Le soleil commençait à réchauffer les sols, le printemps refaisait surface et l'humidité fuyait les murs de pierre. Nim se baladait le cœur léger dans les couloirs du château, un petit sourire aux lèvres elle profitait de son dimanche. Là elle avait bien envie de passer une petit peu de temps avec Cisty, la petite plante dont elle s'occupait. Quand elle repensait à sa séance de botanique avec Link Brown, elle était partagée entre rougir de gêne et sourire bêtement. Mais aujourd'hui, elle avait juste envie de sourire.

Elle trottinait presque vers les serres, son sac laissé dans son dortoir, elle était parfaitement libre de ses mouvements. Ses seuls accessoires étaient sa cape et son écharpe Poufsouffle. Elle était douce et sereine, elle verait son frère bientôt en plus, et qui dit Seyn, dit Tolys, Elle aimait tellement passer du temps avec eux deux. Oui, vraiment la journée commençait bien.

Elle se baladait tranquillement, esquivant les autres élève d'un pas presque dansant, elle ne faisait attention à personne et si elle croisait des visages familiers … Elle ne les voyaient pas, tout simplement. Elle était dans sa petite bulle de plénitude.

Puis un petit livre s'écrasa devant elle, un livre de poche semblait il, tout petit et tout fin, il ne fit pas de bruit quand il tomba mais la gamine s’arrêta devant et écarquilla les yeux de surprise. Doucement elle se pencha pour le ramasser et se retourna dans le but de le rendre à son propriétaire. C'est à ce moment là que sa petite bulle éclata et elle redevint elle même.

-Ah … Euh … Ex...Excusez moi, vous euh …. Vous avez laissé tomber ça …

Elle eut un petit sourire quelle espérait engageant et rougit un tantinet, non décidément, elle n'était pas douée avec les être humains.

Quand le regard de la rouquine croisa celui de la jeune serpentard, elle se figea. Une tripotée de souvenirs pas si anciens refaisaient surface, la colère, la tristesse et la peur. La tristesse surtout. Nim resta sur place, les lèvres entrouvertes et la main toujours tendue.

Quelque chose n'allait pas, bien qu'il soit toujours présent, le petit éclat dans les yeux de la petite serpent semblait plus terne. Bien que Nim n'aime pas cet éclat dure et froid, ne pas le voir lui faisait bizarre.

Elle reprit contenance quand Nocta lui arracha le carnet des mains avec un « merci bien » des plus secs et partie. La Poufsouffle resta dans le couloir encore quelques instant, la tête dans les épaules et l'écharpe remontée sur le nez. Elle réfléchissait ? Non, pas vraiment, elle subissait plutôt le flot de sensation qui refaisaient surface et une décision devait être prise.

Est ce qu'elle fuyait vers la serre et allait se réconforter près de Cisty ? Ou retourner dans son dortoir s'enfermer sous ses draps, espérant n'avoir rien vu ? Ah, ou encore écrire à son frère ? Sinon, aller trouver Eileen Ted ou Joe pour passer du temps et oublier … ?

Plein de solutions s'offrait à elle et pourtant, elle n'en choisit aucune et pénétra à son tour dans la cour intérieure. Indécise, elle marchait lentement, la main crispée sur son écharpe. Arrivée en face de l'arbre où elle avait vu Nocta s’asseoir elle hésita puis, finalement, s'assit à l'opposé de la serpentard. Elle jeta un regard au ciel et eut un petit soupire, pourquoi était elle revenue ? Elle n'en savait trop rien elle-même, mais elle était là.

Face au silence qui s'était installé, Nim ne dit rien et supposait, elle supposait que la jeune Nocta pleurait, qu'elle laissait libre cours à ses sentiments et que c'était … Triste.

