HRP:

Ce n'est plus qu'une question de temps avant que les groupes les plus rapides ne reviennent. Tu restes cependant assez perplexe. D'autres ne semblent pas avoir remarqué, plus tôt, les variations tout-à-fait anormales des barrières magiques. Tu sais, celles que toi, en ta qualité de directeur et ancien professeur de Défense contre les Forces du Mal, ainsi que certains des autres organisateurs avez dressées pour éviter que la plupart des créatures les plus dangereuses – surtout les plus ingérables en fait – de la Forêt ne viennent perturber le déroulement de la petite aventure. Sauf que la présence de ces variations implique nécessairement que la probabilité de faire une – ou plusieurs – très mauvaise rencontre augmente grandement.  Une mauvaise rencontre du type Maman Araignée Géante Affamée, Bargheist En Vadrouille Non-Prévu, ou encore pire. Un Intrus Pas Prévu Du Tout Qui N'Habite Pas D'Ordinaire Dans La Forêt. Oui, ce nom à rallonge est de moi. J'aurai pu faire mieux, mais bon. Les circonstances sont telles que mon imagination n'est pas vraiment au rendez-vous... Dis, tu m'écoutes ? Non ? Bon. D'accord.

Tu n'affiches toujours pas ton anxiété croissante. Tu sais bien que ce n'est pas normal, ce genre de variation. Tu te notes intérieurement d'aller, plus tard dans la nuit, ou demain, enquêter dans la Forêt en compagnie d'Eoten et d'un ou deux autres professeurs. Tu ne sais pas encore lesquels. Tu verras ça plus tard. Pour le moment, tu observes du coin de l’œil l'orée de la Forêt Interdite tout en grignotant distraitement un petit four – délicieux, cela dit en passant.

Enfin un groupe fait son apparition au niveau de l'entrée la plus à l'Est. Il s'agit de celui du quatrième groupe, mené par Clara Bo-Eul Brightwood. Visiblement, tout s'est bien passé pour eux. Tu soupires de soulagement. Quelques minutes plus tard, le groupe de Candy Welton fait son apparition.

Ils ont l'air éreintés, et franchement secoués. Tu fronces les sourcils. Si les membres seuls, et non le guide en prime, étaient secoués, cela aurait semblé être normal. Or, l'infirmière est dans un état en tout point semblable à celui de ses protégés. Tu as comme un mauvais pressentiment. Tu jettes un coup d’œil aux autres convives. Personne ne semble encore avoir remarqué la présence du groupe. Discrètement, tu te diriges vers tes jeunes aventuriers. L'infirmière te voit. Elle adresse quelques mots aux trois membres de son équipe qui se dirigent alors d'un pas un brin hagard vers le parc. Puis elle traverse les quelques mètres vous séparant.

Attend. Trois membres ? Ne devait-il pas y en avoir quatre ? … Où se trouve Samwell Heartcliff ? Tu sens un frisson te parcourir, vite suivit d'une sueur passablement froide. Tu te doutes vaguement de ce qu'il s'est passé avant que mademoiselle Welton ne parle. Du moins, tu spécules beaucoup.

« M-monsieur B-Bragisky, j-je crois que... que nous avons un g-gros problème. » commence-t-elle, des larmes perlant à ses yeux, tandis que son teint étrangement pâle accentue ton anxiété. Visiblement, elle tente de garder son calme. « N-nous sommes bien arrivés jusqu'au p-point de rendez-vous. Nous a-avons sou-soudain entendu un hurlement... U-une bête, assuré-m-ment. A-alors, nous avons p-pris le chemin d-du retour. N-nous avons d-discuté à v-voix basse, histoire de ne p-pas trop stresser. A un m-moment, nous nous s-sommes tous r-retournés vers Samwell Hear-Heartcliff. C-c'est lui qui é-était censé g-garder la carte t-tamponnée. E-et... O-on... O-on a v-vu cette ch-chose  se jeter s-sur lui, et l'emp-p-porter d-dans la f-f-forêt...C'est a-arrivé t-trop vite p-pour que je ré-réagisse... E-e-et... »

Elle s'interrompt là. Une chose ? Quelle chose ? Tu n'as qu'une envie, c'est de la secouer comme un prunier pour que, par Merlin, elle te donne de plus amples détails. Mais elle semble un brin trop éprouvée pour pouvoir en dire plus pour le moment... Que le Diable l'emporte, comme l'aurait dit un moldu ! Sans ces détails, comment pourrais-tu savoir quelle créature s'est permise d'entraver tes plans ? Bon, certes, il ne s'agit que d'une simple soirée d'Halloween, mais tout de même ! Que des élèves soient terrifiés, ou légèrement blessés, ne te dérange pas outre mesure. Mais qu'un de tes futurs pions soit kidnappé alors que tu as mis les moyens nécessaires pour éviter ce genre d'imprévu... Alors là, non. Non, non, non ! On n'entrave pas tes plans et on ne bouscule pas toute l'organisation mise en place impunément.

