Queen - I Want To Break Free

23 décembre - journée

• Je quitte Poudlard pour passer mes vacances de Noël, comme chaque année, à la maison avec ma mère, à côté de Carrickfergus. Cela faisait quatre mois je ne l'avais pas revue non pas qu'à cause de mes révisions pour les BUSE, mais aussi que je préférais passer Halloween entre amis et que je pensais à cet homme angélique croisé en août. Je craignais de le rencontrer à nouveau et de tourner encore au ridicule. Même si le temps a fait son travail, ma crainte est encore présente, mais l'envie de revoir ma mère était bien plus fort que ce tracas.

23 décembre - soirée

• Après un accueil chaleureux, je laisse mes affaires dans ma chambre et discute avec ma mère de ma petite vie à l'école, sans trop entrer dans les détails. Elle me demande comment allaient mes amis et Serena. Je lui ai répondu que tout le monde allait bien, mais ma mère continue de vouloir en savoir plus sur elle. Plus la conversation s'éternisait, plus je sentais qu'elle cherchait à me caser ou à me percer à jour. Je n'étais pas prêt à lui dire la vérité, alors je cherche à mettre fin à la discussion en prétextant vouloir me reposer. Elle me laisse un peu de répit à mon plus grand soulagement. J'avale rapidement le repas qu'elle m'a préparé et je file me coucher.

• Je n'arrive pas à fermer l'œil de la nuit. Cette discussion a réveillé mes souvenirs d'été et mes angoisses. Je tourne sans cesse dans le lit, sans jamais trouver la bonne position. Je pense à mon avenir, à ce que j'allais devenir. Un grand sorcier, certes. Plusieurs me sont ouvertes à ce sujet. Mais je voulais des réponses à mon avenir sentimental. Je me dis que tout ira bien, que je vais vivre ma vie tranquillement et faire comme si de rien n'était... mais je ne suis pas satisfait de ma réponse. Plus je pensais de cette manière et plus je me répétais, et plus je me sentais opprimer, prisonnier, que je me mentais à moi-même. Je me suis mis à penser à ma conversation avec Serena en début d'année dans le parc, aux mecs que je regardais dans la cour et en cours, au poing sur la gueule sur celui que j'ai mis l'année dernière qui était quand même mignon... Dieu seul sait ce qui se passe avec moi, mais moi seul peut éclaircir toute cette zone d'ombre qui me tourmente depuis des mois.


C'est avec cette pensé que je me replonge dans mon sommeil... quand un rayon du soleil passe à travers un trou des volets.

24 décembre - journée

• Je me réveille après un rêve étrange. Ce dont je me souviens, c'est que j'ai vu cet homme habillé en porte jar-telle traîner dans la ville, à côté d'un pub sous la neige. C'était drôle à voir et assez tentant... Il faut croire que mon esprit à bien travailler cette nuit pour que je rêve ça. Je me lève, m'habille et je vois ma mère débarrasser la table : assiette, couverts et plat. Je jette un œil à la pendule du salon. Je vois 13h55... ah oui, quand même. Je m'excuse auprès d'elle, mais elle ne fait pas attention. Je le vois s'activer pour faire de la place à la préparation du repas de Nöel. Nous ne sommes que tous les deux, mais elle se met toujours dans cet état pour que tout soit prêt. Je prends rapidement quelque chose à grignoter et file dans ma chambre prendre mes accessoires les plus chauds pour affronter le temps froid et humide des côtes irlandaises. Sans vraiment y penser, en fouillant ma valise, je ne trouve pas le cadeau pour ma mère. J'ai eu un moment de panique et je me rappelle qu'il est sous mon lit. Bravo Morgan... Bon, je veux bien être un grand sorcier, mais il ne faut pas pousser non plus. Je ne maîtrise pas le transfert, je n'ai pas de poudre de cheminette et inutile de prier pour que le sort Accio réalise mon souhait. Je pars donc rapidement de la maison en annonçant mon départ vers la ville.

• Sur le chemin, je prends plaisir à sentir l'air froid frappé mes joues, traverser la brume sur le chemin de terre, entendre au loin le bruit de la mer caché par celui de la ville... c'est-à-dire par un son. Comme prévu, à mon plus grand regret, les montons ne sont pas dehors. Je ne pourrai ni leur faire des câlins, ni jouer avec eux. Tant mieux ceci dit, ça me laissera plus de temps pour trouver un cadeau.

• Après un quart d'heure de marche rapide, je suis enfin arrivé au centre ville. Je ne sais pas par où commencer. Je lui avais pris un médaillon avec une image mouvante de nous eux, mais ici, je ne trouverai rien de magique. Dommage. Plus j'y pense, et plus je me dis qu'un commerce sorcier serait pas mal dans cette ville. Et je me demande même pourquoi personne n'y a pensé avant... Un projet à méditer. C'est donc sur cette belle pensée que je commence mes recherches.