La rouquine ressentit ce qu'elle avait vécu la dernière fois, lors de leur première rencontre, la peur, ténue, et une immense tristesse … Pourquoi ? Pourquoi est ce qu'elle ressentait ça pour cette jeune serpentard qui lui avait fait du mal ? C'était incompréhensible. Nim ne se comprenait plus quand elle était en contact avec cette petite blonde …

Doucement, elle se levait de son tronc, fit le tour de l'arbre et se planta devant le corps recroquevillé de la jeune fille. Le premier regard qu'elle reçut lui fit peur, allait elle encore se faire crier dessus ?

Nim eut un petit moment d'appréhension mais rien ne vint, à la place elle ne reçu qu'un « Pourquoi » triste et faible qui lui jeta un froid. La situation était bizarre.

Doucement, la gamine s'assit sur l'herbe verte et tendre, elle s'assit en tailleur et après un petit sourire contrit elle répondit tout naturellement :

-Je ne sais pas …

Non, elle ne savait définitivement pas pourquoi elle était là, ce qu'elle cherchait à faire et pourquoi elle le faisait. La rouquine se sentait perdu. Nocta éveillait en elle une myriades de sentiments que Nim ne savait absolument pas gérer. C'était trop d'un coup, alors elle suivait son instinct, ne sachant pas pourquoi elle le faisait, mais elle le faisait.

-Pour aider … Peut-être ?

Non, elle ne savait définitivement pas ce qu'elle faisait

Nim regarda en détail la jeune fille assise en face d'elle, elle regarda les cheveux blonds et le dos frêle de celle qui lui faisait face. Elle avait envie de fuir . Elle ne se reconnaissait pas. La Nim connu de tous n'aurait jamais eu le courage de revenir et d'affronter cette personne qui avait été aussi vile avec elle. La rouquine aurai juste pensé avoir fait une erreur quelque part. Mais là, ce n'était pas la même chose. Ce n'était pas sa faute et elle ne savait. Mais ce que la gamine savait le mieux en cette instant c'est qu'une main devait être tendue.

"Ce qui m'amène encore une fois à la même question: pourquoi?"

Décidément la rouquine n'avait aucune réponse... Elle ne savait pas comment avancer. La situation la bloquait.

Quand Nocta releva les yeux et plongea son regard dans celui de la Poufsouffle, Nim eut un petit frisson.

"J'ai abîmé ton livre. Je me suis moqué de toi. Alors qu'est ce que tu fais là? Pourquoi tu ne me méprises pas comme tous les autres, comme moi-même je te méprise?"

La rouquine eut un petit pincement au cœur quand la Serpentard parla de mépris. Elle ne savait pas pourquoi ça lui avait fait mal … Est ce que c'était parce que la jeune fille la méprisait ou est ce que c'était parce qu'on pensait que la Poufsouffle était capable de mépriser quelqu'un ?

Sans vraiment réfléchir, Nim s'assit dans l'herbe, en tailleur, face à la petite blonde et lui offrit un petit sourire triste. Elle avait l'impression d'avoir une flamme de bougie face à elle, forte mais à l'instant présent, vacillante.

-Je n'ai pas de réponse... Je ne sais pas.

Elle observa un instant le ciel vide et se remémora leur rencontre dans la neige … Elle avait l'impression que rien n'avait changé, que le monde avait évolué sans elles deux.

-Tu as détruit un de mes romans, tu as été méchante et pourtant je suis là … Je dois être quelqu'un d'incroyablement bête...

Elle prit une petite inspiration, plongea son regard dans le bleu de son interlocutrice et souffla:

-Et pourtant … J'ai le sentiment qu'il faut que je sois là...

La gamine rougit alors de son audace.

Quand la blonde en face d'elle se releva d'un bond, Nim fit un pas en arrière, surprise. Elle observa le visage de porcelaine se charger de colère, les sourcils doucement se froncer et les larmes briller face aux pâles rayons du soleil.

La rouquine écarquilla les yeux. Quel était ce soudain virement de situation ? Pourquoi est ce qu'elle se mettait en colère ? La Poufsouffle avait elle dit quelque chose qui ne fallait pas ?