Mais bon. Pour avoir ces détails absolument vitaux, il faut Candy se calme. Et pour cela, qu'y a-t-il de mieux que le soutien d'un de ses semblables ? Tu poses tes mains sur ses épaules, puis la force indirectement à te regarder dans les yeux. Tu lui souris lorsque cela est fait.

« Vous avez décidé d'accompagner les autres membres de votre groupe jusqu'ici, en sécurité, et de me prévenir en priorité. Est-ce bien cela ? » Elle acquiesce, tout en cherchant à retrouver son calme et sa voix. « Vous avez fait le bon choix. » Elle te regarde, perplexe. Au même moment, tu aperçois un groupe assez conséquent entre les arbres. Eoten et le jeune Hawkmoon ? Par le même chemin ? Bon. Pourquoi pas. Avec douceur, tu pousses Candy vers les nouveaux arrivants. « Allons les accueillir, et discuter avec Eoten et Law à propos de ce que nous allons faire pour monsieur Heartcliff. Madame Brigthwood se chargera d'occuper et gérer nos autres convives. D'accord ? » Elle acquiesce de nouveau.

Vous vous approchez un peu plus, puis vous attendez les derniers... Pardon, le dernier groupe. Tu distingues vaguement les bavardages plus bruyants que tout à l'heure, derrière toi. Visiblement, tes convives se rendent compte que les derniers groupes sont arrivés. Ils sont curieux. Tu te doutes que quelques uns savent déjà pour la disparition de Heartcliff. Les membres de son groupe n'auraient de toutes manières pas pu garder le silence longtemps. Candy te fait signe qu'elle va mieux. Tu laisses à nouveau une distance correcte entre vous deux. Puis tu réfléchis à la suite des événements.

Des éclats de rires te sortent de ta réflexion. A quelques mètres devant toi, trois tout au plus, la jeune Aelita Lilium est au sol. A-t-elle fait une chute ? A-t-elle trébuché ? Tu t'en fiches. Par contre, les paroles – en partie recouvertes par le fou-rire du petit Loup-Garou - qu'elle prononce après quelques secondes de silence t'intriguent.

« Heu... [...] Eileen ? […] Celle [...] habillée […] blanc. »

Bien que les paroles ne sont pas des plus distinctes, ta sonnette d'alarme intérieure est tirée. Tu comptes rapidement les nouveaux venus. Tu comptes trois fois, vérifiant que tu ne t'es pas trompé. Tu regardes même discrètement si, tout au fond, bien à l'arrière, après Law, il n'y a pas de retardataires. Mais non. Il n'y en a pas.  Deux personnes manquantes supplémentaires. Un total de trois disparus. Tu regardes plus en détail les membres du groupe fusionné. Il y a des blessés. Candy Welton se charge déjà de leur prodiguer des soins.

Quant à toi, tu affiches un air des plus sérieux. On sentirait presque ta colère croissante. Mais tu restes calme. Du moins, tu sembles calme. Tu regardes Eoten. Trop blessé, et actuellement en train de se faire soigner par Candy. Impossibilité de répondre à tes questions. Tu reportes ton regard sur Law Hawkmoon, qui visiblement comptait justement te parler. Candy, et Clara qui vient de vous rejoindre, se chargent d'aider au transport des blessés vers le parc. Toute la troupe, Law et toi y compris, s'y dirige pour se mettre en « lieu sûr ». Puis, d'un accord tacite, l'ADEM et toi vous mettez un peu à l'écart du groupe.

Le blond t'explique que le groupe d'Eoten s'est trouvé en difficulté face à un Bargheist. Alors, Cassiopée et ton interlocuteur se sont portés au secours du premier groupe. S'en est suivie une bataille aussi intense que dangereuse. Puis, sans avoir atteint le point de rendez-vous, et surtout à cause des blessés, ils ont fait demi-tour pour enfin arriver au parc. Cependant, il ne s'expliquait pas la disparition soudaine des deux jeunes filles.

