Tranquillement emmitouflé dans une couette sur un siège de la salle commune, Aiden lisait un livre. Près du feu, bien au chaud, un bon livre dans les mains, rien n’aurait pu gâcher le sentiment d’allégresse qu’il ressentait à cet instant. Pas même ses amis qui se moquaient ouvertement de son comportement d’enfant frileux. Oui, il était en plein milieu de la salle commune avec une énorme couette, et alors ? Il n’avait rien lu dans le règlement qui l’interdisait ! (Fallait dire qu’il avait pas lu le règlement, aussi…).

-Aiden, on monte, on va faire une partie de carte, tu viens ?

Hum ? Il releva la tête.

-Nan, je veux finir le livre avant demain.

Son ami secoua la tête, dépité et parti en direction des escaliers.

Tranquillement, il reporta son attention sur son livre. Il ne lui manquait qu’un chocolat chaud et tout serait parfait ! Malheureusement, il ne pouvait pas en demander à sa mère comme il le faisait habituellement. Tant pis, il ferait sans. Plongé dans son livre, il ne se rendit pas compte tout de suite du petit bruit qui résonnait dans la salle. Au milieu des voix, des passages et des rires, le bruit était discret, voir inexistant, pourtant, sa répétition constante en faisait prendre conscience.

Clik-clik, clik-clik.

Deux petit clik rapide, puis un court vide. Et deux clik à nouveau.

Sans en prendre conscience, son pied droit pris le rythme du bruit. Un rythme qui lui rappelait l’école comme il la connaissait il y a quelques mois.

Clik-clik, pat-pat, clik-clik, pat-pat.

Son pied répondit au son, sans qu’il n’y fasse attention. Puis d’autres coups se firent entendre, accompagné d’un léger tintement.

Tok, clink, tok, cling.

Il dodelina de la tête en rythme, toujours plongé dans son bouquin.

Clik-clik, pat-pat, tok, cling.

Il suivit le rythme.

Clik-clik, pat-pat, tok, cling.

Cli-…

-Aiden recommence ça encore une fois et j’te fais manger ton livre.

Hein ?

Il releva les yeux, surpris. Il lui prenait quoi à John, là ?

-Mais de quoi tu parles ? Et pourquoi t’es pas allé jouer avec les autres ?

D’un mouvement de tête, il lui indiqua son pied, claquant toujours contre le fauteuil. Ah. Il se stoppa. En effet, c’était peut-être dérangeant. Il lui sourit, désolé. Puis il chercha la source du bruit original.

Près du feu, tranquillement allongé, un chat allongé sur son dos, une fille. Celle-ci faisait cliquer son stylo bille, concentré sur son carnet. Notant dans sa mémoire la page à laquelle il était, il ferma son livre, se redressant. Il admira le paquet de stylo bille près de la jeune fille. Une moldu ! Enfin quelqu’un qui reconnaissait la supériorité des stylos au plumes !

Doucement, il se leva, s’enroula dans sa couette, et se traîna jusqu’à la cheminée. Il s’assit, près de la jeune fille, laissa ses doigts glisser doucement sur le pelage du chat et s’adressa enfin à sa camarade Griffondor.

-Toi aussi, t’es plus stylo bille ? Sourit-il en attrapant un stylo orange entre ses doigts. J’arrive pas à croire que les sorciers en soient encore à la plume et l’encre. Et qu’ils arrivent encore à nous critiquer ! Et puis, ça les obliges à toujours écrire en noir ! Ils peuvent même pas mettre de la couleur sur leurs copies ! C’est d’un triste. Et je parle même pas des parchemins…

Puis il fit tourner le stylo entre ses doigts, s’amusant à ne pas le faire tomber. De longues heures de pratique pendant les cours, cette technique !

Intrigué, il regarda quelques secondes la tasse de chocolat fumante que lui proposait la jeune fille. Il était sociable, ok, mais boire dans une tasse inconnue, d’une provenance inconnue, le tout tendu par une inconnue, ça n’était clairement pas dans ses habitudes. Et puis, qui proposait, comme ça, au gens, leurs chocolats ? Cette fille ne devait pas être très nette, en fin de compte ! Le chocolat chaud, ça ne se partageait pas !

