Ah, doux week-end. Non pas que sa semaine fut fatigante. Elle n'avait en tout et pour tout que dix heures de cours par semaine, et naturellement, la première de l'année, elle n'avait aucun devoir à corriger. Ses élèves, comme tous les autres, étaient présentement plus occupés à jouer dehors, dans le grand parc ensoleillé, qu'à faire leurs premiers devoirs. Un fin sourire naquit sur les lèvres du fantôme, qui les observait depuis le sommet de la Tour Nord.

La Tour Nord, la tour de la divination. Enfant, elle avait détesté ces cours. Elle n'avait jamais eu le moindre don pour la voyance. Jennifael non plus. Non, ça, c'était le talent de leur sœur, Aisling. Tant et si bien qu'une dizaine d'année après leur diplôme, elle avait été Professeur à Poudlard.

Quand elle aussi l'était devenu, une première fois, elle avait passé du temps ici, à prendre le thé avec sa sœur. Parfois avec quelques uns de leur collègue aussi. Le bureau, comme la salle de cours, dégageaient une atmosphère unique. Voluptueuse et sereine. Mystique et douce. Étrangement apaisante.

La clarté des lieux étaient cependant nouvelle. Tout semblait être blanc. Épurée et lumineuse, la Tour Nord en semblait grandie. Le vieux fantôme ferma les yeux, se rappelant les douces odeurs du thé de sa sœur. Parfois, elle lui lisait quelques bribes d'avenir dans les feuilles. Jamais beaucoup. Aisling ne savait que trop bien à quel point sa sœur avait peur de ces prédictions depuis la mort de Jennifael.

Se battre contre une prédiction, c'est se battre contre le destin inéluctable, avec la Mort qui se rit de vous. Une chose bien peu agréable, pourtant, les Hommes le faisaient toujours, qu'ils soient sorciers ou moldus. Et elle savait, tout au fond d'elle, que malgré cette sagesse acquise dans les larmes et la douleur, elle recommencerait. Et se battrait.

Perdue dans ses souvenirs, elle franchit comme si de rien n'était la porte menant au bureau de l'actuel professeur de Divination. Elle compara, nonchalamment. Les grands portraits de leur famille détruite n'étaient évidemment plus là. Comme dans la salle de classe, tout était blanc. Sa sœur, elle, préférait des couleurs plus douces. Des beiges, des verts, des bleus, des mauves pastels. Mais une chose n'avait absolument pas changer. La douce odeur du thé qui s'élevait dans le bureau.

Sa main éthérée caressa le bureau. Son regard s'arrêta sur un jeu de carte. Elle haïssait le tarot. Tout simplement. Son visage se déforma brièvement par le dégoût envers ces pauvres cartes, qui avaient juste eu le malheur, il y a des siècles, d'avoir annoncés la mort de sa jeune sœur. A nouveau, elle se plaça à la fenêtre, pour observer les enfants jouer dans le parc. Tant d'insouciance dans la jeunesse. Ils avaient bien raison, qu'ils en profitent un maximum.

« La sagesse nous envoie à l'enfance. »

C'est un ami français qui avait dit ces mots, Blaise Pascal. Un moldu, mais qui l'avait fasciné par la force de ses pensées. Un grand homme particulièrement intelligent. Elle ne le comprenait que peu cependant, en particulier dans cette foi qui était la sienne. Elle avait trop étudié les temps anciens pour accorder le moindre crédit à une croyance, peu importe la dite croyance.

Mais elle se souvenait, oui, elle se souvenait. Il lui avait dit qu'aux hommes sages, il revenait le devoir de veiller, et de ne surtout pas s'endormir, car dormir, c'était laisser la victoire aux ténèbres. Il faut se tenir en silence, à l’écart des bruits qui font oublier l’essentiel, et écouter, écouter la voix lointaine de l’ailleurs. Comme un enfant se tient devant le monde, et observe. Pour s'étonner devant sa beauté, de son regard pur, à la recherche de l'amour, la vérité et la paix. Oui, il était bien compliqué, ce Blaise Pascal.

Mais il y avait effectivement de la sagesse dans ces mots, une sagesse que Lavander avait finit par écouter. Car elle était sortie il y a déjà un an d'un long sommeil, et s'était rendue là où l'enfance était reine, à Poudlard. Sachant parfaitement qu'elle apprendrait autant de ces jeunes élèves qu'elle pourrait leur en apprendre.

Un doux sourire apparut sur ses lèvres, alors qu'elle se rappelait son discours aux élèves de sa maison, et à toutes ces têtes tournées vers elle. A l'avenir que ces élèves représentaient. Un bel et magnifique avenir. Menacé. Elle le savait.

Aisling l'avait prédit.

Elle se retourna doucement, après qu'un bruit eu interrompu ses rêveries. L'occupante du lieu était là. Depuis combien de temps, allez savoir. Lavander n'y avait prêté aucune attention. Une jeune femme, au regard plus vieux qu'elle. Un regard lointain et perdu. Il lui semblait reconnaître celui d'Aisling, alors que sa soeur avait encore toute sa raison.

Sa jeune collègue, Mlle Beauchamp.