Vous arrivez au point de départ, au banquet. Un brouhaha parsemé de panique, d'anxiété et d'excitation emplit les lieux. Tu tentes une fois de ramener le calme de manière civilisée. Puis une seconde fois. Rien n'y fait, et une hystérie collective commence à prendre dans la foule. Tu soupires et tu hésites. Quel sort employer ? Un petrificus totalus généralisé ? Non. Ils ne seraient qu'immobilisés, et non calmés. Ou du moins, ils pourraient encore jacasser. Un sonorus, alors ? Non. Les pauvres n'y comprendraient rien, dans leur état, et, en entendant ta voix soudainement décuplée, ils paniqueraient davantage. Tout en faisant trois fois plus de tintamarre. Dernière option : un silencio généralisé. Au moins, tu es sûr qu'avec ça, ils t'entendront bien comme il faut, sans que tu n'aies à lancer un sort sur ta propre personne.

Un coup de baguette magique plus tard, un silence étrange règne sur le parc. La plupart des personnes présentes, du moins des élèves, se regardent étrangement, sans comprendre immédiatement ce qu'il se passe. Tu soupires.

« Mesdemoiselles, Mesdames, Messieurs. Un peu de calme, je vous prie. » déclares-tu d'une voix claire. « Je me doute que cela n'est pas chose aisée, cependant, il vous faut vous calmer et m'écouter avec attention. Je ne vais pas vous cacher qu'un événement des plus fâcheux vient de grandement perturber notre soirée d'Halloween. Compte tenu des circonstances, le test de courage est annulé. » La plupart des visages que tu distingues semblent être un brin soulagé par cette déclaration. D'autres, cependant, restent déçus. Des casse-cous aux tendances suicidaires ? Bah. Tu t'en fiches, ce n'est pas ce qu'il y a de plus important. Tu es quasiment certain que plus personne ne va se mettre à hurler. Tu lèves donc le sort. « Les Cinquièmes années, vous allez raccompagner vos cadets dans les salles communes. Et ce sous la supervision de mademoiselle Brightwood, de monsieur Ambers, de monsieur Finnigan et de monsieur Hammerstein. Immédiatement. » Tu t'assures que ton ordre a bien été compris, et que la plupart des concernés se mettent en mouvement. Puis tu reprends. « Les blessés doivent être amené à l'infirmerie, avec mademoiselle Welton. A l'exception de vous, Eoten. Je suis navré, mais vous êtes l'une des personnes les plus efficaces lorsqu'il s'agit de la Forêt, et de traquer. Finissez de vous faire prodiguer les premiers soins, puis vous partirez avec un groupe de votre composition. » Tu le regardes avec tout le sérieux dont tu peux faire preuve. Pas l'ombre d'un sourire ne se forme sur tes lèvres. Après tout, ce n'est pas le moment. « Quant aux Sixièmes et Septièmes années, ainsi qu'aux étudiants en ADEM et aux professeurs restants, je vous demande de constituer au plus vite des groupes de trois personnes minimum. Nous devons retrouver mademoiselle Shalford, mademoiselle Morell et monsieur Heartcliff au plus vite. Pour ce faire, nous allons fouiller la Forêt Interdite. Ais-je été assez clair ? » Tu constates l'assentiment général. Tu acquiesces, soulagé de ne pas avoir à faire face à une quelconque rebuffade. « Alors, allons-y. Nous n'avons pas une minute à perdre. »

D'un geste, tu fais disparaître les tables et les mets qui y étaient entreposés. Les faux Jack O'Lantern , eux, se mettent à suivre les groupes, ce en vue d'éclairer leur chemin dans la Forêt. Tu fais également disparaître ta cane, ton monocle, et ta cape. Ils ne te seront d'aucune utilité. Pire, ils t'entraveraient. D'une voix ferme, tu déclares les noms de tes « partenaires ».

« Hawkmoon, Dowther, Laclos et Aixeres, avec moi. » Sans les attendre, tu te diriges alors d'un pas décidé vers l'orée de la Forêt, un Jack O'Lantern te dépassant d'un petit mètre.

