Je soupirais en me massant la nuque. Je savais que je ressemblais beaucoup à mon père. Je ne le voulais pas vraiment. Mais Alouarn avait raison. Tout ce savait un jours mais bon ... Ce n'était pas facile à dire

" Non, je suis comme mon père. J'ai du mal à dire les choses. Je préférait qu'il le comprenne par lui même ... C'est celle la de boulangerie ?"

Je montrai la boulangerie avec une belle enseigne rouge et bleu

J'ouvris de grands yeux.

"Mais, si chacun attend de son côté que l'autre devine, ça n'arrivera jamais ! On n'est pas dans votre tête. Ton père aimerait bien que tu devines les choses, tu aimerais que lui devine les choses mais vous êtes tellement chacun dans votre petit monde que ça n'arrivera probablement jamais... Vous vous êtes tellement éloignés les uns des autres que cette communication là n'est pas possible... En tant normal non plus ce n'est pas possible... Si on essaie de comprendre l'autre sans que celui mette des mots sur ce qu'il ressent, on risque d'interpréter à notre façon... et de se faire beaucoup de films... On reste souvent camper sur nos positions... Très honnêtement, je me demande si tous les partis ne sont pas trop fiers pour faire le premier pas... Ou trop orgueilleux... Je ne sais pas..."

Gidéon montra une boulangerie. Je levais la tête et ouvris grand la bouche.

"Mais... mais... ils ont changé la devanture de la boulangerie !"

Et j'éclatais en sanglots. Papou s'approcha de moi et me demanda :

"Et bien, mon garçon, pourquoi ce gros chagrin ?"

"Bah... Ils ont tout changé... et... et... et moi je n'aime pas quand ce n'est pas tout pareil que d'habitude... Même qu'ils doivent avoir tout changé à l'intérieur... Ca se trouve, ce n'est même plus les mêmes croissants que d'habitude... Et moi, je voulais les mêmes croissants que d'habitude... Moi, je voulais que ça soit le gentil vieux monsieur qui nous sert... Ca se trouve, il est parti aussi, et on n'aura plus jamais ses histoires du matin quand on va chercher les croissants..."

"Oula, mais tu pars loin, mon garçon ! Pourquoi n'irions-nous pas leur demander ?"

"Non, moi, je ne rentre pas ! Ca se trouve, c'est un piège !"

Je m'assis à même le sol, et me mis à bouder, tout en essayant de sécher mes larmes qui n'arrêtaient pas de couler...

"Dis, papou, pourquoi ils ont tout changé sans me dire ?"

"Je ne sais pas, mon garçon."

Il s'approcha de moi et me tendit la main pour m'aider à me relever.

"Je propose que nous allions regarder à travers la vitrine pour voir si ton ami, monsieur Seguin, est là, d'accord ?"

"Et s'il n'est pas là ?"

"On avisera, d'accord ?"

Je fis oui de la tête, pris la main de papou, me relevais, lui fis un gros câlin, avant de me précipiter vers la vitrine pour voir si monsieur Seguin était là.

J'étais un peu perdue face au comportement d'Alouarn… C'était … Ma faute ? Je ne voulais pas qu'il soit triste moi ! Je l'aimais bien ! J'attendis en me dandinant sur place. Conan, le papa d'Alouarn, finit visiblement par rassurer son fils et entrer dans la boutique. Je fixai la porte une bonne trentaine de secondes. Bon bah … J'allais devoir plier les genoux ! Et me pencher. Ce que je fis mais une voix me fit me redresser. CRAC ! Je poussais un juron en plaquant mes deux mains sur l'arrière de mon crâne. Je venais juste de me prendre le haut de la porte dans le crâne. Ça faisait mal !

Je regardais la vitrine... Enfin, ce qu'il y avait à l'intérieur de la vitrine... Ce n'était pas les mêmes gâteaux que d'habitude... Mon visage se ferma instantanément... Je détestais quand les choses changeaient sans me le dire... Ma tête n'était pas du tout préparée... Une voix à l'intérieur de la boulangerie me fit sourire : c'était monsieur Seguin ! Je me précipitais à l'intérieur au moment où Gidéon poussa un juron... Il se tenait la tête... Je me précipitais vers lui...

"Dis, montre ta tête pour que je regarde le bobo ! Qu'est ce que tu t'es fait ? C'est un bobo dans la tête ou sur la tête ?"

Hein … ? J'étais un peu sonné avant de fixer Alouarn ? Il voulais voir mon crâne ? Je me baissai un peu et baissai la tête vers Alouarn. Je regardais mes mains. Bon ! Je crois que je ne m'étais pas ouvert le crâne. Par contre j'étais bon pour un solide mal de crâne.

« Je me suis relevé un peu vite … C'est tout. C'est un bobo sur la tête … C'est rien … C'est pas la première fois que ça m'arrive. Ni la dernière sinon. »

Je me redressai lentement en clignant des yeux. C'était joli dans la boutique. L'homme derrière le comptoirs me fixa

« … Tout va bien ?
- Un peu sonné mais ça va. Désolé de vous avoir fait peur. »

Gidéon se baissa pour mettre sa tête un peu près à ma hauteur. Je pris sa tête entre mes mains et me mis à l'examiner un peu sous toutes les coutures.

"Non, mais ne te relève pas aussi vite, Gidéon, je n'ai pas fini de faire le docteur !"

Je sortis un rouleau de bandages de ma poche et commençais consciencieusement à le déplier.

"Mon garçon, il me semble qu'il n'y aucune blessure sur la tête de Gidéon."

"Bah, si ! Il a dit que sa tête était un peu sonnée, alors il faut lui mettre un bandage magique pour que sa tête redevienne normal !"

Un vieux monsieur s'approcha de moi et demanda :

"Oh, mais il me semble reconnaître le bandage magique de ma fille !"

Je relevais la tête de mon ouvrage, un large sourire vint alors illuminer mon visage, et je sautais au cou du vieux monsieur :

"Monsieur Seguin ! Je croyais que vous étiez parti pour de vrai sans me dire ! Je suis content que vous soyez là ! Mais... Mais... Dites, pourquoi vous avez changé devant ? Moi, j'aimais bien quand ça faisait tout ancien ! C'était tout joli ! Là, on dirait que ça fait fausse boulangerie !"

"Et bien, et bien, en voilà un accueil ! La devanture a été changée car je pars à la retraite dans quelques semaines. C'est ma fille et mon gendre qui vont reprendre l'affaire. Ils ont voulu faire une devanture qui leur ressemble."

"Mais... Ca veut dire qu'on ne va plus jamais se revoir de toute la vie et que nous ne pourrons plus venir chercher vos croissants de temps en temps le matin ?"

"Oh, mais ne t'inquiète pas, je leur ai appris tout ce que je savais !"

"Oui, mais si ce n'est plus vous qui faites les croissants, ce n'est plus les mêmes croissants, et moi, je ne voudrais plus les manger !"

"Je ne suis pas encore parti, tu ne veux pas jeter un coup d'oeil aux vitrines ? N'hésite pas non plus à regarder, Gidéon, je suis sûr que tu peux trouver ton bonheur."

Il me laissa passer, avant de s'approcher de Gidéon et de lui demander tout bas :

"Hum... Excusez-moi cette question mais... vous êtes le compagnon d'Alouarn ? Je pensais qu'il était amoureux de son médecin... Vous êtes son médecin ? A l'entendre parler de lui, je pensais qu'il était plus vieux que lui. Vous me donnez cette impression d'être encore bien jeune. Mais, entre nous, je ne pensais pas que vous étiez aussi bien bâti que ça. Il a enfin osé vous le dire qu'il vous aimait ?"

Alors, le coup sur la tête devait également m'avoir rendu mal entendant pendant quelques temps. Je fixai le commerçant en essayant de bien comprendre ce qu'il avait dit. Puis je deviens écarlate. Je me redressai un peu trop vivement et tout tangua autour de moi . Je restai donc penché à hauteur du vieux monsieur et je lui murmurais

« … Q … Qu … Qu … Non ! Je … Je suis … le fils du médecin ! V … Vous n'avez pas fait de gaffe … Mais … je ne sais pas … Pour moi ils étaient déjà ensembles ! Mais … Je suis encore au collège, j'ai quatorze ans. Oui … Je sais j'ai l'air d'en avoir vingt … »

Je souris au monsieur avant de regarder le plafond pour regarder si je pouvais me redresser de toute ma taille. Oui ! Ce que je fis avec plaisir avant de regarder les étagères. Je vis un homme sortir de la porte derrière le comptoir. Oh ! Le gendre de Monsieur Seguin ? Il avait l'air d'une douceur incroyable Il nous sourit et après nous avoir salué se tourna vers le vendeur

« Armand ? Louise a mit à cuire les dernières fournées, elle demande s'il faut autre chose ? 
- Je vais voir. Viens, je vais te présenter ! »

"Oh,veuillez m'excusez, jeune homme ! Quel insensé je fais ! En plus, je devrais le savoir ! Alouarn préfère les hommes qui sont plus vieux que lui... Entre nous, il ne se sent pas vraiment en sécurité avec des hommes plus jeunes ou du même âge que lui ! Et bien, enchanté !"

