Je me suis réveillé un petit peu déçu ce matin. Mon lit était chaud mais ce n'était pas la chaleur poilu de Tholys que j'avais envie de sentir sous mes doigts. Link n'était pas là. Il n'y avait que Tholys et moi. Personne d'autre. Oui, j'étais un peu triste ce matin. Comme la serpillère que j'étais ce matin, j'ai roulé jusqu'au bord de mon lit pour me laisser tomber sur mes pieds.

Je ne comptais pas ouvrir le magasin ce matin, les affaires ne vont pas très bien en Novembre, la rentré est bien passée et Noël n'est pas encore là, pas de rentrer d'argent pour les client donc pas de rentrée d'argent pour moi. Oui, Novembre, c'est le froid et seuls quelques abrutis volent quand il neige. J'envoyai un High Five mental à Lance, vu qu'on était tout les deux concernés.

J'enfile une chemise noire et un jean sur mon caleçon. Je suis seul ce matin, j'ai rien dans mes placard et sortir me fera sûrement du bien, je pris mes clés et laissai un soupir passer mes lèvres quand le froid remplit mes poumons.

Je me dirigeai d'un pas vifs vers la pâtisserie ouverte il n'y a pas longtemps, elle est tellement bonne que je pris un petit peu de tout et ressorti de là les bras charger d'un gros sac en papier. J'étais très fière d'être un sportif à cet instant, je sais que le gras ne prendrait pas sur moi !

Je comptais rentrer chez moi quand je passai devant quelques ruelles sombres.

J'enfournai une petite chocolatine entre mes dents et savourai le mélange chocolat pâte croustillante. C'était vraiment super bon ces petits trucs là, je ne m'en lasse vraiment jamais. Entre nous, je préfère encore plus le croissant.

Mes pas faisaient crisser la neige et le vent froid balayait mes cheveux, je me demandai si aujourd'hui serait une bonne journée. En tout cas, elle ne commençait pas mal, c'était un bon début. Fermant les yeux, je levai la tête et laissai l'air froid me geler les sinus. Tout allait bien.  

J'ouvrai à nouveau les yeux et un mouvement dans la ruelle attira mon attention. Un couple. Un couple d'hommes qui avait l'air de vouloir tester de nouvelles choses ... Dans la neige ? C'est original. Je vis le plus grand commencer à mordiller le pus jeune et je me sentis rougir instantanément. Pourquoi je regardais ça moi ? Je n'avais rien à faire ici !

La main du grand glissa vers un endroit qui ne me concernait absolument pas, je détournai vite fait le regard avant de penser à reprendre ma route pour aller plonger mon nez dans la fourrure de Tholys et oublier ça. Mais un nouveau son vint, une protestation. Je relevai une nouvelle fois les yeux pour regarder le plus petit repousser l'autre et glisser. Un "bonk" retentit. Je grimaçais de douleur pour lui.

Celui que je soupçonnais être le plus jeune ne réagissait plus, inerte dans la neige alors que l'autre se penchait sur lui. Je le vis tapoter doucement les joues et l'appeler. Je fis un pas en avant, la neige crissa une nouvelle fois. L'homme releva vivement la tête et me vit. Ses yeux s'emplirent de je-sais-pas-quoi et il parti en courant, comme paniqué. J'eus à peine le temps de laisser tomber ma pâtisserie dans la neige qu'il avait déjà disparu, laissant l'inconscient bah euh ... Inconscient.

Je laissai mon paquet de viennoiseries dans la neige et m'approchai à mon tour du jeune homme. Je m’accroupis devant lui et avisai ses joues baignées de larmes en train de sécher. Je ne savais pas trop quoi faire, à mon tour je lui tapotai les joues et l'appelai comme je pouvais. Pas beaucoup de réactions. J'avisai alors le sang qui tachait son T-Shirt. Là, j'avoue avoir eu un petit moment de panique.

Je passai ma main dans ses cheveux le plus doucement possible, cherchant la blessure. Une fois trouvée, je sortis ma baguette et murmurai un "Episkey" sonore. J'avais l'habitude d'utiliser ce sort sur Lance, je le maîtrisais parfaitement.

Il était réparé mais ne se réveilla cependant pas. Nouvelle panique. Qu'est ce que je devais faire ?

J'avisai ma main trempée du sang d'un inconnu et décidai de le ramener à la maison. Je ne pouvais pas le laisser là dans la neige. Passant son bras par dessus mon cou et ma main sur sa poitrine je le soulevai sans trop d'effort. Le magasin n'était pas loin et un transplanage n'était pas recommandé dans son état. Je rentrai donc à pied, portant mon fardeau pas trop lourd et évitant les rues fréquentées, j'avoue ne pas avoir eut envie qu'on me pose la moindre question.    

L'arrivée au magasin fut un soulagement et les escaliers une vraie misère. Une fois dans mon appartement, Tholys me regarda avec de grands yeux. j'installai mon invité surprise sur le canapé et le couvris d'une couverture.

Je m'assis alors par terre et poussai un énorme soupir. Est-ce que j'avais bien fait de le ramener à la maison ? Est-ce que Ste mangouste n'aurait pas été une meilleure idée ?

Mais surtout, la question qui revenait le plus souvent était : Est-ce que c'était vraiment un viol ? Je frissonnai à chaque fois que le mot " viol" me traversait l'esprit.

Je me relevai une nouvelle fois et observai mon "invité".

Pitié, qu'il se réveille vite et en " bonne" santé.

Je poussai un long soupir, la journée n'était qu'à peine entamée et je me sentais vidé. Complétement vide. J'observai un instant le visage de mon "invité" et fronçai les sourcils. Mais je le connaissais ! C'était Chris', je lui avais fait essayer des balais pour son anniversaire sous le couvert du Chiot. J'eus un moment de panique, pourquoi est ce que, d'un coup, c'était encore pire de savoir que je le connaissais ? Non, ça n'allait pas, pas du tout même.

Une larme coula sur sa joue et je m'enfuis comme un lâche. Je partis presque en courant dans ma chambre à la recherche de je-ne-savais-pas-quoi, mais je partis. Je n'eus que le temps de jeter un regard un petit peu désespéré à Tholys pour lui demander de prendre soin de Chris'.

Pourquoi est ce que j'étais parti ? Ce n'est pas devant le miroir de la salle de bain que je devais être. Je devais être auprès du meilleur ami du chiot. Je ne devais pas me mettre à penser à Link, je n'avais pas le droit de me blottir dans ses bras pour oublier tout ce qui se passait dans mon salon. Ce n'était pas moi qui avais manqué de me faire hum ... Manqué d'avoir des problèmes. Non Seyn, tu n'as pas le droit ! Reprends toi ! On a besoin de toi dans le salon.

Je me claquai les mains sur les joues pour me redonner du courage et entendis Tholys emmètre son petit appel caractéristique. Chris devait s'être réveillé.

Je retournai dans le salon, un sourire rassurant aux lèvres. Je ne devais pas paniquer devant lui. Je me plaçai devant lui, accroupi, caressai un instant la tête de mon cher compagnon à poil et m'adressai au jeune Serpentard :

- Bonjour Chris, comment tu sens tu ? Est ce que tu te souviens de moi ?

Il y avait eu pas mal de sang et on était pas à l'abri d'une petite commotion, je préférai passer pour un idiot et être sûr qu'il n'y avait pas de séquelles plutôt que l'inverse.

J'avoue que je me suis prit une bonne grosse panique au moment où il n'a pas répondu à ma question la plus évidente. Je n'ai jamais eu à faire à ce genre de situation. Enfin si, une bonne commotion, je connaissais et je savais soigner les miennes -et surtout celles de Lance, on va pas se mentir, mais j'avais l'intime conviction qu'il fallait être bien plus doux avec heu .. Des vrais gens ? Je me sentais donc légèrement flippé. Je regardai un instant Chris et ses grands yeux ébahis - et quelque peu vitreux aussi - et je tentai de me rassurer. Peut-être qu'il est très mauvais pour se souvenir des noms et des visages ! Mais oui ! C'était ça, il est un tout petit peu déboussolé et tout allait bien se passer.

J'amorçai un sourire quand le serpentard ferma les yeux avec force. J'ai eu une immense envie d'écraser mon visage dans la paume de ma main. J'étais pas dans la merde.

Je pris une discrète et profonde inspiration avant de faire un aller retour rapide dans la cuisine. Je revins avec un verre d'eau, un grand, et un doliprane. Les médicaments magiques de Papa. Enfin magique ... On se comprend.

Revenu devant lui, je lui tend le cachet et le verre d'eau en m'accroupissant. Je me met alors à lui parler d'une voix -que j’espérais - douce.

