Je revis le moment douloureux ou j'avais pleuré dans ses bras, puis détournai le regard, gêné, en me voyant effleurer tendrement du bout des doigts l'écharpe de Paddy avant de m'endormir. Je n'étais pas très à l'aise... l'image se troubla, passant au moment où je me réveillais en proie à une crise de larmes. Laeti arriva rapidement depuis le salon, à demie nue. Tandis que la scène se déroulait, j'expliquai :

"Là, je lui ai dit de s'habiller. Je suis mal à l'aise avec... ça. Elle m'a répondu qu'elle n'avait pas le temps, car si on ne me prend pas sur le moment, je me referme comme.. "

Je cherchai mes mots, car je ne savais pas dire "huître" en anglais. Je mimai la coquille avec les mains, espérant qu'elle comprendrait.

Je regarde en silence et ne peut m'empêcher de me crisper quand je vois toute la tristesse qui émane de ce souvenir. Je serre doucement la main d'Arnaud puis la lâche quand il mime... Il mime quoi au juste? Un clapet...Oh attendez.

- Oyster. Le mot c'est Oyster. Enfin je crois, si tu parles bien de ce truc de la mer qui ressemble vaguement à du crachat.

Je lui fais un petit sourire d'excuse alors que j'essais de ne pas penser à mon accent écossais, quasiment inexistant qui ne peut s'empêcher de ressortir sur des mots comme ça.

Son commentaire me tire un franc sourire et je réponds :

"C'est ça. Une blague entre elle et moi consiste à dire que ces... choses sont gluantes et puantes. On nous en a servi une fois au dîner de noël et on ne s'en est jamais remis."

Je la regarde tendrement une seconde lorsque le drame éclate soudain : elle, à ma porte, et qui venait de tomber sur cette scène improbable. Je me vois repousser Laeti brutalement et marmonne avec une légère inquiétude :

"Je ne pensais pas avoir été si violent. Elle a dû avoir mal."

Je regarde la scène et me sens plus idiote que je ne l'ai jamais été. Quand Arnaud pousse son amie je grimace. Il a fait du mal à une personne qu'il aime à cause de moi. Ça me rendrait malade si je ne me sentais pas si coupable. Je serre les dents et enduré ma connerie.

Je me regarde tenter de la rattraper, la scène se déroulant bien plus vite que dans mon souvenir. Nos expressions, nos postures, tout me semble étrangement irréel. JE m'observe d'un air critique : j'ai l'impression d'être ridicule. SI j'avais été un homme courageux, JE me serais exprimé au lieu de laisser les choses en l'état. Ridicule. Et je me vois ensuite me laisser tomber, lorsqu'elle disparaît. Et Laeti, qui vient m'aider à rentrer, l'air désolée...

"Je devrais lui envoyer quelque chose pour la remercier. Je ne sais pas encore quoi, mais je trouverai."

Je souris piteusement à Arnaud, légèrement tremblante.

-Une boite de chocolats?

Je le propose, un peu inquiète quand même, ne pouvant m'empêcher d'être jalouse de cette fille, qui, quoi qu'on en dise, parait bien plus proche d'Arnaud en dix secondes de souvenir que moi et qui, contrairement à la crétine que je suis, le comprend bien mieux.

"Non, ça n'aurait aucun intérêt pour elle. Elle en reçoit souvent. Un livre, plutôt. Je vais lui chercher un livre sur les sortileges médicaux oubliés. Elle adorera ça."

J'esquisse un petit sourire, certain que ça lui plairait. Un coup d'œil à paddy me laisse perplexe et j'ajoute en me méprenant sur son expression :

"Tu penses qu'elle préférerait les chocolats ? "

Comme de bien entendu, mon inexpérience sociale ne me permet pas de comprendre de quoi il retourne vraiment.

Je secoue la tête et efface cet air ridicule de chiot triste que je devais avoir sur le visage puis souris à mon soleil.

-Tu es son ami, tu sais mieux que moi ce qui lui plaît. Je lui offrirai peut être les chocolats, pour ma reaction excessive... Enfin voilà quoi.

Je détourne mon regard et fixe mes yeux sur la fin de souvenir en mordillant mes lèvres.