Petits détails:

Waw. Comme c'est gratifiant qu'on vous dise que vous avez raison, du moins, pour moi. Cela me flatte, je savais déjà que j'avais raison, mais je n'allais pas le crier sur tous les toits... Cela aurait nuit à mon image. J'aimais bien cet blond aux yeux bleus -qui a finalement arrêté l'hémorragie de son aîné-, cet ADEM, parce qu'il avait fait un sacré speech à cette gonzesse.  

Puisque leurs différends ne me concernaient point, je me suis contenté de regarder Eoten, les écoutant distraitement. Même lorsque j'ignore quelqu'un je ne me gêne pas à l'écouter au cas où je pouvais obtenir des informations que je pourrais retourner contre l'orateur ou ses proches. Indéniablement, ce type dont je ne connaissais pas le nom ne semblait pas s'entendre non plus avec la dingue blessée -et c'était réciproque-. Il avait mentionné quelque chose qu'elle lui avait sûrement déjà dû dire, une autre fois : qu'elle allait « faire de ma vie un enfer » Après, je n'en sais rien... Je n'étais pas présent quand cette frappadingue lui avait adressé des mots aussi charmants. Peu m'importait en vrai, ce que j'avais à retenir, c'était uniquement le fait qu'ils ne s'entendaient point.

— Quand on ne sait pas de quoi on parle, on ferme sa gueule, Monsieur Hawkmoon. Cesse de critiquer ma non-maturité ou je ne sais quoi, et regarde toi en face, pauvre tâche... Tu te sens si inférieur que tu me fais des leçons de morale blessante et qui n'ont rien à voir avec ce qu'il se passe réellement ? Certes, je t'ai donné un coup que je n'aurai pas du.... Quoi, tu voulais te montrer fort et puissant devant un Cerbère que pourrait dompter un troisième année sans baguette ? Ta tirade en dit long, et oui, elle m'a fait mal, parce que j'ai un orgueil qui peut-être mal placé... Mes erreurs, je sais où elles, Law. Tu parles de ton frère ? Qu'est-ce qu'il vient foutre dans la conversation ? Tu t'en sers encore pour t'en protéger ? Il y a à peine deux minutes, j'étais prête à m'excuser, mais maintenant, tu peux crever. Tu n'es qu'un arrogant qui ne sait pas reconnaître ses erreurs et qui se repaît dans ses leçons de morales dégueulasses. Tu te prend trop au sérieux, Law... Et tu fais pitié.

Bwa... Quelle voix désagréable... Yeurk.
Non, pas pour le ton qu'elle avait employé, non, mais son timbre, sa voix tout court me donnait des frissons. C'était une femme, après tout, il ne fallait pas que je m'attende à grande chose d'elle. Au moins, j'avais pu apprendre le nom du blondinet : Law Hawkmoon. Hawkmoon... Comme le ministre de la magie britannique que mon paternel avait déjà mentionné, je le retiendrais. Il était de sa famille ? Son fils ? Sûrement, enfin, il y avait des chances, puisque ce n'est pas un nom courant.

« Tu fais pitié ». Dixit l'idiote qui avait balancé des pierres sur une pauvre créature en la traitant de bête puante...  Elle pue, elle aussi, mais personne lui dit pour autant.

Ce type avait bien eu raison, elle avait agi sans réfléchir, c'était téméraire et stupide. Si elle n'était pas intervenue, peut être que le Bargheist aurait pu déchiqueter la Reine des licornes. Son déguisement crevait les yeux... avec un peu de rouge çà et là, ça aurait été parfait. Ceci dit, lorsqu'elle m'a enfin capté, j'ai vu dans son regard qu'elle se retenait de rire. Soudainement, je sentis mon corps se raidir. Pourquoi ? Cette maudite australopithèque rousse croisée avec pitiponk avait osé me toucher ! Elle me tapotait la tête, même...

— Tu es gentil... me dit-elle avant de reprendre son chemin.

Elle me cherchait des noises, celle-là.
Droit comme un piquet, je suis resté planté sur place. Tout mon corps me picotait, je me sentis pâlir -même si ça ne devait pas être très visible, en vue de mon teint naturellement maladif- : j'avais de l'urticaire... Par endroits, je commençais à avoir des petits points rouges. Hélas, c'était l'une des réaction que les femmes me procuraient... Pas toutes, certes, mais quand elles osaient me toucher, je finissais par devoir me gratter. ..

