Un monocle loupe doré fixé sur son oeil droit, la tête penchée et le nez à quelques millimètres au dessus d'un vieux parchemin recouvert de pattes de mouches, Lydia était plongée dans une intense concentration, tentant de décrypter ce qui était écrit. Quand soudain, un claquement de bois, un bruissement d'aile suivit d'un très grand bruit fit sursauter notre pauvre bibliothécaire. Enlevant le monocle, elle découvrit sur son bureau un colis. Ce n'était pas une manière délicate de livrer le courrier ! Mais à une heure si tardive, n'importe quel volatile aurait préféré faire autre chose. C'est donc dans une tornade de plume noir et de croassement irrité que le corbeau, qui venait de lui faire sa livraison nonchalante, ressortit par là d'où il était entré. La fille Darkwood ouvrit donc le colis à l'aide d'un coupe papier et entama la lecture d'une note très courte.

"Bonjour ma chérie j'espère que tout vas bien avec ton nouveau métier. L'autre soir en rangeant ta chambre, j'ai retrouvé plein de choses: ton rappelmachin la balle magique qui change de couleur, ah oui, rappeltout (heureusement que ton père est là), une photo de toit montant Shadow pour la première fois, et pour terminer un vieux livre, mais je comprend pas ce qui est écrit. Bises Maman
P-S: Papa à encore fait de la potion magique avec les fruits du jardin, attention c'est fort. "

Repoussant délicatement la lettre sur le côté, elle déballa le contenus du colis. Étrangement, il n'y avait aucun des objets cités, juste une superbe bouteille contenant un liquide scintillant, sans étiquette. Fascinée par la couleur du liquide, Lydia la retourna dans tous les sens histoire de savoir quel était véritablement son contenue, mais ne trouva rien. D'une main habile, elle sortit sa baguette et fit venir à elle un verre à moutarde. Après quoi, elle rangea sa baguette dans le tiroir de son bureau puis se servit une bonne lampée. L'odeur du liquidé était vraiment très agréable. Lorsqu'elle porta le verre à ses lèvres, elle était loin de se douter que le liquide pouvait être aussi sucré et parfumé, un véritable délice. Avalant les dernières gouttes de son verre, elle sentit une sensation lointaine de chaleur, parcourant ses poumons et sa gorge. Ce n'était pas désagréable. Se mettant un peut plus à l'aise, elle retira ses chaussures, déboutonna les deux boutons du haut de son chemisier et elle se resservie un bon verre. Les minutes s'écoulèrent tout aussi rapidement que le liquide de la bouteille miraculeuse disparaissait. La bibliothécaire ne s'était jamais sentie aussi heureuse et profondément bien, mais quel était cette sois-disente potion magique qu'avait coqueté son paternel ?

Laissant son verre de côté, la blonde décida alors de sortir de son bureau, laissant la porte grande ouverte. Soudainement le couloir semblait s'être animé. Clignant des yeux plusieurs fois, elle se ressaisit, ce n'était pas une illusion, elle était à Poudlard et non pas dans un bateau, peut-être que cette étrange sensation lui était venue d'un tremblement de terre. Puis elle s'appuya alors sur une rambarde. Se retournant, elle ne vit plus la porte de son bureau. Elle avait sans doute parcourut de nombreux mètres sans y avoir fait attention. Soudainement un lion dans un portrait à côté du grand escalier se mit à rugir doucement dans son tableau piquant au vif l'attention de la bibliothécaire. Les mains sur les anches, elle lui dit en le menaçant du doigt

-On va se calmer monsieur ! Il est interdit de rugir dans la bibliothèque. Non, ne me répondez pas comme ça effronté ! Aller, dès demain matin, je veux te voir dans mon bureau. Pas idée d'embêter les ens comme ça, un peut de silence voyons. 

Puis reculant un peut pour observer les environs, elle croisa le regard rouge sang qui lui était désormais familier. Cette personne qu'elle connaissait se trouvait sur une marche non loin d'elle. Souriant bêtement, la bibliothécaire dit.

-Ar...Aré... Araignée. 

Non, ce n'était pas ce qu'elle voulait dire, mais là n'était pas la question. Quelle étrange potion elle avait bu, après quelques verres, il lui semblait plus difficile de dire ce dont elle pensait.

-J'ai perdu mon bureau Araekin. Tu ne l'aurais pas vu ? Je me demande si je n'aurais pas transplané par erreur...  

Sans broncher, elle le suivit sans lui lâcher la main, tel une petite fille que l'on reconduis jusqu'a son chez sois. Ne disant rien, elle ne faisait que sourire bêtement. Tout était calme et reposant, ça tournait un tout petit peut mais c'était sans doute due au mouvement terrestre. Elle se souvint juste que le jeune homme devait lui rendre un livre.