"C'est ça, tu dois être incroyablement bête pour penser que je n'ai pas compris ton petit jeu!

Nim leva doucement un sourcil, elle ne comprenait pas.

-Si c'est pour m'humilier ou pour dire à tes amis blaireaux que tu m'as vu pleurer laisse tomber!

De quoi parlait elle ? Pourquoi l'humilier ?

-Je n'ai besoin de rien ni de personne et je ne me laisserais pas avoir par ta fausse gentillesse!"

La gamine senti grandir une boule au creux de son estomac, invisible et forte. Elle prenait de plus en plus de place tandis qu'elle écoutait les propos de son interlocutrice. Elle connaissait cette sensation, elle l'avait déjà vécue et encore une fois, c'était en face de Nocta que tout ça c'était exprimé.

Qu'est ce qu'il c'était passé dans la tête de la Serpentard pour qu'elle en vienne à cette conclusion ? Nim ne connaissait pas ce genre de méchanceté gratuite, elle n'en était tout simplement pas capable. Comment pouvait elle même y penser ?

Son poing se sera tandis que son interlocutrice s’affaissait sur le sol.

"Vas-y moque toi de moi je m'en fiche de toute manière."

Nim serra les dents, la boule avait prit une place importante et se déversait dans tout les muscles de son corps, les bandants au maximum.

Les sourcils froncés, elle se laissa tomber à genoux et sans crier gare elle gifla la petite blonde avant de hurler, hors d'elle :

-Arrête ! Arrête de voir le mal partout ! Tu te détruit ! Tout le monde ne te veux pas que du mal ! Ca ne sert à rien de vivre comme ça ! Tu ne peux pas être heureuse comme ça !

Puis, se rendant compte que ce quelle venait de faire, Nim ouvrit de grands yeux pleins d'horreur et tomba sur les fesses dans l'herbe grasse. Elle ne c'était pas reconnue à cet instant, encore une fois.

Les yeux écarquillés et le souffle court, Nim regardait la joue rouge de son interlocutrice qui se tenait droite devant elle. Elle n'en revenait pas. Elle venait de gifler quelqu'un. Et pas de n'importe qu'elle manière. Elle venait d'avoir eu une folle envie d'imposer son opinion, d'ouvrir les yeux de la jeune Serpentard. De la pousser vers un chemin plus sûr et plus lumineux.

De lui tendre la main.

Voila tout ce que ce coup représentait. Une aide, un peu brutale certes mais ça n'en restait pas moins qu'une aide... Du point de vue d'une Nim un petit peu dans le brouillard.

"Je me moque du bonheur."

La gamine eut un petit tique du visage, comme si on lui avait fait une pichenette sur la joue. Elle ne comprenait pas. Comment on pouvait ne pas y faire attention ? Ce n'est pas le but de chacun ? Non. C'est impossible. Juste impossible.
Nim reporta son attention sur les yeux rouges de la jeune fille en face d'elle. Peut-être que si la Poufsouffle faisait plus attention aux gens elle aurai pu lire quelque chose dans le regard de la Serpentard. Pourtant elle se contenta de ce qu'elle ressentait à l''égard de Nocta : de la tristesse. Encore et toujours de la tristesse.
Aux yeux de Nim, Nocta se noyait dans un puis noir et sans fond de pensées sombres mais elle avait envie d’apercevoir une petite lueur dans l'obscurité. C'est d'une étincelle que né un incendie.

"Frappe moi encore une seule fois, et je t'assure que tu regretteras ta naissance."

La rouquine ne réagit pas à cette dernière phrase, les conséquences, elle n'en avait cure. Pourtant, tandis que la poupée s'éloignait, lui tournant le dos, Nim dit :

- Tu sais aussi bien que moi que ce n'est pas vrai. Tu le sais tout au fond de toi Nocta. Le Bonheur, tu y crois.

Et à son tour, elle se leva, ramasssa ses affaires et partie dans la direction opposé.