Maintenant, qu'ils se démerdent, je ne compte rien faire pour les aider.
Lorsque j'ai réussi à enchaîner les pas -machinalement- en me grattant comme un malade, afin de pouvoir reprendre la route en direction du parc, j'ai plissé les yeux, en restant un peu en retraite. Qu'est-ce qu'ils ont dit avant ? Hum... Quel nom pourrais-je attribuer à cet odieux buste féminin ? « Mademoiselle O'Bryan ». Je crois que Law l'avait appelée ainsi. Alors, Cette O'Bryan, je la déteste. Je vais me venger, un jour. Elle ne sait pas à qui elle a à faire.

Une fois arrivés au parc, j'entendis un bruit sourd, suivi du rire de cet Aiden Abberline et, aussitôt, d'autres gloussements et rires s'y joignirent. Lorsque je l'ai regardé, en cherchant à comprendre pourquoi est-ce qu'il rigolait comme un con, ce yorkshire, j'ai vu que la vaironne était tombée. Elle avait tardé un instant à bouger et, lorsqu'elle se redressa, visiblement effrayée, regardant le groupe, je sus que quelque chose n'allait pas.

— Heu... Où est Eileen ? Et heu... comment s'appelle-t-elle ? Celle qui était habillée en blanc.

Elle marquait un point.
J'ai aussi regardé notre groupe : effectivement, il manquait la licorne pailletée. Alix Morell, si je me souviens bien. Elle avait pratiquement crié son nom, lors des présentations en me traitant de timide. J'aurais dû la surveiller elle aussi. Eoten ne l'avait pas précisé mais, puisqu'elle m'avait l'air d'une attardée, je pense qu'elle rentrait dans le lot des premières années à guetter -du moins, partiellement-.

Sans bouger d'où j'étais, à orées des bois, près des deux premières années de mon groupe, je cherchais du regard Raphaël, le cinquième année à qui j'avais bousillé la main durant le repas. C'était plus fort que moi, j'éprouvais parfois le besoin de regarder ou d'être près de lui, mais sa connerie aiguë et ses moqueries m'en dissuadaient directement : Qu'est-ce que je le détestais... Pratiquement autant que certains femmes, telles que la pétasse de gryffondor qui me lorgnait durant les cours... Souvent, je rêvais que je lui crevais les yeux avec des cure-dents. La voir dans mes songes était une vraie torture, mais, sincèrement, je me sentais tellement heureux et soulagé en imaginant comment je la pouvais faire souffrir.

Le directeur entra assez vite dans mon champ de vision.
C'était la première fois que je voyais un air aussi sérieux sur son visage, depuis le début de la soirée. Il regardait le garde de chasse pendant que l'infirmière s'occupait de lui. Voila pourquoi je ne vais jamais à l’infirmerie : c'est une gonzesse qui s'en occupe. Je risque de sortir pire de ce que je n'y était entré. De mon côté, j'ai profité pour rester un peu à l'écart de tout avant de devoir retourner au point de départ, où le banquait avait eu lieu.

J'avais soif, personnellement.
Victor avait sûrement dû surveiller mon jus de citrouille donc je pouvais lui faire confiance. Évitant les questions et les regards indiscrets lorsqu'on m'a vu arriver couvert de sang, j'ai reprit mon verre et j'ai jeté un coup d’œil au contenu : pas de colorant, rien de suspicieux, pas de mauvais sort ni de porcheries en vue, donc j'ai pu une gorgée. La plupart des élèves parlaient assez fort, inquiets. Personne n'a envie de participer à la suite de l'épreuve, visiblement, sauf certains imbéciles qui jouaient les coqs.

Lorsque le directeur revint dans le coin, il lança un sort afin de faire taire tout le monde.
Personne ne pouvait plus parler, moi y compris. De toutes façons je n'avais rien à dire et, mon dieu, qu'est-ce que ça faisait du bien, ce silence. Je remerciais intérieurement le directeur, soupirant d'aise, m'asseyant près de Victor, qui n'avait pas l'air très rassuré, même s'il avait vu que je n'avais rien.

— Mesdemoiselles, Mesdames, Messieurs. Un peu de calme, je vous prie. Je me doute que cela n'est pas chose aisée, cependant, il vous faut vous calmer et m'écouter avec attention. Je ne vais pas vous cacher qu'un événement des plus fâcheux vient de grandement perturber notre soirée d'Halloween. Compte tenu des circonstances, le test de courage est annulé. déclara M. Braginsky.