Suspicieux, il loucha sur le délicieux breuvage. Devait-il en prendre ? Il en mourrait d’envie ! Mais qui sait, peut-être l’avait-elle empoisonné ? Elle avait pu mettre quelque chose dedans ! Certes, elle avait bu avant lui, mais ceci n’empêchait pas cela…A la place, il préféra jouer la sureté et désigna la tasse du doigt.

-Tu l’as empoisonné ? T’as jeté un sort ? Tu veux quelque chose en retour ? Pourquoi tu partages ? On partage jamais sans raison. Pas du chocolat en tout cas…

Il continua à la regarder, les yeux plissé, toujours plein de doute quand on contenue de la tasse.

Un rire lui échappa pourtant quand elle évoqua la porte des étoiles. C’était tellement ça ! Les sorciers ne se mettraient sans doute à la technologie qu’en cas de dernier recours dans un futur terriblement lointain. Il regarda la jeune fille rouler pour se relever, et le chat, fâché, prendre place sur ses genoux. Attendrit, il sourit et caressa la petite bête qui se mit instantanément à ronronner. Roh. Il était trop mignon ! Relevant les yeux, il écouta la jeune fille.

-Han ! Moi aussi ça me manque trop ! Sérieusement, ils pourraient adapter une salle pour les nées moldus ! Ils savent pas ce que ça fait de se retrouver du jour au lendemain sans téléphone, ordi ou musique ! Les objets électriques ne passent même pas ! Quoique j’ai déjà croisé 2/3 personnes avec des écouteurs. Je pense qu’on doit pouvoir les faire fonctionner, mais chacun doit garder sa technique pour lui. Personnellement, j’essaie divers sort, mais rien de bien efficace jusqu’à maintenant. Je suis plus théorie que pratique…ma magie coopère rarement, dit-il, fataliste.  

Il rit doucement.

-C’est vrai que transporter les galions à tout bout de champs, c’est pas très pratique. Heureusement, j’ai l’immense chance d’être pauvre, donc ce n’est jamais très lourd ! On devrait déposer une requête a directeur en fait…lui faire une liste des trucs moldu qui sont plus malins et intelligent que les sorciers et qui pourraient être magiquement adapté.

Il leva les yeux au ciel, réfléchissant, tout en se frottant le menton, perdu dans ses pensées. C’est que l’idée lui plaisait bien !

-Après, y a des trucs plus simple qui me manque. Genre qu’on ne me regarde pas bizarrement quand je refuse de boire du jus de citrouille. Que je trouve que voler sur un balai comporte un nombre exponentiel de risque…Ou de ne plus être le plus intelligent du coin.

Fallait dire que ce point-là l’embêtait assez. Même dans son école de petit génie en herbe, il avait toujours été plus malins, plus débrouillards, plus rapide. Aujourd’hui, à Poudlard, certes, il restait l’un des plus intelligents de son âge, il en était quasiment sûr. Mais si sur le plan théorique, il était imbattable –la plupart du temps-, sur le plan magique, rien n’y faisait, il était probablement  dans les derniers de sa classe. Il commençait, certes, à s’améliorer, il réussissait ses sorts rapidement et sans les problèmes du début, mais sa puissance magique limiterait à jamais son potentiel. Heureusement, il aimait plus la complexité à la puissance pur, il n’avait donc pas vraiment besoin d’un fort potentiel magique, mais ça n’empêchait pas une certaine amertume de persister. Il soupira doucement. Tant pis, il inventerait les sorts les plus cools, les plus complexes et les plus pratiques de toutes l’histoire de la magie ! Et personne ne se moquerais jamais de lui, ou de ses pouvoirs.

Reportant son attention sur la brunette, il s’adressa à elle.

-Il est à toi ? Demanda-il en désignant le chat. Il s’appelle com- ?

-Aiden!

Interrompus par John, Aiden se retourna, oubliant la jeune fille. Qu'est ce que cet idiot lui voulait encore?!

-J'ai le livre que tu voulais, dit-il en secouant doucement un livre devant lui.

Oh.

Il se leva, comme possédé et marcha lentement vers le livre. Il lui fallait. Il voulait le lire depuis des mois! Arrivé près de son ami, il tendit la main, près a l'attraper quand John le subtilisa de sa vue en un éclair.

-Si tu le veux...il faut le mériter! Et sur cette phrase, il parti en courant, emportant avec lui le précieux bouquin.

-Aaaah! John! Rend me le! Et il parti en courant à la poursuite de son ami, laissant au coin du feu un chat ronronnant et sa propriétaire.

Psst: