-je en refermant une potion et en la reposant à sa juste place. Seulement je n'en ai pas accès en tant qu'ADEM. Je ne pourrais y toucher que sous tutelle, c'est-à-dire en présence de Yeon Jin, ou bien sous autorisation exceptionnelle.

Pendant ce temps, je reniflais une autre potion que j'avais attrapé. Ah, celle-ci était une Potion Oculus. Un sourire narquois s'étira sur mes lèvres, et je la reposais. Je continuais donc mon petit manège avec la plupart des potions, reconnaissant la quasi-totalité d'entre elles. Une fois ma petite inspection terminée, je ne sélectionna qu'une poignée de potions : Deux Philtres de Confusion, une Potion d'Enflure, une Solution de Force, de l'Essence de Dictame et du Polynectar. Cela me semblait les plus utiles pour ce qui nous attendait là-bas. Je rangeais le tout dans les différentes poches de ma veste, n'ayant aucun sac ni quoi que ce soit d'autre pour les stocker. Il faudrait que je trouve ça à mettre sur mon nouveau harnais, tiens. Avec un sortilège pour augmenter sa taille à l'intérieur, ce sera parfait. Je me tournais alors vers Alizea.

- J'ai tout ce qu'il faut. Je suis prêt.

hrp:

- Moi aussi, tu as un timing parfait ! Dans ce cas... Partons en reconnaissance.

Mon échine fut parcouru par un étrange frisson. Un mélange d'excitation et... d'anxiété. Ce frisson commençait à être courant en ce moment avec cette mission. J'avais hâte de poursuivre cette enquête, et de pouvoir passer à l'action, mais... Cela signifiait également risquer sa vie sur le terrain. Enfin, vu les circonstances, on ne risquait pas grand chose, mais il suffisait d'un rien pour que la situation change et tourne à nôtre désavantage. Il allait falloir rester prudent et sur ses gardes. Je sentis alors la main d'Alizea saisir mon bras, ce qui me fit légèrement sursauter.

- Est-ce que ça ira si on transplane ? Je ne t'ai même pas demandé si ça te convenait.

Ah. Le transplanage... Je ne croyais pas avoir déjà été transplané par quelqu'un d'autre, mais ça ne devait pas être bien différent que lorsque l'on est seul. A la seul différence que ce n'était pas moi qui "conduisais". Et comme je m'étais à peu près habitué à la sensation, cela ne devrait pas trop me poser de problèmes. Encore que... M'enfin bref, au pire j'aurais largement le temps de laisser les nausées passer si j'en avais. Je secouais la tête.

- Ça devrait aller. Du moment que c'est pas moi qui conduis, disais-je en ironisant.

Elle approuva alors d'un hochement de tête et soudainement, je sentis comme un soudain vertige qui dura une petite seconde avant qu'il ne s'arrête. Enfin, s'arrêter était un grand mot, mais cela voulait dire en gros que nous étions arrivés à destination. Ma tête continuait de tourner un peu, mais ce fut moins grave que je ne l'aurais pensé. Ça finira par passer au bout de quelques secondes. J'en profitais alors pour humer l'air des alentours. La chaleur du soleil contre ma peau se faisait plutôt faible, et l'atmosphère était légèrement teinté d'humidité. Il allait sans doute pleuvoir d'ici une heure ou deux. Ça ne nous arrangeait pas. J'en fis part à Alizea, et commença alors à inspecter les environs tandis qu'elle appelait les renforts à l'aide son patronus. L'odeur métallique des containers était presque omniprésente. Normal, pour des entrepôts. Je passais alors ma main dessus, et une idée me traversa alors l'esprit. Je toquais contre la paroi métallique, et comme je le pensais, les vibrations émises par le container put me donner son exacte dimension. Je profitais alors que personne d'autre à part Alizea ne soit là pour mettre mon idée à exécution : Je serrai mon poing droit, et l'envoya contre le mur de fer. Immédiatement, un grand fracas résonna dans les environs. Mon but n'était pas de faire du bruit, mais de ressentir les vibrations des environs. Et ça avait marché : D'un seul coup de poing, j'avais désormais réussi à entrevoir le moindre des containers extérieurs, et même voir qu'un bâtiment se trouvait non-loin de là. Les gigantesques boites métalliques formaient un genre de labyrinthe rectiligne assez complexe. Un environnement parfait pour tendre une embuscade. Alizea me demanda ce que j'étais en train de faire, et je lui expliqua la situation. Elle semblait perplexe au vu de la méthode employée, mais elle me cru. Néanmoins, elle dû tout de même inspecter les environs, devant voir de ses propres yeux les lieux. Je ne lui en voulais pas vraiment.

Ayant mémorisé les lieux, je dû attendre l'arrivée des renforts pour les guider à leur arrivée. Ils arrivèrent au bout d'une dizaine de minutes. Et ils étaient cinq. Quatre hommes et une femme. Tous se présentèrent uns à uns, mais j'en n'en reconnu aucun. Ce ne fut que lorsque le dernier prit la parole que quelque-chose tilta dans mon esprit.

- Ravi de te revoir, mon garçon.

Cette voix... Elle m'était familière. Je l'avais déjà entendue, et il y avait peu de temps... Ce ne fut qu'en me remémorant la veille, en même temps que je sentis sa poignée de main, que je me rappelai de qui il s'agissait :

- Mr Melroth ?! Qu'est-ce que vous faites là ? Je pensais que vous aviez été mis à pied ?
- Effectivement. La journée d'hier avait été largement suffisante ! Il est temps de reprendre du service !

Sa voix était étonnement sûre par rapport à celle de la veille. Il était prêt à en découdre, c'était une certitude. Sa peur s'en était allée. Et je sentais, quelque-part au fond de moi, qu'il voulait également faire payer les gens qui étaient responsables de tout ce bazar. Je hochais alors la tête, et je les menèrent jusqu'à Alizea à l'aide de mon odorat. Ils firent alors à nouveau les présentations, et ma collègue leur présenta la situation, et le plan à venir. Elle avait prit les commandes de la mission, et cela m'impressionnait. D'autant plus qu'un jour, lorsque je serais un Auror, il allait falloir que je fasse de même. Je ne m'en sentais pas du tout capable. Commander d'autres personnes... Ça n'était pas ma tasse de thé.

Le temps passa, les positions furent définies, et l'heure fatidique approchait. J'avais été placé en hauteur, sur l'un des containers que j'avais accédé à l'aide d'un Acenscio, et je me tenais à plat ventre, humant l'air en guettant leur arrivée. Mon cœur accélérait son rythme au fur et à mesure des minutes, et je me forçais à contrôler ma respiration pour l'empêcher d'exploser. Mes mains tremblaient imperceptiblement, et mes sens étaient aux aguets.

Remarquable !!!: