Leonardo est d'excellent humeur. Comme toujours, vous me direz, et quelque part vous aurez raison. Donc le machin jaune sautille dans les couloirs répandant autour de lui les ondes sucrés de la joie de vivre. Nan, en vrai, il a des biscuits dans ses poche et il sent la meringue. Bref... Il arrive devant l'endroit où il souhaitait aller et frappe à la porte.

Cecil était en train de ranger sa salle de cours. Il était un peu maniaque sur les bords, aussi, il aimait que tout soit impeccable dans son lieu de travail. Lorsqu'il était au Ministère, son bureau était toujours impeccable et il en gardait toujours une grande fierté. Pour lui, un bureau rangé était le synonyme d'une tête efficace. Soudain, quelqu'un frappa à la porte.

"Entrez."

Leonardo entre lorsque le professeur lui en donne l'ordre. Il découvre une salle dans laquelle il n'était jamais entré auparavant. Une salle grande avec des "trucs bizarres aux murs", selon la formulation de ses propres pensées. Il se tourne vers le professeur et lui sourit de toutes ses dents.

"Bonjour, professeur. Vous allez bien?"

Cecil fut interloqué par l'image du petit bonhomme sautillant qui entra dans la salle. Un élève de Poufsouffle, qu'il n'avait pas en classe. Il émanait de lui quelque chose qui mit Cecil profondément mal à l'aise. Surtout lorsque l'élève lui posa sa question étrange. Cecil fut tellement étonné qu'il ne réagit même pas au manque de civilité de l'élève.

"Très bien. Que puis-je faire pour vous?"

Il avait le désagréable sentiment de se retrouver dans une farce dans il était la cible.

"Je m'appelle Leonardo et je suis en deuxième année. Et je dois choisir mes options. Du coup je me suis dit que j'allais venir vous voir parce que je ne comprends pas trop ce que c'est, l'Arithmancie."

En réalité, Leonardo ne comprend pas du tout. Enfin... Peut-être comprendrait-il s'il prenait la peine d'écouter les explications qu'on lui a déjà données, entre douze et seize fois. Mais dès que ça parle de chiffres, son attention décroche et du coup, il ne se souvient de rien...

"Non parce qu'en vrai, ça a l'air bien, mais je c'est pas ce que c'est."

Notez la jolie contradiction. Le petit bonhomme se balance sur ses pieds en regardant le professeur avec un mélange d'adoration et de respect.

Cecil fut soulagé d'entendre la raison de la venue de l'élève. Au moins, expliquer sa matière était dans ses cordes. Il prit une inspiration et s'élança avec passion.

"L'Arithmancie est un art mathématique et divinatoire pour certains. Le principe est d'interroger les chiffres et d'interpréter leurs réponses afin de percer les mystères de la ligne temporelle. Car l'Arithmancie délivre des informations sur le passé, le présent et l'avenir, indistinctement. Il est alors de la fonction de l'érudit d'analyser avec précision et finesse les réponses obtenues afin de savoir de quoi il ressort. A Poudlard, la matière sera principalement tournée vers les bases de l'Arithmancie et le perfectionnement de votre capacité à interpréter les signes."

Cecil, une fois encore, s'était laissé partir dans une envolée dont seule sa matière de prédilection lui offrait suffisamment de passion pour y parvenir. Il posa son regard sur l'élève afin de voir sa réaction.

Leonardo est immobile, la bouche entrouverte et les yeux exorbités.

"Wha, ça a l'air génial..."

Dans son ton de l'émerveillement pur, et beaucoup d'admiration pour le professeur en face de lui. Il marque en temps d'arrêt avant d'ajouter, en se grattant l'arrière de la tête.

"En fait, je crois que je n'ai pas compris. Vous pouvez répéter?"

Cecil fut satisfait de l'expression de l'élève. Il avait fait son petit effet. Jusqu'à ce que le visage du gamin s'assombrisse. Il n'avait pas compris... Le regard de Cecil s'agrandit, alors que la perplexité se peignait sur son visage.

"Et bien, euh... L'Arithmancie, c'est pour voir l'avenir dans les chiffres."

Ces mots lui firent mal tant ils étaient à la fois proches et loin de la vérité. Mais, il devait avouer qu'il ne savait absolument pas quoi faire.

Le sourire de Leonardo s'évapore. Il regarde Cecil, et visiblement, il n'a pas compris, encore.

"Mais, vous voulez dire que je peux voir l'avenir dans les chiffres? Genre tous les chiffres?"

Leonardo fixe Cecil d'un air suspicieux, une idée derrière la tête. Mais il se méfit quand même de l'embrouille.

Cecil fixa le petit garçon d'un œil circonspect. Il avait l'impression d'avoir devant lui une grenade qui pouvait exploser d'un instant à l'autre. Il était véritablement très mal à l'aise. Il n'avait qu'une seule envie, que le petit garçon s'en aille.

"Euh... Oui, enfin, ça dépend des chiffres. Mais il y a quelque chose de ça..."

Il ne voyait absolument pas où le gamin voulait en venir et cela le dérangeait profondément.

Leonardo fixe le professeur encore plus intensément et on peut presque sentir dans son regard son intense réflexion. Il se rapproche du professeur.

"Alors vous voulez dire que je peux lire l'avenir dans les proportions de mes recettes?"

Cecil n'en croyait pas ses oreilles. Mais que lui chantait le gamin? Comment pouvait-il même envisager de poser la question? Certes il était jeune, naïf et visiblement insouciant, mais il n'avait pas non plus l'air d'un déficient mental! Cecil fronça les sourcils, interdit et alarmé.

"Mais non, non! Bien sûr que non enfin!"

Il voulait à tout prix que le gosse s'en aille. Il le mettait bien trop mal à l'aise.

Leonardo est étonné par la réponse du professeur, et un peu déçu en vérité.

"Ah mais, c'est nul, ça."

Il trouvait l'idée vraiment sympa. Voir l'avenir dans les portions de farine et de sucre, ça aurait vraiment impressionné ses parents ça!

"Mais du coup ça sert à quoi votre matière?"

Impertinent vous dîtes? Non, juste inconscient.

Cecil n'en crut pas ses oreilles. Mais comment cet élève pouvait-il être aussi dérangeant? Cecil était profondément mal à l'aise et en plus, ce petit Poufsouffle venait de remettre en cause l'entièreté de sa matière.

"Mais pas du tout, ça peut être très utile pour certains. C'est une discipline fascinante!"

Cecil ne comprenait pas pourquoi il devait se justifier devant un élève mais il n'arrivait juste pas à faire autrement.

Leonardo sourit au professeur qui lui semble triste.

"Vous inquiétez pas, professeur, c'est pas grave."

Le gamin est vraiment désolé pour le monsieur devant lui. Il veut le faire sourire aussi. Il sort de son sac un gâteau et le tend au prof.

"Tenez, un cookie, ça ira mieux après!"

Leonardo lui fourre le cookie entre les mains et sort de la salle, content d'avoir eu ses réponses.

"Bonne journée!"

Sans vraiment savoir comment, Cecil se retrouva avec un cookie dans la main. Il regarda le gamin s'en aller joyeusement. Le voir partir ne lui fit même pas de bien. Cecil baissa le regard vers la gâteau qui sentait vraiment bon. Peut-être que... Non? Cecil devait en être sûr. Il croqua dans le cookie et ne put retenir un gémissement.

Le gâteau était délicieux.