• Bijoux, livres, gadgets, … trop de choix possibles.J'entre dans toutes les boutiques inondées de monde que je croise, je chine dans tous les coins et à 17h, je n'ai rien trouvé et toutes mes idées se mélangent. Fatigué, je pars en direction d'un pub.

• A mon arrivé, je vois que tout le monde s'amuse bien. La musique va de bon train, l'odeur de la bière est bien présente, les chemises sont un peu déboutonnées, les rires éclatent et ça chante fort et faux... Je n'ai pas envie d'entrer, mais le froid ne me laisse guère le choix à un repli vers un autre pub identique. En entrant, je suis pris d'un frisson. Je sens qu'il y a quelque chose, comme si un esprit m'avait traversé mais ce n'était pas le cas. Je parcours du regard la pièce, et je le vois. Il est là.

• Les traits du visage sont les mêmes, mais son apparence a changé. Il a les cheveux plus long et plus sombre que la dernière fois, les a teint des mèches en bleu électrique et s'est laissé pousser une barbe de trois jours. Il est habillé... il n'est pas en porte jar-telles. Il porte un pantalon à carreaux typique du pays, un sous-pull gris et des gants de cuir assortis... Je n'ose plus bougé. Je suis comme pétrifié avec mon cœur menaçant de détruire ma poitrine. J'ai une absence. Je voulais le retrouver, mais pas si vite. Je ne sais pas quoi faire. Je veux savoir, lui parler, me cacher, fuir, rester là à le regarder, me jeter sur lui, … Je repense à ma conversation avec Serena. Elle m'avait dit que la seule solution que j'ai, c'est de parler et de m'exprimer. Je veux bien et me libérer de tout ça, mais comment...

• L'homme me voit. Nos regards se croisent. Mon cœur ne fait encore qu'un tour. Il me fixe pendant un moment. Je ressens une gêne en moi, mais je veux m'approcher de lui... Chose que mes jambes refusent de faire. Mes yeux se mettent à descendre vers le sol et à revenir rapidement lui. Il me sourit et m'invite à le rejoindre. Mes jambes se libèrent et j'obéis timidement à son mouvement. Je me tiens assis à côté de lui et je sens mon visage chauffé, comme si je n'avais jamais mis le nez dehors.

• Je continue de le dévisager. Je lui donne vers vingt ans. Sa peau est pâle et lisse, pas de cicatrice, ses yeux sont toujours aussi étincelant mais j'ignorais qu'il pouvait être couleur argenté. Je ne me sens pas en confiance, mais je n'ai pas envie de fuir une fois de plus.


Oh mon dieu. Il se souvient vraiment de moi. Il a du me trouver ridicule. Je rougis.


• Il garde toujours son sourire et un air assez jovial. Je ne sais pas pourquoi, mais ma méfiance se dissipe assez rapidement et je lâche un petit rire. Il propose de prendre un verre et j'accepte avec plaisir une demi pinte en passant un coup dans mes cheveux. Après m'être excusé de ma fuite, il me pose plein de questions pour en savoir plus à mon égare. Je lui réponds le plus posément du monde, sans lui parler de Poudlard et du monde magique qui est mon quotidien. Je n'ai senti en lui aucune émanation magique depuis le début de notre conversation, il valait garder tout ça pour moi... encore une chose à cacher, mais pour une bonne raison.

24 décembre – soirée

• Il est 18h et je n'ai pas toujours pas touché à ma bière. C'est dommage, mais je préfère au loin la bière au beurre et garder toute ma tête. En voyant l'heure, j'ai repensé soudainement au cadeau de ma mère que je devais encore trouver. Connaissant son nom, je fais mes adieux à Aoden, mais il veut me suivre et m'aider dans la recherche du cadeau. C'est gentil de sa part, à moins qu'il veuille passer plus de temps en ma compagnie ? Dans les deux cas, ça me plaît. On se met en marche vers les boutiques, on rigole, il me bouscule gentillement et me laisse prendre à son petit jeu jusqu'à ce qu'on trouve quelque chose. Une écharpe blanche en style fourrure avec des poches aux extrémités pour y ranger ses mains. Trouvant l'idée plaisante et coincé par le temps, je le prends et demande à l'emballer à la caissière. Aoden, quant à lui, patiente et m'observe depuis l'entrée.

• Je me sens bien. Je suis avec une personne que j'aime dont je ne veux pas me séparer, on est la veille de Noël, avec un cadeau pour ma mère, en direction du sapin géant du centre ville dont les rues sont remplies d'illuminations. La nuit s'est installée, il fait encore plus froid, mais seule la présence de Aoden me réchauffe... ainsi que celle du vin chaud à la cannelle qu'il m'a offert. Nous continuons de marcher et arrivons vers le sapin. Il est magnifique. Il doit faire dans les cinq mètres de haut, est parsemé de neige artificiel, des boules de toutes tailles, formes et couleurs y sont accrochées, des paquets géants sont éparpillés sous le sapin accompagnés d'un village en bois et des animaux animés, et les luminaires dorés brillent de milles feux dessinant la silhouette de mon ange. Je ne le quitte pas des yeux, sans dire un mot. Je suis noyé dans la joie, aveuglé par cette scène éblouissante, tellement éblouissante que je ne l'ai pas entendu me parler et me tendre un ours en peluche après une dizaine de secondes. Cet ours était mignon... je perds la voix. Je le regarde une fois de plus, il me tend un large sourire.

• C'était trop beau pour moi, j'ai définitivement craqué pour lui. Mon cœur tambourine, je suis tout retourné... d'autant plus que des flocons de neige se mettent à tomber. Nous regardons vers le ciel, et oui. Je ne rêve pas. De la neige tombe vraiment du ciel. C'était comme de la magie... mais sans sortilège. Si je me trompe, alors elle est vraiment discrète. Je plonge mon regard dans celui d'Aoden. Je veux lui parler, dire ce que je pense après cette journée magnifique, lui dire mes sentiments... mais je bloque un instant. Je veux lui parler, me libérer de ce poids qui me hante depuis des mois. Je prends alors mon courage à deux mains, laissant ma timidité de côté pour lui dire que je l'aime... mais avant que je ne finisse ma phrase, un homme arrive derrière lui en hurlant son nom et lui sautant au coup. Aoden se retourne et se montre plus jovial qu'il l'était avec moi. Mon cœur semble s'arrêter, je m'interroge sur cet homme. Qui est-il ? Je ne sais pas ce qu'il se passe, je n'entends pas très bien, tout est confus jusqu'à ce que j'entende un mot : Chéri.

• Je suis pétrifié et choqué par la situation. Cet homme arrive comme ça, et Aoden... Il s'est joué de moi. Cette journée qui s'est si bien déroulée s'est terminée par une énorme déception. Je suis pris par la colère, la jalousie, la tristesse. Toutes les émotions y passent. Trente secondes se sont écoulées, mais ça m'a semblé être une éternité. Ne voulant plus voir cette scène, je suis parti, sans me faire remarqué. Je me fous de savoir s'il m'a vu partir ou non, mais je m'en fou. Une chance que je n'avais pas ma baguette sur moi, j'aurai très bien pu faire une énorme bêtise.

• Je déambule dans les rues, en direction de la maison. Je suis absent, je me sens partir de mon corps et ne prends plus conscience du monde qui m'entoure. Je suis en commande automatique sous la chute de neige qui se fait plus importante. Je quitte la ville et entame la marche dans les sentiers encore visibles.

• Je ne sais pas toujours pas ce qui s'est passé. Cet Aoden était un enfoiré. Je ne veux plus le voir avec sa gueule d'ange à la voix envoûtante. Il est clair qu'il voulait s'amuser et profiter de ma naïveté. Et à bien y repenser, la conversation n'était orientée que vers moi. Je ne sais presque rien de lui au final. Je ne pourrai pas l'oublier, sauf avec un sortilège, mais je ne le ferai pas. Je ne dois pas oublier cette expérience.

• Je continue de ressasser pendant tout le trajet jusqu'à la maison. Je prends une bonne bouffée d'air, et franchis le palier de la maison. La table est prête et bien garnie, la chaleur m'envahit et ma mère est en cuisine, en train de faire la vaisselle. Je me dirige vers ma chambre pour retirer mes affaires, poser le cadeau et l'ours en peluche que j'avais oublié et tenais toujours en main... Je fais une pause, reprends mes esprit et repars dans le salon. Je prends rapidement la décision de ne pas lui parler de ce qui s'était passé.

• A la fin de ce merveilleux repas, je repars dans ma chambre en attendant que ma mère fasse de même, avant de lancer un sort de lévitation sur mon paquet pour le déposer sous le sapin dans le plus grand des silences...

• La nuit est bien agitée. Je continue de penser à tout ça. Je voulais des réponses, je les ai eu. J'étais bien amoureux, je sais que j'aime les hommes et que Aoden est une pourriture, un prétentieux qui va devenir une histoire ancienne avec pour seul trophée un nounours. Ça me fait mal, mais je connais la vérité et la vie va poursuivre son cours, la situation s'est éclairée avec une sensation de liberté dans les prochains temps à venir. Mes réflexions se terminent et je sombre rapidement dans les bras de Morphée et bientôt, la liberté me tendra les siennes.

Queen - I Want To Break Free