Suite à ces mots, certains des pecnots présents semblèrent un peu soulagés, même si, comme je disais, il y avait des casse-cous déçus de ne pas pouvoir partir à la chasse aux bestioles, en forêt. Tch. Quelle bande d'ignorants.

— Les Cinquièmes années, vous allez raccompagner vos cadets dans les salles communes. Et ce sous la supervision de mademoiselle Brightwood, de monsieur Ambers, de monsieur Finnigan et de monsieur Hammerstein. Immédiatement. expliqua-t-il. De plus, il semblait avoir levé son sort, puisque je pouvais de nouveau entendre certains parler, bien que la plupart demeuraient silencieux et ne tardèrent point à s'exécuter. Les blessés doivent être amené à l'infirmerie, avec mademoiselle Welton. A l'exception de vous, Eoten. Je suis navré, mais vous êtes l'une des personnes les plus efficaces lorsqu'il s'agit de la Forêt, et de traquer. Finissez de vous faire prodiguer les premiers soins, puis vous partirez avec un groupe de votre composition. continua-t-il. Je ne sais pas pourquoi mais, en l'entendant parler, j'avais vu venir la suite... Je manquais d'avaler de travers mon jus de citrouille lorsqu'il reprit la parole : Quant aux Sixièmes et Septièmes années, ainsi qu'aux étudiants en ADEM et aux professeurs restants, je vous demande de constituer au plus vite des groupes de trois personnes minimum. Nous devons retrouver mademoiselle Shalford, mademoiselle Morell et monsieur Heartcliff au plus vite. Pour ce faire, nous allons fouiller la Forêt Interdite. Ais-je été assez clair ? ajouta-t-il, me faisant grimacer.

J'avais bien supposé, il allait nous faire aller les chercher, ces paumés.
Non, je ne l'aime pas tellement, ce directeur... C'est quelqu'un d’intéressant mais je crois que je vais le détester s'il me fait souvent ce genre de coups. Pourquoi est-ce que je dois m'occuper de ces bouseux ? Ce n'est pas mon problème s'ils se sont perdus... Encore, cette « Shaldford », je crois que c'est une gamine de Serpentard puisque j'ai déjà entendu son nom dans la salle commune. Je comprendrais pourquoi est-ce qu'on m’envoie la chercher mais... pourquoi est-ce que je dois aussi chercher l'autre frappadingue et un gus que je connais pas du tout ? Au moins, s'ils crèvent en forêt, ils auront servi à quelque chose : à nourrir les créatures de cet endroit.

— Alors, allons-y. Nous n'avons pas une minute à perdre.

D'ailleurs... Il y'avait une des gonzesses du groupe qui venait de partir en courant en direction de la forêt. C'était la seule dont je ne connaissais pas le nom, une brunette aux cheveux courts. Puisque je ne l'ai jamais croisée en cours, elle devait soit être plus âgée ou plus jeune que moi. Ben tiens, ça tombe bien, je n'ai pas envie de faire des groupes pour chercher... Je ne connais pratiquement personne. Elle allait être la dernière membre de mon groupe, parce que l'autre était le yorkshire. Je l'aime bien, j'ai envie de l'enquiquiner encore un peu. J'ai donc posé mon verre -vide- en cherchant du regard le nain de Gryffondor avant de me lever et de m'approcher de lui.

— Toi, tu viens avec moi. lui dis-je d'un ton assez autoritaire, sans pour autant être désagréable, pour une fois.

Navré pour lui, qui allait se faire ballotter une fois de plus. Après tout, si toute cette embrouille n'était pas finie, la demande d'Eoten tenait toujours donc je devais m'occuper encore du nain. Ça revenait pratiquement à être seul, dans le groupe, mais ça me convenait parfaitement. Je n'avais besoin de personne.

Un fou rire bruyant plus tard, Aiden commença enfin à se calmer, le souffle entrecoupé de quelques gloussements. C’était nerveux. Le stress, l’accumulation. La peur. Heureusement, l’arrivé de l’infirmière accompagné du directeur l’aida grandement à se calmer, et bien qu’un sourire flotte toujours sur ses lèvres, le rire l’avait définitivement quitté.  Le regard froid et sérieux du directeur lui indiqua la gravité de la situation, sûrement plus grave qu’une attaque de loup-sumo et que la chute d’une petite première année.

