Septembre 2014, Bibliothèque de Poudlard, pendant le repas.

Le premier cours des premières années s'était plutôt bien déroulé. La pression et les forces nécessaires que j'avais accumulé pour dispenser cette leçon s'en étaient allées. J'en avais presque oublié la fatigue qui m'accompagnait depuis fin aout.

Je déambulais dans les rayons, faisant des va-et-vient. Je ne me rendais pas vraiment compte que je n'avais pas vraiment de but. Inconsciemment, je voulais que quelqu'un vienne me chercher. Les émotions avaient sans doute été trop fortes. Mais l'idée de retourner à Sainte-Mangouste me terroriser. Je ne voulais pas décevoir papa, maman et Linus.

La tête dans les nuages, je finis par rentrer dans une petite étagère qui chancela légèrement avant de déverser son contenu sur moi. Les bras le long du corps, je regardais les livres sur le sol. Aucune réaction de ma part.

J'étais dans la bibliothèque, je lisais un livre sur l'arithmancie, je voulais savoir à quoi servait cette matière, ça parlait de chiffre, je ne comprenais pas tout mais, apparemment on pouvait voir l'avenir dans les chiffres, ça pouvait être intéressant, ça me paraissait plus exacte, que la divination. Bon, j'avais à peu près compris, mais il y avait beaucoup de choses à éclaircir. Je ne savais pas réellement comment arriver à voir dans les chiffres, mais j'avais encore deux ans sans me préoccuper de ça. J'entendis du bruit près de moi, je laissais mon livre sur la table et je me dirigeais vers la source de ce bruit. Je vis que le professeur Grimgorson venait de renverser les livres, qui étaient si soigneusement rangés.

-Bonjour professeur Grimgorson, je peux vous aider à ramasser?

Je sursautais en entendant une petite voix derrière moi. Mon regard allait du jeune Serdaigle aux livres, puis des livres au jeune Serdaigle. Il fallait que je me reprenne. Je ne voulais pas montrer à quel point j'étais faible. Faible d'avoir céder. Faible d'être ronger par la maladie. Faible. Ce mot résonnait dans ma tête.

"Je... C'est à dire que..."

Il suffisait d'un coup de baguette magique... Juste un petit coup... Incapable. J'étais incapable de le faire.

"Monsieur Vandomne, je... je ne voulais pas vous déranger. Veuillez m'excuser."

Il avait l'air déstabilisé, je ne dis rien, je tentais de lancer un sort sur les livres, mais comme mes sortilèges n'étaient pas assez efficaces, je devais me prendre livre par livre, du coup, je maniais magie et travail manuel, utilisant en permanence "Wingardium Leviosa". Il s'excusait, j'aurais tout vu, la première fois qu'un prof s'excusait.

Vous n'avez rien fait monsieur Grimgorson, et le bruit ne ma pas dérangé.

Je finis de ranger les livres, et je regardais, si il y en avait un, qui pouvait m'intéresser.

Et voilà qu'il rangeait à ma place. La honte. Vraiment la honte. Je me baissais pour ramasser un livre, m'arrêtais en cours de route, pour me relever. Je tentais plusieurs fois de me baisser pour l'aider à ranger. Je ne voulais surtout pas qu'il se demande pourquoi, en tant que professeur, je n'utilisais pas la magie. Je savais pourtant qu'il était dans ses droits de poser la question. Et la vérité me couvrirait encore plus de honte.

"Si... Je... Comment dire..."

Bien. Incapable d'aligner deux mots dans une phrase. Il allait se moquer de moi, c'est sûr. Et cette idée perfide s'installa dans ma tête. J'étais en train de décrocher complètement. Radis n'était pas là. L'infirmière n'était pas là. Linus n'était pas là. Tout seul. Panique.

Je ne comprenais pas pourquoi, il avait l'air si mal, pourtant il n'avait aucune gêne à avoir, ça pouvait arriver à tout le monde de faire tomber quelques livres. Je ne comprenais réellement rien, il bredouillait quelque chose, mais il n'arrivait pas à finir sa phrase. Je lui posais une question toute simple:

-Est-ce que ça va? Voulez-vous allez à l'infirmerie?