Papou, qui avait entendu la conversation, intervint en souriant :

"De toute façon, si Linus et Alou' se mettent un jour ensemble, on le saura tout de suite ! Même si aucun des deux ne le dit !"

Le regard de papou s'assombrit quelques secondes : il savait que si ça arrivait, j'aurais à changer de médecin, et ça, ça serait la fin du monde !

"Papou, papou, regarde le gros chou à la crème ! Il est énooooorme !"

C'est à ce moment là qu'un homme vint des arrières cuisines. Je le regardais de haut en bas, avec de gros yeux ronds. Monsieur Seguin voulait nous le présenter ?

"Mes amis, laissez-moi vous présenter Paul, mon gendre. Paul, voici Alouarn, son papa, Conan, et Gidéon, le fils de son médecin. Ce sont de très bons clients. Je t'en ai déjà parlé, n'est ce pas ?"

"Bien sûr ! Je m'en souviens !"

Il tendit sa main à papou qui la serra, puis à Gidéon pour le saluer.

"Alouarn a très peur que les croissants ne soient plus les mêmes une fois que je serais parti."

Je devins rouge comme une tomate !

Je saluai Paul et souris à Alouarn qui était tout rouge. Pau sourit lui aussi et disparu par la porte pour revenir avec un croissant tout chaud qu'il tendit à Alouarn.

« Tenez, ce n'est pas moi qui fait les pâtisserie mais Louise. Je serais vendeur. C'est un croissant que Louise vient de finir, il est tout chaud. Vous me direz comment il est. Faîtes attention il est encore chaud. Mais on utilise toujours la même recette qu'Armand. »

Je me détournais pour regarder les gâteaux dans les vitrines. Certains étaient de véritables œuvre d'arts. Certains complètement aériens d'autre plus classique mais magnifiquement décoré. J'en restais bouché bée.

Je regardais les va et vient de mes camarades. Je n'osais pas prendre le croissant que Paul me tendait. Je fronçais les sourcils.

"Et comment je sais qu'il n'est pas empoisonné ?"

Papou me donna une petite tape derrière la tête.

"Alouarn, on ne dit pas ce genre de chose !"

"Mais, papou, c'est vrai ! Peut-être que... Enfin, je veux dire, monsieur Seguin, c'était un magicien, et, de magicien à magicien, et bah, on avait des accords... Et..."

"Qu'est ce que c'est que cette histoire, mon garçon ?"

Monsieur Seguin sourit et répondit à mon père :

"Ah ah ah, ne t'inquiète pas, Conan ! Cette histoire, c'est entre Alouarn et moi. Allez, viens, on va voir Louise ! Gidéon, veux-tu venir ?"

Il fit un clin d'oeil à mon père, signe qu'il gérait très bien la situation ! Je le suivis sans rechigner.

"Tu sais que Louise est une magicienne, aussi ?"

"Elle a eu son diplôme de magicien ?"

"Et bien, oui ! Tu verras ! C'est une magicienne très forte ! Et même si c'est une femme, tu verras, elle respecte les accords ! Tu pourras venir lui parler quand tu veux ! Et Paul a toujours des histoires à raconter !"

"Gidéon, il faut vite vite aller voir derrière ! Viens vite, on va voir la magicienne ! On pourra voir son diplôme ?"

PERDU. Voilà ce que j'étais. Complètement perdu avec toutes ces discussions . Mais visiblement, Alouarn voulait que je vienne avec lui, alors je le suivis en baissant bien la tête plus longtemps que de coutume pour franchir la porte pendant que Paul et Conan discutaient de je ne sais quoi. Peut-être de ce qu'on allait prendre. Derrière il faisait très chaud. Une jeune femme était visiblement entrain de préparer un gâteau d'anniversaire.Elle se redressa en entendant son père. La ressemblance était flagrante, et elle était à croquer avec sa farine sur le visage. Et elle connaissait Alouarn.

« Bonjour ! Je suis contente de vous voir ! Je ne vous fais pas la bise et je ne vous sers pas la main je suis couverte de farine et de chocolat. Je peux faire quelque chose pour vous ? »

Je m'approchais doucement du gâteau. Je me mis à l'examiner de tous les côtés, ce qui fit rire Louise.

"Est ce qu'il te convient ?"

"Dites, mademoiselle Louise, c'est pour qui le gâteau ?"

"C'est pour un petit garçon malade de l'hôpital du coin."

"Pourquoi il est malade ?"

"Hum... Je ne sais pas. Sa maman nous a dit que c'était une maladie génétique et héréditaire."

"Ah... Et quand est ce que sa maman vient chercher le gâteau ?"

"En début d'après midi."

"Est ce que je peux l'attendre avec toi ?"

"Pourquoi ?"

"Et bien, pour aller voir le petit garçon malade ! Je veux m'assurer qu'il ne soit pas triste à cause de sa maladie."

Je secouais doucement la tête, un peu triste que la maladie touche aussi les enfants. C'est triste quand les enfants ne sourient plus... Aucun enfant ne devrait avoir à porter le fardeau de la tristesse sur leurs épaules.

"Mais... On n'est pas là pour ça ! Monsieur Seguin a dit que vous aviez eu votre diplôme de magicienne ! Je peux le voir ?"

"Oh, je vois ! Regarde, il est affiché près du vieux four !"

Je me précipitais vers le coin en question et me mis à étudier le diplôme !

"Oh, je vois que vous avez une spécialisation en petits fours et petit déjeuner ! Vous avez suivi quelle école ?"

"Celle de mon père, bien entendu !"

"Et vous comptez suivre cette voie pour toute la vie ?"

"Et bien, je compte garder certaines choses mises en place, mais en faire évoluer d'autres, en transformer, et inventer de nouvelles pâtisseries."

Je fronçais les sourcils. Ca n'allait pas du tout, du tout.

"Et... et vous allez transformer les croissants et les choux à la crème ?"

"Tu sais, Alouarn, les écoles de pâtisseries et de boulangeries évoluent avec le temps ! Certaines pratiques ne changeront jamais, alors que d'autres peuvent être encore améliorées !"

"Qu'est ce que tu en penses, Gidéon ?"

Mais pourquoi n'avais-je pas le droit de rester neutre ?! Je fixais tour à tour les trois adultes qui visiblement attendaient une réponse. Et la fuite n’était pas celle qu'ils attendaient. J'avalais ma salive avant de répondre

« … J'imagine que la neutralité sur cette question n'est pas de mise ? Et bien … Je dirais que l'innovation pour les gâteaux est ce qu'il y a de mieux mais que certaines pâtisserie tels les pains au chocolat, les choux à la crème ou les croissants resteront identiques. Surtout dans certains pays. J'imagine qu'en France changer la recette du pain au chocolat, du choux à la crème ou du croissant … Relève du sacrilège.
Louise rit doucement en souriant
- Tu as tout à fait raison. Je me souviens d'un voyage avec toi papa et maman, en France, nous avions goûté  plusieurs dizaines de sortes de croissants. Ils avaient tous la même recette et tous, ou presque, le même goût. Par contre les éclairs … J'en ai vu avec de ces parfums ! Tu te souviens Alouran ? C'était il y a quelques années maintenant ! On te l'avait dit qu'on te ramènerais des souvenirs ! On avait fait des éclairs …
- Aux fruits rouges ! Fruits rouges et citron ! »

La complicité du père et de la fille me tordit les boyaux. Discrètement je commençais à me glisser vers la sortie.

Gidéon n'avait pas l'air très à l'aise. J'écoutais en silence les échanges, et, alors que monsieur Seguin et sa fille continuaient à discuter, je ne pus m'empêcher de voir le jeune homme se diriger vers la sortie. Je ne me fis pas prier deux fois, et me mis entre lui et la sortie. Je mis mes poings sur mes hanches, et le regardais droit dans les yeux. Je jetais un coup d'oeil vers nos hôtes avant de lancer tout bas à monsieur Wilkes :

"Où est ce que tu vas ? C'est quoi le problème ? Et ne me dis pas qu'il n'y a rien du tout ! Tu es tout bizarre ! Enfin... Plus que d'habitude !"

Argh ! Alouarn m'avait vu … Et il avait dis que j'étais bizarre ! Papa ! Alouarn il … Ah … Non c'est vrai il est encore chez Alouarn. J'avalais ma salive je n'aimais pas mentir. Pas du tout même, mais avouer que les deux me rendait jaloux face à leur complicité … Très très moyen pour moi.

« Je retournai à la boutique … Choisir quelques petites choses pour Papé et Mély. Il n'y a aucun problème. Je sais que je suis bizarre ! Je suis trop grand et j'ai encore mal à la tête. »

En espérant que cela passe et qu'il me permette de rejoindre Paul et Conan.

"Mais non, pas bizarre comme ça ! On s'en fiche que tu sois grand ou petit ! Enfin, moi, je m'en fiche ! Ta taille ne me dérange pas du tout ! Ce n'est même pas super sympa pour toi que tu penses qu'on puisse te définir par ton physique... Enfin, ça arrive plus souvent qu'on ne le veut... Enfin, je veux dire que les gens jugent souvent plus facilement sur le physique que sur le reste..."

Je me grattais la tête.

"Enfin bon, si tu juges que c'est comme ça que je te définies, soit ! Je ne vais pas te courir après ! Et avoir mal à la tête ne fait pas de toi quelqu'un de bizarre ! Non, non, non, j'ai dit que j'arrêtais... Je ne sais pas pourquoi tu quittes la pièce, mais j'aurais préféré que tu me dises simplement que tu n'avais pas envie de répondre plutôt que de me sortir une excuse bidon !"

Je m'écartais et lui laissais ainsi le loisir de partir. Mon visage fermé à cause de ses réflexions redevint rapidement souriant et tranquille. Je lançais joyeusement :

"N'hésite pas à demander à Paul des conseils ! Il est cool pour donner des conseils ! Il connait tous les gâteaux ! Et si rien ne te plait, demande lui de te montrer la cachette secrète !"

Et je repartis en direction de monsieur Seguin et sa fille pour finir de mettre au clair cette histoire d'école et de façon de faire les gâteaux ! Je ne montrais pas que, d'une certaine façon, Gidéon m'avait vexé... Enfin, je ne sais pas si c'était le mot... Je dirais que j'étais un peu blessé par la façon dont il avait réagi !

Bon ! J'avais visiblement dis ce qu'il ne fallait pas mais bon … Tant pis ! Je n'avais pas envie d'avouer que j'étais jaloux. Et lui dire que je n'avais pas envie de répondre ne semblait pas une bonne solution. Je retournai avec une certaines hâte dans la boutique pour regarder les gâteaux. Bon ! Euh … Pour Mély je souris en voyant un petit gâteaux au chocolat avec plusieurs couleur de chocolat. On aurait dit les couleurs de ceinture de karaté ! Je le pris aussitôt refusant que Conan paye pour moi . Je pris également des petits croquants aux amandes pour ma mère. Elle en était folle. Pour Papé … Le choix fus plus difficile mais je finis par lui prendre une ribambelle d'éclair de toute sorte . Pour mon père … pour mon père … Je restais bloqué devant les gâteaux sans savoir quoi prendre. Je marmonnais pour moi même

« … Et pour papa ? Je prends quoi ? »

Je ne savais pas trop comment prendre l'attitude et les paroles de Gidéon. Cela m'agaçait tout en me rendant très triste. Je finis par retourner dans la boutique, tout en promettant que je reviendrais discuter plus tard de la magicienne !

"Des croissants ! Linus aime bien les croissants le matin ! Enfin, toutes les viennoiseries de ce genre ! Après, croissants, pains au chocolat ou pains aux raisins, ça dépend de son humeur... Ce matin, je dirais... Pains au chocolat !"

J'avais bien vu qu'il ne voulait pas qu'on paye... Enfin, que papou s'en occupe... Je n'avais plus accès à mes comptes depuis un moment... C'est Linus et papou qui géraient mes comptes... Mais je n'aimais pas son comportement... Il m'agaçait... Je trouvais que c'était n'importe quoi... Pourtant, mon visage restait impassible... Il n'exprimait absolument rien... Comme si tous les sentiments étaient partis...

"Qu'est ce que tu veux, mon garçon ?"

"Euh... des croissants, s'il te plait ! Beaucoup de croissants ! Mais que des natures ! Et des pains au chocolat pour Linus !"

"Tu es sûr que tout va bien ?"

"Non, pourquoi ?"

"J'ai l'impression que tu as décroché un peu de la réalité. Il me semble que... Je ne sais pas... J'ai l'impression que certains symptômes ont repris le dessus..."

"Ce n'est pas grave... Ca arrive ! On prendra les médicaments en rentrant à la maison ! Pour le moment, je gère plutôt ! Si ça bascule, je te dis, promis !"

"Es tu sûr de ne pas être contrarié ? Ou peut-être que c'est une explosion à l'intérieur de ton corps ?"

"Peut-être... mais je n'ai pas envie d'en parler tout de suite !"

Papou ne semblait pas vraiment vexé que Gidéon veuille faire la grande personne...

J'avais sursauté quand Alouarn était visiblement apparu tel un ninja près de moi. Enfin … Je lui fis confiance en le remerciant et pris quelques pains aux raisins ! Voilà ! J'avais de tout pour tout le monde de ma famille. Je payai sans aucun problème, merci les petits boulots d'été et ma taille qui me permettait de me faire passer pour un gars de seize ans. Je serrais le sachet contre moi en attendant Alouarn et son père. Alouarn n'avait pas l'air bien. C'était ma faute ? EN partant, je pris la carte de visite de la boulangerie pâtisserie promettant de leur commander quelques petites choses pour les fêtes.

Papou s'occupa de commander après Gidéon, et je filais dehors les attendre. Je n'avais plus du tout envie d'être moi-même. Ils finirent par arriver. Je ne dis rien du tout. Papou finit par intervenir :

"Bon, mon garçon, crache le morceau ! Tu es bien plus bavard que ça, d'habitude ! Même monsieur Seguin a vu que ton comportement avait changé ! Qu'est ce qui c'est passé ?"

Silence.

"Alouarn, ça suffit ! On ne rentrera pas tant que tu n'auras rien dit !"

"N'importe quoi ! C'est du chantage !"

"Certainement. Tu vas être d'une humeur exécrable... Ou tu vas t'enfermer dans ton petit monde, et on n'arrivera à rien tirer de toi. Linus a autre chose à faire que de rester avec toi toute la journée en attendant que tu parles. Tu es censé te détendre, pas te mettre la pression !"

Je répondis d'une voix neutre, elle ressemblerait presque à celle d'un robot. Aucune émotion. A quoi bon ? Je ne les comprenais pas... A dire vrai, je ne faisais pas vraiment exprès non plus : il parait que la schizophrénie anéantissait aussi les émotions...

"Mon problème, c'est le comportement de Gidéon. Il se prend pour quelqu'un qu'il n'est pas. C'est un menteur. Il juge les gens avant même de les connaître pour de vrai. Je ne suis même pas sûr qu'il se connaisse lui-même pour de vrai. Mais ça, je te le dirais une fois que j'aurais prouvé ou réfuté ma théorie. Qu'il continue comme ça, et je te jure que je ne veux plus jamais le revoir ! Tu veux vraiment savoir ce que je pense ? Qu'il s'est fait bouffé par la société ! Oh, et ne t'inquiète pas, papou, je ne serais un poids pour personne aujourd'hui ! Je veux juste que vous me foutiez tous la paix et que vous restiez avec vos préjugés, vos médiocres et mauvaises pensées, et vos moules de la société !"

Euh … Euh … QUOI ?! Je repoussai en arrière mes cheveux en fixant Alouarn. D’abord je n'étais pas un menteur volontaire ! J'empêchai Conan de parler.

« Alouarn, tu as raison. Je ne me connais pas moi même. Parce que je sais pas ne pas être ce qu'on attend de moi. Papa était pas souvent à la maison, alors oui, j'ai du m'occuper de Méy. Oui j'ai du remplacer mon père chez ma maman. Quand j'étais là pendant les vacances c'était moi qui aller chercher Mély à ses activités. Alors oui je joue le rôle d'un adulte. Mais moi je veux pas te faire de peine. Je suis désolée je t'aime beaucoup Alouarn, j'ai pas envie qu'on soit fachés. »

Je pouvais comprendre... Non, je ne comprenais pas !

"Personne ne t'a demandé d'être un adulte ! Jamais ! Même la vie ne te l'a jamais demandé !"