Prenant Law à part, le directeur et le blondinet se mirent à parler. Essayant de capter la moindre information, le jeune Griffondor tendit l’oreille. Ils étaient trop loin pour tout comprendre, pourtant, Aiden comprit rapidement le problème avec les quelques phrases qu’il avait entendu. Des personnes étaient manquantes. Trois. A cet instant, il se rendit compte du problème. Il manquait des gens dans son équipe. Il n’y avait pas fait attention, trop occupé à survivre, à se cacher, se faire balloter et à rire comme un idiot. Inquiet, son regard fit le tour de son groupe, les manquants étaient évident. Il n’y avait plus cet éclair blanc, lumineux et sautillant qui vous rendait presque aveugle et qui pourtant faisait sourire. Il n’y avait plus non plus le parchemin. Ce parchemin flippant et très bien exécuté. Aiden senti son estomac se contracter en se rappelant que l’élève dedans n’était autre qu’une première année.

La panique commença doucement à s’installer dans le parc, et –il devait l’avouer- dans son cœur aussi. Il le senti tambouriner comme jamais. Il pouvait presque sentir son sang pomper et sa respiration se faire plus difficile. Des gens avaient disparus. Dans la forêt interdite. Des gens en danger de mort. Une main sur son cœur, il souffla doucement, ferma les yeux et s’obligea à se calmer. Un naze qui faisait une crise de panique en plein milieu d’un problème majeur, ça n’aiderais vraiment pas la situation. Sa respiration redevint calme, ses idées clair et son cerveau se remit à tourner.

A tous les coups, les trois disparut avaient juste réussi là ou lui avait échoué : ils leurs avait faussé compagnie volontairement. A l’idée que cela puisse être le cas, Aiden fit une moue boudeuse. Ils se baladaient tranquillement dans la forêt pendant que lui s’ennuyait profondément dans le parc. C’était injuste. A moins, évidemment, qu’ils ne se soient vraiment fait kidnappé. Dans ce cas-là. Aucun problème. Il était bien content de ne pas être à leur place.

Il voulait y aller.

On pourrait mettre ça sur le compte de sa jeunesse, de sa stupidité, son impulsivité, mais en une demi seconde, il était bel et bien passé de « Je veux me cacher dans un trou de souris et hiberner » à « Il faut absolument que j’y retourne ». Peut-être que quelque part, au fond de lui - très profondément- il était bel et bien courageux. Peut-être qu’il avait les qualités demandé par la maison des lions. Pour le moment, tout ce qu’il savait c’est qu’on lui donnait une autre chance de visiter la forêt. Après tout, ils ne pouvaient pas laisser les élèves comme ça ? Une équipe serait forcément envoyée.

Une fois toutes les équipes de retour, la voix du directeur se fit entendre.

Le test de courage était apparemment annulé. Ce qui paraissait logique au vu des circonstances. La plupart des élèves en étaient soulagé. Réellement attentif au discours pour la première fois de la soirée, Aiden ne perdit pas une syllabe des mots du proviseur. Les plus jeunes devaient rentrer dans leurs salles communes.  Evidemment que le directeur n’allait pas envoyer une bande de gamin inexpérimenté dans une forêt pleine de monstre, pourtant, à ses mots, Aiden se senti injustement mis à l’écart.

Alors que déjà les plus jeunes suivaient les préfets, son cerveau se mit à marcher en mode rapide. Il devait repartir dans la forêt. Et aussi inutile soient les sort qu’il connaissait, il aurait besoin d’une baguette. Dans la cohue, il bouscula un jeune élève et en profita pour lui subtilisé sa baguette. Il la remettrait plus tard aux objets trouvé…Si une telle section existait…Tant pis, il se débrouillerait bien pour la poser quelque part ou quelqu’un la retrouverais le lendemain. Rapidement, il la rangea et repartie en sens inverse, profitant de sa petite taille pour se faufiler sans être vu.

Il prit un chemin totalement au hasard, sans trop savoir ou aller quand une branche le fit trébucher dès le premier mètre. Super. Ça commençait bien. Rapidement, il se remit sur pied, et une voix l’interpella.

-Toi, tu viens avec moi.

Et sans comprendre ce qu’il se passait, une main agrippa son poignet, et bientôt, ils furent tout deux engloutis par l’obscurité de la forêt.