La course du professeur le gênait de plus en plus. Il se sentait ridicule et il détestait définitivement ça. Ne gardant que les gants, d'un rapide coup de baguette, il troqua sa tenue intégrale contre un pantalon noir et un manteau de sorcier. Alors, oui, bien sûr tout cela ne faisait pas vraiment sérieux, mais il y avait urgence. Et puis quelle idée de porter des robes aussi longues aussi. Comment voulez vous être efficace avec ce machin qui recouvre tout le bas du corps créant une gêne terrible aux membres postérieurs. Décidément les moldus, il n'aimait pas trop ce mot, étaient plus efficaces que les sorciers.

Se désintéressant de sa tenue vestimentaire maintenant plus appropriée à la course, il revint à son scroutt fuyard et à la demoiselle qu'il avait interpellé. Il ne connaissait absolument pas cette dernière. Elle devait être en première ou deuxième année au vu de sa taille et sa silhouette. Elle avait les cheveux d'une couleur rouge orangé de toute beauté. C'était du moins l'avis d'Ewan. Il aimait le rouge. Le rouge est cool, surtout dans les cheveux. Et puis, ces petits reflets orangés rajoutaient de la superbe à la crinière. Résultat, elle donnait l'impression d'avoir un soleil couchant dans les cheveux.

Mais tout cela était bien beau, mais ça ne faisait pas avancer le schmilblick. Se concentrant à nouveau sur sa course, il s'aperçut qu'il avait quasiment rattrapé son retard. A ce moment, l'enfant attrapa à pleine main les deux dards de la bête et le souleva de terre. C'était assez comique en y pensant, le scroutt à pétard se trouvant soudainement à environ 50 centimètres continua à battre des pattes comme pour continuer à courir malgré le sol absent. Une réplique de film moldu revint immédiatement dans la tête du professeur : "Il est marrant ce sol, il n'est pas palpable."

Oui, en y réfléchissant la scène devait être plus que cocasse pour un observateur externe. Du point de vue d'Ewan, c'était plus compliqué à admettre. Si la jeune fille, en attrapant ainsi le scroutt, avait neutralisé les dards, la chaleur produite par l'animal en cas de stress restait un danger pour elle. Il accélérant sa course n'étant plus qu'à cinq mètres. Par réflexe, pour la protéger, il s'écria :
"Lachez le ! Il va vous brûler."

L'instant d'après, il se fit la remarque que c'était à la fois une idée brillante, mais aussi le meilleur moyen pour lui faire faire encore plus de sport. Mais quoi qu'il arrive, il devait protéger l'élève, quitte à continuer son footing matinal imprévu. Il se mit à maudire ces bestioles une fois de plus. Comment Hagrid avait-il bien pu les aimer, et surtout les créer ? Ces répugnants arachnides se promenaient dans la nature et laissaient derrière eux que des ravages. Oui, obliger un professeur à courir de toutes ses forces dans le parc était un ravage. Parfaitement monsieur.

Alors qu'il s'approchait de l'élève, il se rendit compte que c'était une deuxième année, d'après sa robe. Elle avait des yeux verts fantastiques et le contraste avec les cheveux rouge-orangé-couché de soleil était... Euh... Saisissant. Il remarqua aussi qu'elle avait laissé tomber un livre durant la chasse. Une littéraire hors de sa bibliothèque, voilà qui était rare. Mais il devait bien admettre que le temps s'y prêtait. Ewan nota qu'il aurait bien profiter du temps disponible pour aller faire un tour près du lac. Son poulpe finissait par manquer de nourriture. Mais pour l'instant, un seul objectif : rattraper cette horreur.

Ewan n'était qu'à quelques mètres du duo scroutt, cheveux rouge-orangé-coucher de soleil. Il vit la technique absolument brillante que la jeune fille mit en œuvre pour soulager ces mains. Décidément, cette enfant était pleine de ressources. Mais c'était tout de même dommage pour son écharpe. Elle était plutôt jolie d'ailleurs. A vue de nez, Ewan supputa une écharpe en laine de mohair. Avec de très jolies couleurs d'après lui.