Je ne le quittais pas des yeux :

"Personne ne te demande de remplacer ton père. C'est vrai, il a fait des erreurs. On fait tous des erreurs. En revanche, on te demande d'être un grand frère. Un vrai grand frère. Pas un père. Tu prends des grands airs pour montrer que tu es capable de faire face à tout, que tu es capable de t'occuper de toi-même. Heureusement qu'à 14 ans tu es capable de t'occuper de toi-même... Mais tu n'es pas un garçon de 14 ans... Tu n'es pas vraiment un grand frère non plus puisque tu affirmes remplacer ton père chez ta mère... Et quand tu es chez ton père, tu remplaces ta mère ? Je ne crois pas !"

Je ne savais pas dire ce que je  ressentais vraiment... Les sentiments s'entrechoquaient... Je crois... Je ressentais des trucs, mais je ne savais pas trop quoi...

"Franchement, si vous êtes tous comme ça dans votre famille, je vous plains vraiment ! Tous, vraiment tous ! Je ne sais pas comment vous en êtes arrivés là... Mais ce n'est certainement pas la faute que d'une seule personne... Une famille, c'est une famille... seulement si tous les membres se considèrent comme les membres de cette famille... Regardez vous... C'est pathétique... Vous n'êtes rien du tout ! Que des gens qui sont perdus..."

"Alouarn, tu ne peux pas dire ça !"

"Bien sûr que je peux le dire ! Ce n'est pas parce que je t'appelle papa et que j'appelle maman comme ça, que je nous considère comme membres de la même famille... Ne t'inquiète pas, je n'ai pas oublié !"

"Oublié quoi ?"

"Que vous m'avez abandonné comme une chaussette sale et moisie quand je suis rentré en première année ! Mais ce n'est pas le sujet ! Quoi qu'il arrive, je vous déteste tous ! J'en ai marre, marre, marre ! Vous n'êtes jamais content ! Pour vous, la société est toujours plus importante ! Vous essayez toujours de trouver des explications aux malheurs qui vous arrivent : commencez déjà à vous remettre en question avant de pointer les autres du doigt ! Arrêtez de penser à la place des autres ! Je crois honnêtement, Gidéon, que depuis que Linus et ta mère se sont séparés, vous vous êtes tous faits des films sur les autres membres de la famille."

Je me tus quelques secondes, avant de lancer :

"Commence déjà à être la personne que tu voudrais être, sans les vices et les moules dans lesquels la société et tes proches voudraient te faire entrer. Personne ne le fera à ta place. Qu'est ce qui se passera quand, un jour, tu te retourneras et que tu remarqueras que tu n'as jamais été toi-même ? La vie est trop courte pour que l'on regrette notre passé."

Je finis par repartir en direction de la maison.

"Alouarn, où vas tu ?"

"Loin de vous !"

Je regardais Alouarn partir. Je soupirais. Ça faisait mal.

« Allez le rejoindre. Si vous pouviez juste dire à Papé que je l'attends au café. Vous inquiétez pas pour moi. J'ai pas très envie d'aller voir mon père. Alouarn a besoin de vous. »

Je partis tout de suite sans lui laisser le temps de répondre. Je posais mon sac et mes fesses dans un café et m'achetai un café noir. Pas envie de discuter. Ça faisait très mal ce qu'il venait de dire. Mais il avait raison. Mais … Comment ne pas remplacer malgré soit un père absent en permanence ? J'enfouis mon visage dans mes mains, les coudes sur la table. Que faire ? Comment faire ? Je ne me faisais de films sur personne !

« Pas la faute d'une personne ? Pas la faute de mon père peut-être ? À qui la faute alors ? À ma mère qui c'est toujours occupé de nous ? Et qui a jamais prit le temps d'avoir quelqu'un à elle … La faute de mes parents ? Pour moi le plus fautif est mon père … C'est aussima faute … J'en ai marre de rien comprendre … »

Pfiou ! J'en avais marre, marre, marre ! Marre de toutes ces personnes qui pensaient tout de travers ! Lorsque je rentrais, maman et le grand-père de Gidéon étaient levés. Maman demanda :

"Où sont ton père et Gidéon ?"

"Derrière ! Ils arrivent... Enfin, je ne sais pas ! Et je m'en fiche !"

Papou, en attendant, avait fini par envoyé un message à mamou, tout en surveillant Gidéon de loin. Il n'interviendrait pas auprès de Gidéon mais il ne pouvait pas le laisser seul non plus. Il finit par expliquer à papé ce qui était arrivé, et ils se séparèrent. Papou voulait essayer de comprendre pourquoi diable j'avais réagi comme ça. Quand à moi, j'étais parti m'enfermer dans le grenier : je ne voulais voir personne !