Je hausse simplement les épaules, bien conscient de ce qu'en pense réellement Laeti. Mais je n'aime pas voir ma chère Hana dans un tel état de stress et d'inquiétude permanent. Alors, instinctivement, je m'approche un peu d'elle. Délicatement, je glisse deux doigts sous son menton, levant un peu son visage vers le mien pour la regarder droit dans les yeux. Puis je murmure d'une voix ferme mais douce :

"Peu importe, pour le moment. Tout ce qui compte, c'est que nous nous sommes retrouvés."

Mon regard plongé dans le sien, je lui dédiai un de ces sourires larges, lumineux, qui éclairent régulièrement mon visage lorsqu'elle est avec moi. Je me penche en avant, l'enlaçant tendrement pour murmurer à son oreille :

"Je t'aime. J'aimerais que tu saches à quel point..."

Ce sourire...Ce merveilleux sourire me fait face, laissant dans mon coeur une vague de bien être. Le câlin qui suit m'aide à me détendre. Je me blottis contre lui et écoute sont coeur battre tendrement. Quand j'entends sa petit déclaration, je lève la tête pose ma main contre sa joue.

-Je le sais Soleil, et je t'aime aussi à un point inimaginable.

Je rougis légèrement mais ne détourne pas les yeux, entièrement focalisé sur ma chère et tendre.

"Je... J'aimerais qu'on... Qu'on soit plus proches. Plus..."

Je marquai une hésitation, ne sachant trouver mes mots.

Je ricane en ne prenant même pas la peine de penser ce que je dis ensuite.

- Et bien, je suis actuellement collée dans tes bras, à l'intérieur de ta mémoire... C'est difficile d'être plus proche que ça...

Je ne réponds pas, rougissant légèrement. Je ne sais que dire... Le souvenir s'efface en ondulant et nous nous retrouvons ailleurs. C'est une grande maison entourée de pins parfumés. Je suis là, discutant avec mon père et ma mère, sous le grand chêne de notre parc.

"C'est le jour où je leur ai parlé de toi."

Je laisse mon regard dériver sur la propriété familiale et des larmes me montent aux yeux. Tout n'est plus que cendres, aujourd'hui, même ce chêne pourtant plusieurs fois centenaire.

Je fronce les sourcils,et prend le visage de mon soleil en coupe.

- Si c'edt trop dur pour toi, ne le fait pas.

Je frémis, retenant à grand peine les larmes qui menacent de se remettre à couler.

"Ils me manquent tellement... je n'ai même plus ma maison ou quoi que ce soit pour me raccrocher. Même Kob'..."

Je renifle et passe une main sur mes yeux pour éviter la catastrophe, puis ajoute d'une voix brisée :

"Tu es tout ce qu'il me reste de plus précieux au monde."

Son visage toujours entre mes mains, je m'approche et embrasse son nez avecun petit baiser avant de déposer mes lèvres brievements sur les siennes.

- Je ne compte aller nulle part sans toi, maintenant.

Son petit geste de tendresse me fit sourire et je la serai dans me suis bras. Non loin de nous, me suis parents me serraient dans leurs bras. Ils étaient heureux pour moi, tout simplement. Et même s'ils me manquaient, je me devais d'être heureux. Pour eux. Pour Elle.

"Hélas, je n'aurais pas le choix. J'ai hérité de tous les biens de ma famille... la reconstruction du haras, de la maison et la mise en ordre de leurs affaires... tout cela va me retenir assez régulièrement en France à partir de maintenant."

Je fronce les sourcils et relâche son visage.

- Et alors? Je veux dire que j'ai mon permis de transplanage. Je viendrai te voir le week-end dans un premier temps. Moi aussi je serais pas mal occupée avec la gestion de l'orphelinat et des enfants mais je suis persuadée que ça fonctionnera.

Un léger sourire se dessine au coin de mes lèvres et je la serre doucement dans mes bras en murmurant :

"J'aimerais pouvoir t'offrir tellement plus..."

Je n'ajoute rien de plus, pourtant j'y pense déjà... Je peux faire plus pour elle et je le ferais. Ma situation, après tout, me donne la possibilité d'engager la fortune familiale sur une nouvelle voie et j'ai déjà quelques projets.

"Par ailleurs, il y a une question pour laquelle j'aimerais avoir ton avis." dis-je avec un air mystérieux.