Une fois à l'intérieur de son antre, la bibliothécaire retrouva ses points de repaires. Le tapis épais et doux ravissait la plante de ses pieds, écoutant à peine ce que disait son interlocuteur qui venait tout juste de refermer la porte. Il déposa un livre sur le bureau tout en observant les environs, en même temps, c'était tout à fait normale puisque ce devait être la première fois qu'il devait pénétrer dans cette pièce.

Sans cesser de sourire, la bibliothécaire alla chercher un second verre dans une étagère, puis elle le posa à côté du siens. Délicatement elle remplit les verres du liquide que contenait la bouteille avant de répondre l'air distraite.

- Je ne me souviens plus, certainement un bruit. Mais c'est vrai, contrairement à d'habitude je me sens... admirablement bien et c'est un peut comme si la chance me souriait. Ma mère retrouve des objets, je convoque un portrait dans mon bureau pour lui faire la morale, et un superbe élève me ramène un livre très important.

Elle soupira de bonheur comme pour accentuer un peut plus son état d'esprit actuel. Il avait bien raison, elle ne se sentait pas dans son état normal, elle se sentait mieux, beaucoup mieux. Prenant les deux verres, elle se rapprocha dangereusement d'Araekin et lui tendit l'un des deux verres, insistant pour qu'il le prenne sans rechigner.

- Il faut absolument que tu goûte ça. Je suis certaine que tu t'y connais en potion ! Dis moi si je me trompe, mais j'ai l'impression qu'il y a un soupçon de Felix Felicis là dedans. Aller n'ait pas peur, goûte, en plus c'est sucré et très fruité, une vrai merveille... prince des livres.

Susurrant presque ses dernières paroles, elle lui fourra l'un des verres plein dans les mains et sirota du bout des lèvres le sien, afin de mieux en apprécier l'arôme. Puis elle reposa son verre vide et appuya ses deux mains derrière elle sur le rebord du bureau, attendant une réaction du grand jeune homme aux cheveux magiques.

Par chance il prit le verre et le porta d'abord à ses narines avant de le porter jusqu'a ses lèvres. Après quoi; il ne démentit pas ses supposition. C'était bien vrai, son père faisait d'étranges potions. L'alcool ? N'étant pas une habituée, c'était sans doute cet ingrédient qu'elle n'avait pas pris en compte. Comment une telle mixture pouvait-elle rendre un être humain aussi bien ? Sans doute ne fallait-il pas en abuser souvent, la bibliothécaire connaissait fort bien les méfaits de l'alcool sur les gens, notamment chez les moldus...

Un élève, buvant de l'alcool ? Pouvait-on déclarer qu'il s'agissait d'un problème en sois au yeux de notre bibliothécaire ? Elle avait à peine remarqué le changement de couleur capillaire de l'élève, c'était vraiment impressionnant, dommage qu'elle ne soit pas trop fan de cette couleur, mais bon, si c'était en rapport avec ses émotion... en fait elle n'y comprenais rien, et même si elle l'avait voulut, son ''état'' de bonheur l'en aurait empêché. L'air à moitié amusée, elle se mit à glousser,posant une main chaude sur l'avant bras du jeune homme.

- Tu as raison, il vaudrai mieux que l'on ne nous vois pas dans cet état. Et puis pour une fois que j'ai de la compagnie je ne vais pas me plaindre. Donc non, je ne veux pas que tu sorte de ce bureau. Ouuuh cette phrase à des relents de perversité.

Eclatant d'un joyeux rire cristallin, la bibliothécaire lui lâcha le bras et sans lui demander son avis, la jeune femme remplit une nouvelle fois le verre du jeune homme avant même qu'il ne l'ai terminé. Reposant délicatement la bouteille, elle retrouva son calme, un léger sourire au coin des lèvres. Oserait-elle toucher ces magnifiques cheveux magiques qui l'intriguaient tant ? A vraie dire, ses mains lui démangeaient. S'appuyant d'une main sur son bureau, elle lui dit, le regard étincelant.

- T'arriverais à faire devenir tes cheveux verts ? Ou blanc de chez blanc ? Quel serait ton rêve ? Il parie que les gens qui ont bu du Felix Felicis sont capables de réaliser un de leur rêves les plus chères en l'espace de quelques heures... Moi j'en ai bien un, mais tu risque de rire.

C'était à peine croyable, comment pouvait-elle poser autant de question en même temps, et sur des sujets aussi variés ! Bien qu'étant dans une sorte d'état second, la bibliothécaire était plus vivante et déjantée que jamais. Par gourmandise plus que par autre chose, Lydia se servit un dernier fond de verre, cette potion magique sucrée était un vrai délice pour les papilles et pour la l'esprit.

