Jamais de ma vie je ne m'étais senti aussi mal. J'avais envie de... de creuser un trou et de m'y cacher pour le reste de l'éternité. Je me sentais... sale. Même après avoir passé deux heures sous la douche, cette sensation ne voulait pas partir. Mon cœur était serré, et mon esprit ressassait les événements de la nuit. J'avais envie de vomir. Luttant contre mon dégout, je traine les pieds jusqu'à l'infirmerie. Seyn devait y être.

- Je suis vivant, l'entendis-je souffler entre deux sanglots.

Par réflexe, je m'étais décalé sur le côté de la porte, le dos plaqué contre le mur. Mes jambes me lâchèrent lentement, et je finit les fesses à terre. Comment allais-je pouvoir m'excuser ?

- C'est ... C'est qui ?

Mince... Il m'avait entendu. Qu'est-ce que j'allais faire ? Ma première envie était de rester là, sans bruit pour qu'il pense qu'il s'était imaginé ma présence. Il me fallut un énorme effort de volonté pour me relever et franchir le seuil de l'infirmerie. Je me tenais les bras, les visage tourné à l'opposé de Seyn.

- ...Salut, lâchais-je timidement.

J'avais immédiatement compris qu'il avait tenté d'essuyer ses larmes, mais il tira une plainte sourde et cessa son geste. Je me rappela alors immédiatement la sensation des griffes dans ses épaules. L'odeur de son sang... Je sentis mon estomac se relever d'avantage.

- ...Tu... Ça va ?

Je voulais lui dire tellement de choses, les trois quarts d'entre elles étant des excuses... Mais les mots se nouaient dans ma gorge.

- Viens ! Me dit-il en gesticulant pour me faire de la place.

Je m'approcha alors timidement, tâtonna vite fait de la main pour savoir où j'allais m'asseoir et m'installa sur le lit tandis que mon ainé tentait une blague. Inutile de dire que je n'avais pas vraiment la tête à ça.

Il n'avait même pas répondu à ma question.

- Je... Je voulais... prendre des nouvelles.

Encore une fois, je n'arrivais pas à faire des phrases plus longues. Et merde...

- Ne t'inquiète pas pour moi vas! Ce ne sont que des chairs, rien d'insurmontable !

Il eut un moment de silence avant de reprendre :

- Ce sont les blessures du cœur les plus difficiles à panser.

Mon sang ne fit qu'un tour, et je pâlit instantanément. Oh non... Il m'en voulait. Rien d'étonnant, je m'y attendais pour tout dire. Mais l'entendre de sa bouche... C'était comme m'enfoncer un couteau dans l'abdomen et qu'on le retournait pour faire encore plus mal. Je voulais disparaitre. Définitivement. Ainsi je ne ferais plus de mal à personne.

- Ça va toi ...?
- Je...

Mes mots se perdirent dans un silence de plomb. Mes bras tremblaient tant j'étais frustré, et je sentais les larmes me monter aux yeux.

- Hey ! Hey ! Damien ! Qu'est-ce qu'il y a ? Parle moi ! Tu me fous les jetons là !

Malgré mes efforts pour la retenir, la première larme finit par couler. Et elle fut suivie de très près par les autres, inarrêtables. Je cacha mon visage dans mes mains, et me lança dans une tirade incompréhensible :

- Je suis tellement désolé ! Je voulais pas... ! Je te jure ! C'est lui ! Il était... Pardon ! Pardon ! J'ai essayé, mais...

Les autres mots n'étaient pas assez articulés pour être compréhensibles. Mes mots sortaient aussi vite que le torrent de larmes qui coulaient le long de mes joues.

- Hey ! Hey Damien ! Je suis vivant hein ! Je ne t'en veux pas ou quoi que ce soit donc aucun problème ! Calmes toi, tout va bien !

Cette fois, la tristesse se transforma en colère. Pour quelle raison ? Je n'en savais trop rien, mais j'étais tellement bouleversé que je n'arrivais même plus à réfléchir sur quoi que ce soit.

- Non, tout ne va pas bien ! Tu a été blessé par ma faute ! Si j'avais pas été là, rien de tout ça ne serait jamais arrivé !

Mes mains glissèrent jusque dans mes cheveux, et je pris une grande bouffée d'air. Bien que ça ne me soulagea pas le moins du monde.

- Je n'aurais jamais dû venir ici. Je savais que c'était une mauvaise idée...

Mon moral était enterré six pieds sous terre, et ma bonne humeur me semblait n'être plus qu'un vague souvenir. Soudain, j'entendis Seyn s'agiter dans son lit. Je n'ai pas le temps de m'inquiéter que soudainement, je sens ma tête partir en arrière contre ma volonté, et mon front est soudainement prit d'une vive douleur qui me fait immédiatement monter les larmes aux yeux.

Si bien que même si j'entends Seyn me parler, la douleur me vrille tant que je n'arrive à comprendre que sa dernière phrase :

- Donc maintenant, tu arrêtes de t'en vouloir !

Je me frotte le front lascivement, retenant mes larmes de couler. Et je sens le creux de mon estomac se tordre d'avantage. Ça ne lui à pas plu. De plus, même à travers mon nez, il à reconnu l'odeur de sa proie de la veille. Je sens une colère bestiale grimper en flèche dans mon sang. Si bien que je m'écarte du lit en me tenant les avant-bras, tremblants. Ma respiration est forte. Lente. Puissante.

J'ai faim.