Et voilà la jeune fille sortie de son cours d’Etude des Runes, les pensées emplies de traductions, de grammaires, et de runes toutes plus belles les unes que les autres. Ces cours là, la jeune Serdaigle les voyait comme un véritable moyen pour accéder à la sagesse des anciens, et il n’était pas rare qu’elle aille voir leur professeur pour lui demander de l’aide sur des passages, pourtant loin au dessus du niveau qu’elle était censée obtenir à la fin de cette année ci. Au point qu’il arrivait parfois au dit professeur d’éconduire purement et simplement la jeune élève, lui précisant qu’avant d’étudier elle-même les anciens lieux de magie, pour y décrypter les runes, elle avait devant elle au bas mot quatre ans.
Et c’est exactement ce qui arriva alors qu’elle s’approchait du bureau. Le professeur la congédia, puis, devant son insistance, du menacer d’enlever des points. C’est déconvenue qu’elle quitta la salle, mais non sans les quolibets moqueurs de quelques uns. En réponse à ceci, elle ne trouva rien d’autre à faire que de fuir à toute jambe. Alistine n’était pas une parangon de la confiance en soi. Loin de là. Elle percuta un Serpentard, qui ne tarda pas à exiger des excuses et plus encore.
Elle détestait les intercours. D’un coup de baguette magique, elle se permit de fausser compagnie à l’élève, bondissant de plusieurs mètres. Elle ouvrit la première porte qu’elle trouvait, et s’engouffrai dans le placard, refermant la porte, entendant déjà le Serpentard tambouriner à celle-ci.

« Nonnononononononononon ! Jen’ouvriraispas, allezvousen ! »

Elle avait déjà eu quelques problèmes avec ce gorille, et décidément, elle ne supportait pas d’être face à lui. Elle adressa un prière muette à Râ, et à tous les dieux qu’elle connaissait, afin que quelqu’un puisse la tirer de là.
Surtout que bon. Un placard à balais, on a déjà vu planque plus agréable.

Soudainement, l'on ne frappa plus à la porte. Elle entendit une voix, féminine, et familière. Sans parvenir à identifier celle qui parlait. Mais en tout cas, elle était efficace. Puisque ce qu'elle entendit ensuite, ce fut des pas précipités. La blondinette souffla de soulagement. Restait à savoir qui avait fait fuir le gorille. Pas une professeur, pas pitié, non, elle risquait encore de perdre des points pour le chahut qu'elle avait créé.
Mais ses doutes furent vite écartés. Annaëlle.
Annaëlle Rosario, une bretonne, française donc, mais dont la famille préfère Poudlard à Beauxbatons. Des griefs historiques, de quant bretons et français se tapaient dessus. Et bien quoi ? Vous n'avez jamais fait quelques recherches sur vos connaissances vous ?
Alistine souffla, puis ouvrit la porte, et fondit en larme devant le visage familier. Elle se précipita dans les bras de son ainée, soulagée.
La préfète des Serdaigle, et capitaine de l'équipe de Quidditch de la maison, bénéficiait d'une confiance presque absolue de la part de la petite surdouée. Celle ci admirait notamment sa confiance en soi, et ses manières désinvoltes. Ce n'était pas elle après tout qui aurait pu faire fuir un méchant Serpentard, loin de là !

"OhmonDieu, j'aieusipeurmerciAnnaëlle, ohmonDieu, qu'estcequej'auraispufairesanstoitum'assauvélavie !"

Elle se recula légèrement, elle même très gênée de ce débordement d'affection, les yeux légèrement gonflés, et les joues toutes rouges à cause de cette gêne. Puis elle sourit timidement, et se tenta à faire de l'esprit.

"Tusaisqu'iln'yapasplusvided'intérêtquelesplacardsàbalaisjen'auraispasaiméfinirmaviededans !"

Sa blague ne fit rire qu'elle, sans doute parce que premièrement, elle était mauvaise, et secondement, parce qu'elle parlait toujours trop vite. Elle devint alors pivoine, et préféra regarder l'intérieur de son sac, vérifiant ainsi que rien n'était abîmé, plutôt que d'affronter le regard des autres.

Elle finit par sortir de son sac un sachet d'arlequins, des bonbons moldus, certes, mais tellement bon, qui avaient été envoyés par ses parents dans la semaine, avec une réponse à sa récente lettre, demandant à rester pour le Bal de Noël de Poudlard. Elle en tendit un à Annaëlle avec un grand sourire, puis en dévora elle même un autre. Enfin, quand on dit dévorer, pour un arlequin. Disons plutôt qu'elle l'enfourna aussitôt dans sa petite bouche, avant de répondre à son ainée.


Fort heureusement, Annaëlle possédait un décodeur pour le parlé rapide et inarticulé de la jeune Serdaigle, car sinon, cette histoire, fort passionnante au passage, resterait un mystère des plus complets. Remettant la main sur son emploi du temps -Alistine avait une fâcheuse tendance à oublier à quel cours elle devait se rendre à chaque fois- elle put constater qu'elle était libre jusqu'au déjeuner.

Parler plus doucement, tsss. Facile à dire, mais pas à faire ! C'est vraiment très compliqué de parler au ralenti, vous savez ? Pourquoi en plus elle la regardait comme ça ? Elle répondit machinalement à la question d'Anna -le livre était justement celtique ce qui devait être effectivement plus que dans les cordes de son ainé- mais voilà. Parfois, il fallait vraiment se méfier d'Anna et de ses lubies. La nouvelle en date, ce fut d'accepter de l'aider... Mais de faire ceci dans ce placard à balais exiguë, sombre et humide plutôt que bien installée dans la bibliothèque.


Encore moins pour Alistine, qui avait tendance à trèèèèèès largement s'étaler dès qu'elle commençait quelque chose. A l'image de son esprit volatile et capable d'assurer plusieurs tâches en même temps, après tout. Néanmoins, après avoir murmuré un Lumos des plus nécessaires, elle sortit de son sac enchanté (après plusieurs essais, elle avait bien trop de livres dedans) le fameux grimoire, aux pages jaunies, et à la couverture très abîmée par le temps. Elle l'ouvrit à la dernière page... Avant de fixer un point derrière la préfète.


Si vous trouvez qu'habituellement, elle parle vite, alors, c'est que vous ne l'avez encore jamais vue aussi effrayée. Il ne lui fallut guère plus de temps pour s'enfuir en courant s'il vous plait de placard, son livre bien précieusement dans ses bras, alors que les rares personnes du couloir l'observaient d'un air des plus étranges.

Il ne devaient effectivement pas voir beaucoup de personnes étudier dans un placard à balais...