Le "Santé Lydia " ne la dérangea pas plus que ça, bien au contraire, elle trinqua avec plaisir et termina son verre cul sec. Le liquide descendit le long de son œsophage tandis qu'une sensation de brûlure se rependait au passage de la boisson mystérieuse. Le jeune homme était d'une compagnie fort agréable, son sourire apporta un peut plus de ravissement au bonheur magique de la bibliothécaire. Puis les yeux de la jeune femme dévièrent sur les cheveux du jeune homme. Ils avaient encore changés de couleur, adoptant une teinte plus céleste, plus fantastique et d'un esthétisme sans pareil. Elle resta un long moment à contempler la métamorphose capillaire. Ce blanc étincelant lui rappelait celui d'un personnage d'une série de livres qu'elle avait lue durant sa scolarité. Écoutant à peine ce qu'il lui disait, elle ne cessait de le dévisager. Ces longs cheveux d'un blanc éclatant, ces yeux rouges pénétrants... n'étais-ce pas son personnage qui était sortie de son monde pour venir lui parler ? Revenant à la réalité, Lydia éclata de rire.

En fait elle commençait à beaucoup apprécier le sens de l'humour de ce Pouffsoufle. Ravissant ? C'était bien la première fois qu'on lui faisait un compliment depuis qu'elle était devenue Bibliothécaire ! Ses joues rosirent légèrement sous l'effet du compliment. Puis elle posa son verre sur le rebord du bureau avant de s'approcher du jeune homme. D'un geste un peut gauche, elle lui fit une tape amicale sur le pectorale gauche.

- Allez détend toi un peut, laisse de côté les convenances et les politesses, on s'en fou, on es entre nous.

Penchant dangereusement sur ses dernières paroles, elle se redressa de justesse pour ne pas que son visage aille heurter le sternum du beau jeune homme; jeune homme qui au passage lui rappelait de plus en plus ce personnage qu'elle adorer. Elle fit quelques pas sur le tapis, sentant la douceur des fibres du tissus sous ses pieds nues, laissant un temps s'écouler, hésitant presque à répondre, puis elle leva la tête vers la baie vitrée du plafond à travers laquelle on pouvait déjà voir les étoiles scintiller.

- Je n'ai jamais été préfet de toute ma scolarité. Et je ne le regrette pas... si ce n'est un seul petit détail. J'ai toujours rêvée de prendre un bain dans la salle de bain des préfets ! Ça peut paraître stupide, mais on en a toujours entendu parler comme d'un mythe, d'une légende, c'est un endroit complètement épique à Poudlard, et j'aime les lieux extraordinaires. Voir de mes propres yeux ce que tous prennent pour un conte de fée, ça c'est super. J'adore cette couleur de cheveux...

Dit-elle en abaissant les yeux sur son interlocuteur.

Un sourire sincère sur ce visage si rayonnant, cette couleur de cheveux magique, la vue actuelle de la bibliothécaire semblait la rendre toute chose. D'autant plus qu'il passait du vouvoiement au tutoiement, ce qui la fit se sentir un peut plus au même niveau que le jeune homme. A vraie dire, elle se sentait vraiment bien. Et en plus il disait vouloir garder cette teinte. Acquiescant joyeusement, Lydia pris soin de refermer la bouteille avant de la fourrer dans les mains du jeune homme, mieux vallait que ce soit lui qui s'en charge, adroite comme elle était à l'heure-ci, elle l'aurais surement cassé avant d'arriver à destination.

- Soyons fous ! Je sais pas si ca serait une bonne idée de faire de la magie avec ce genre de potion magique dans le sang, enfin,c'est comme tu veux. Et puis il ne doit pas y avoir grand monde dans les couloirs à cette heure tardive.

Même pas besoin de réfléchir, elle allait réaliser son rêve d'écolière accompagnée par un jeune homme tout aussi séduisant que son seigneur imaginaire. Et pourtant ce n'était pas la première fois qu'elle buvait du Felix Felicis, sans doute les effets étaient amplifiés dans un tel mélange. Sans même prendre la peine de remettre ses chaussures, la bibliothécaire ouvrit la porte de son bureau d'un geste de la main dans le vide. Puis pressant son interlocuteur, elle lui fit faire un demi-tour après quoi elle se mit à le pousser doucement dans le dos. Ainsi positionnée, si quelqu'un arrivait en face, personne ne pourrait la voir.

- Aller en avant toute ! Puisque tu connais le chemin je te suis comme une ombre. Une ombre, dans la nuit.

Pouffant de rire à cause de sa dernière phrase, et étant pieds nues sur le sol froid, la bibliothécaire s'engagea dans le couloir sans plus de bruit. La porte du bureau se referma violemment dans un claquement sourd. Oups, la magie avait quelques ratés ce soir...