Mais se concentrant à nouveau sur la situation, il se maudit d'être aussi tête l'air. Il lui suffisait d'un rien pour que aussitôt son esprit parte vagabonder en des terres inconnues. Cela lui rappelait les lectures au coin du feu, dévorant des livres moldus parlant d'aventures épiques comme le Seigneur des Anneaux ou encore les livres de Claude Ponty et leur univers délirant. C'est alors que la voix de l'élève le ramena à la réalité.

Elle allait lâcher. C'était d'ailleurs tout à fait normal étant donné la situation dans laquelle elle se trouvait. La question était quand. Il jura tout haut cette fois si et décida que vu l'état actuel des choses il pouvait bien se ridiculiser encore un peu. Il accéléra. Il calculait à toute vitesse qu'il lui faudrait atteindre s'il voulait réceptionner le scroutt à temps lorsque ces jambes décidèrent de faire du tricot. Surement pour réparer l'écharpe endommagé, n'est-ce-pas ?

Il maudit sa capacité à ne pas savoir se mouvoir correctement et tomba face contre terre, les bras levés au dessus de sa tête. Le nez dans la poussière, il sentit sous ces doigts la carapace rugueuse de l'horreur flambante et chercha à crier à l'élève de lâcher le bébé.

Dans sa tête cela ressemblait à ça :
"Lâchait le tout ! Je réceptionne le bébé et les flammes !"
En vérité; le son qui s'échappa de ses lèvres et monta aux oreilles de la demoiselle ressembla plutôt à :
"Hachait le cou ! N'yé répcionne hé hé hé fleumme !"

Ewan n'était vraiment pas sur de la suite des opération, mais il espéra simplement qu'il pourrait sauver ses cheveux. Ils étaient sa fierté, sa bataille, la chair de son cuir chevelu. Il en prenait grand soin malgré leur aspect indomptable qui lui donnait toujours l'air d'un homme sorti d'un hosto.

Il se releva brutalement en entendant la supplique de son lève, même si le mot "son" était un poil prématuré, soyons clair. Cependant, il aimait se dire que chaque élève de poudlard aimant les animaux étaient un peu le sien. Il se mit à réfléchir à toute vitesse tout en séparant l'enfant de l'animal. Qu'allait-il bien pouvoir en faire ? Il pouvait au choix le jeter dans l'herbe et lui lancer un sort de reducto. Mais les scroutts se faisaient rares, il se sentait mal de le tuer. Et puis, c'était un beau spécimen quand même.

Il tenait maintenant l'animal grâce aux gants et l'élève pouvait le lâcher. Pourtant, elle semblait hésiter. Le professeur se rendit compte que depuis le début il n'avait pas prononcé un seul mot. Les yeux fixés sur la créature, il n'avait pas ouvert la bouche une seule fois. Une petite voix dans sa tête lui souffla que ça ne se faisait pas. Il ne se comportait pas de manière logique et sociale.

Tenant toujours le scroutt à deux mains, il releva la tête et fit son merveilleux sourire éclair. Celui qui dure deux secondes, ne ressemble à rien, mais sert à dire : "Je t'ai vu et je reconnais que tu es un humain." Il décida d'ajouter des mots. Après tout, c'est comme ça que les humains sont censés communiquer.

"Mademoiselle, bonjour. Tout d'abord, merci beaucoup pour votre aide. Je pense que je vous en serais toujours reconnaissant." Il refit son sourire bizarre et ontinua. "Cependant, je pense que vous devriez retirer vos jolies mains de l'animal, je crois qu'elles n'y résisteront pas."

Cela l'aurait un peu chiffonné de se retrouver avec de la peau d'humaine incrustée dans la carapace d'une créature. Ça finirait par sentir mauvais, et il n'était pas sûr de réussir à désincruster tout ça.