- Ne t'inquiète pas, tu es chez Seyn, enfin chez moi quoi, en sécurité. Tu es tombé dans la neige après avoir euh ... J'hésitais un instant sur les mots à prononcer, discuté avec un jeune homme.

C'était bancal mais j’espérais pouvoir le rassurer. J'eus un profond soupir, il faut vraiment que je demande à Maman de m'apprendre quelques sorts de guérison... Ca devient urgent.

Je le vois avaler d’un trait le médicament moldu que je lui proposais, une aspirine en vrai… J’espérais que ca fonctionnerait. Je n’étais sûr de rien mais qui ne tente rien n’a rien. Je souris inconsciemment comme maman le faisait quand Nim prenait sagement ses traitements.

Je vis ensuite Chris se relever et je n’eus pas le temps de dire un mot qu’il me tombait dessus. Quelle idée aussi. Il souffla et gémi un instant ce qui m’inquiéta pas mal, je lui demandai si ca allait mais il n’eut pas l’air de m’entendre.

"Des dessins. Je vois des dessins. Tu l'aimes... Tu l'aimes vraiment."

Oh mince, il délirait ? Il se mit à pleurer ? Oh non non non ! Maman, pourquoi tu n’étais pas là ?

"Il en a de la chance... Tu l'aimes tellement..."

Je ne comprenais pas, je savais qu’il parlait de Link mais comment il pouvait savoir ça ? Comment il pouvait le connaitre ? Ca n’avait pas de sens à ça me faisait flipper comme pas permit. Je devais faire quoi là tout de suite ? Ses larmes redoublaient d’intensité et je ne savais toujours pas quoi faire. Je passai mes bras dans son dos dans une étreinte que j’espérais réconfortante.

"C'est tout... tout ce que je voulais... Je voulais qu'on... qu'on..."

J’étais curieux de la suite, est ce qu’il y avait quelque chose que je pouvais faire pour qu’il se sente mieux ?

"Qu'on m'aime."

Mon sang se glaça dans mes veines. Un coup de marteau sur le cœur. Je me retrouvai projeter des années en arrière, quand Karna m’annonçait sa grossesse. Je comprenais ça. Peut-être pas de la même manière mais je comprenais. Je resserrai mon étreinte et posais ma joue contre ses cheveux dans un essaie de cocon de chaleur. Je le laissai pleurer, il n’y avait pas grand-chose à faire de plus dans cette situation.

- Ca prendra peut-être le temps qu’il faudra mais tu trouveras la personne qui comblera le vide, je le sais. Ne t’en fais pas.

Sa détresse me donnait envie de pleurer. Mais je ne pouvais pas, pas maintenant, par respect pour lui. Je ne pouvais que lui faire comprendre qu’il n’était pas seul.

Je gardais Chris contre moi le temps qu'il fallu, si ca avait pu être plus long, il l'aurait. Le temps n'est qu'une mesure et la chaleur qu'un ami peut fournir ne se compte pas. Il faut être la, ne pas compter, juste attendre que l'autre aille mieux parce que c'est tout ce qu'il y a à faire. Etre présent. Ce sentiment d'inutilité tiraillera toujours, il sera toujours là dans des moments pareils mais on ne rien y faire non plus.

Il faut fournir l'amour, il faut aimer, le laisser sentir, rassurer, réconforter. Etre là, juste là. Et je le serai toujours. Même si on en veut pas, je ne laisserai pas filer, je resterai toujours dans le dos, à doucement pousser vers l'avant, aider si on me le demande. Soutenir tout le temps. Dans l'ombre, distant mais pas absent. Jamais loin.

Finalement, il se détache doucement et fuit mon regard. Je peux comprendre. Malgré moi j'ai un petit sourire triste.

"Je suis désolé. Tu dois être embarrassé à cause de moi, vraiment navré, je ne devrais pas être là."

Je secoue la tête en signe de négation, on ne me dérange jamais, surtout si ça ne va pas bien.

"Je suis désolé. Tu dois être embarrassé à cause de moi, vraiment navré, je ne devrais pas être là."

n petit vent de panique me prit. la dernière fois qu'on l'a dit ça, c'était Link et il est tombé dans les paumes dans ma rue alors maintenant que j'avais récupéré Chris dans les pommes déjà dans la rue, hors de question qu'il rentre seul. C'est peut-être pas super cool pour lui mais je ne peux pas le laisser faire. J'attrapai mon écharpe.

-Je te raccompagne.

Je lui souris sincèrement :

- Et c'est non négociable.