Il avait l'air réellement mal, peut-être qu'il était malade, je ne savais pas si il y avait d'autres professeurs dans les parages au cas ou, il y avait un réel problème.

La raison voudrait me dire que monsieur Vandomne n'était pas un jeune garçon dangereux. Et pourtant. Je n'arrivais pas à me dire qu'il ne pouvait pas, de toute façon, savoir mon histoire.

"Je... Euh... Bien... C'est à dire que..."

Je pris une grande inspiration. Se répéter que tout va bien se passer. Se dire que Jeff n'ait pas une menace pour moi.

"Merci... Monsieur Vandomne."

Phrases simples. Sujet. Verbe. Complément.

"Votre conseil est judicieux. Je vais aller à l'infirmerie."

Je fis quelques pas sur le côté puis m'arrêta.

"Jeff, est ce que tu pourrais m'accompagner s'il te plait... Je... J'ai oublié... Oublié comment aller à l'infirmerie... Je suis tellement désolé... Je..."

Foutue maladie. Je rougis violemment. Ce chemin, je l'avais emprunté des centaines de fois. Et j'oubliais... C'était un détail que... Honte, quand tu nous tiens, c'est jusqu'au bout...

Il continuait de bredouiller, peut-être qu'il avait un problème d'élocution, si c'était ça, comment faisait-il pour parler lors de ses cours, pourtant, il parlait librement pendant son cour. Il m'indiqua qu'il allait à l'infirmerie, puis il me demanda de l'accompagner, il ne se rappelait plus du chemin, pour un prof c'était étrange mais bon, je pris la parole:

-Bien sûr, ça ne me dérange pas du tout.


Je pris mon livre, et je demandai au professeur:

Pouvons-nous y aller?

Pourquoi prenait-il un livre ? Il voulait m'assommer avec une fois que j'avais le dos tourné, c'est ça ? Il est envoyé par Eux. Pour m'espionner. J'en étais sûr. Ils veulent récupérer ce que j'ai dans la tête.

"Euh... Peut-être... Je ne sais pas trop... Tu... Je... Non..."

Oublié. J'avais encore oublié l'heure des médicaments. Linus allait être très fâché. Peut-être qu'Ils avaient fait exprès que j'oublie pour que je me fasse gronder.

"Ils... Ils sont partout ! Tu es avec Eux ? Ils t'ont envoyé m'espionner, c'est ça ?"

Avant l'incident de fin aout, j'arrivais à reconnaitre plus ou moins les signes précurseurs. Aujourd'hui, c'était trop tard pour que je m'auto-raisonne.

Pourquoi, voulait-il que je l'accompagne si, il ne voulait pas y aller? Je ne comprenais pas, mais bon, si il ne voulait plus y aller. Il m'accusa d'être avec Eux, déjà la première question, que j'allais poser c'était: qui était eux. Je continuais de le regarder, avait-il peur? Bon, j'étais inoffensif, je ne savais pas faire mal et je ne voulais en aucun cas l'apeurer.

-Excusez-moi, monsieur Grimgorson, mais qui sont Eux et pourquoi, je voudrais vous espionner.

Je crois, qu'il avait réellement besoin d'aller, à l'infirmerie.

"Vous... Tu... Vous voulez m'embrouiller, monsieur Vandomne, c'est ça ? Ils sont où ?"

Je jetais de petits coups d'oeil de tous les côtés.

"Je sais que vous êtes là !"

Un craquement sur ma droite me  fit sursauter. Je plissais les yeux pour tenter de voir quelque chose. Rien. Il n'y avait absolument rien.

"Réveille-toi, Alou' ! C'est juste un très mauvais rêve !"

Un ricanement sinistre. Et Peeves apparut en hurlant de rire : il traversa l'étagère avant de disparaitre dans la suite. Ce fut bientôt un désastre.

"Il... Il est avec Eux ! Il... Il faut se mettre à l'abri avant... avant qu'Ils viennent chercher ce qu'il y a dans ma tête ! Vite, petit, partons !"

Ne pas toucher les élèves. Jamais. Linus serait très en colère sinon. Il disait que les autres ne comprendraient pas. Quand j'ai peur, j'ai peur tout seul.