Ah, les entrainements de Quidditch... Exceptionnellement, j'avais pu aller en voir un étant donné que Liz s'était retrouvée clouée à l’infirmerie pour la énième fois, et que je n'avais pas de devoirs pour le lendemain. Et donc, comme j'avais du temps à perdre, et pas envie de les passer à ne rien faire, j'avais décidé d'assister à un entrainement de Quidditch de l'école. Je m'étais installé dans les gradins qui étaient désespérément vides. J'avais déjà essayé d'assister à un match avec Liz, mais une aussi grande concentration d'élèves regroupés au même endroit n'était pas bon pour moi. Depuis, je n'avais plus jamais mit les pieds ici. Mais cette fois c'était différent : Ce n'était pas un match, et j'avais du temps libre. Tout bénef'. Je me tenais donc sur le banc le plus élevé, adossé contre le mur, les bras croisés derrière ma tête et les jambes tendues sur le banc voisin, tandis que mes sens suivaient l'entrainement avec beaucoup d'attention. Leurs déplacements, leurs termes techniques, leurs stratégies... C'est dans ces moments-là que je me rendais compte que mes sens s'étaient étonnamment développés au fil des années, à force de les requérir. Il y avait à peine trois ans de cela, je n'aurais jamais pu suivre un match. Tout s'embrouillait, et mes sens n'étaient pas aussi précis que ça. Mais aujourd'hui, tout était différent : J'entendais le léger sifflement qu'émettait leurs balais en fendant le vent. Ce petit son, à peine audible, était pour moi comme le vol d'une mouche. Certes, ce n'était pas très glorieux comme comparaison, mais vous voyez l'idée. Et rien qu'avec ça, je savais précisément où se trouvait chaque joueur, chaque ballon dans une vue d'ensemble quasi totale. Même ce fameux petit Vif d'Or, si difficile à attraper... Il émettait un sifflement si aigu que je ne le perdais jamais de "vue". Un rictus s'étirait sur mes lèvres. Heureusement pour eux que je ne m'étais pas inscrit comme joueur de Quidditch, sinon ce ne serait pas du jeu : Le match se terminerait en quelques secondes. Sans me vanter. Voilà qui me donnait une raison supplémentaire de ne pas m'inscrire : si j'attrapais ce petit Vif d'Or en moins de temps qu'il ne faudrait pour crier le nom de mon équipe, on finirait par m'accuser de tricheur. Et c'était la dernière chose que je voulais, surtout si j'appartenais à une équipe.

J'en étais à ce stade de mes pensées lorsque j'entendis le capitaine des Gryffondor que la séance d'entrainement était terminée. Déjà ? Je n'avais pas vu le temps passer. Bon, bah tant pis... Je me leva alors pour quitter les gradins tandis que les joueurs rentraient dans les vestiaires en balais, mais une odeur persistante m'incita à m'arrêter en marche. Je reniflais l'air encore quelque secondes. Tiens ? Il restait encore un joueur ? Il voulait faire des heures supplémentaires ou quoi ? Je crois que j'arrivais à le reconnaitre... Il me semblait que c'était l'un des Poursuiveurs de l'équipe, et qu'il s’appelait... Seyn je crois. Ou quelque-chose comme ça. Même si il était très compétent, ses camarades semblaient l'avoir rappelé vite fait à l'ordre une ou deux fois. Il n'allait pas bien ? Puis soudain, j'entendis son balais piquer du nez et filer droit vers le sol du stade. Je fis immédiatement volte-face, choqué. Mais il était complètement fou ! Il voulait se suicider ou quoi ?! Je couru immédiatement jusqu'à la barrière qui séparait les gradins du stade et m'apprêtais à bondir, mais la hauteur qui me séparait du sol risquait de provoquer une chute des plus douloureuses. Je relevais le nez vers le joueur suicidaire, mais celui-ci se reprit à temps pour redresser son balais avant l'impact. Néanmoins, il sembla perdre l'équilibre et tomba de son balais, roulant sur l'herbe. Le balais quand à lui semblait continuer sa trajectoire rectiligne et allait s'écraser plus loin. Oulah, hors de question ! Je tira ma baguette de mon pantalon, étant donné que je n'avais que ça et une chemise blanche sur le dos, et lança un "Accio balais". Ce dernier changea de trajectoire pour venir vers moi. Ouf, ça avait marché ! Lorsque le manche parvint jusqu'à moi, j'entrepris de grimper dessus d'un bond et fila droit vers celui qui s'était lamentablement ramassé par terre. Une fois à son niveau, je posa le pied à terre et m'accroupis à côté de lui.

- Oh hé, ça va ?! T'es pas blessé ?!

Par pur réflexe, je saisit son poignet et posa le bout de mon pouce pour prendre son pouls. Bon, au moins il était vivant, c'était déjà ça ! 'Manquait plus qu'il se soit brisé la nuque contre le sol et qu'il me claque entre les doigts ! Mais qu'est-ce qui lui avait prit de piquer vers le sol, comme ça ?! Il voulait une montée d'adrénaline ou quoi ?! Je ne voyais que cette solution, par-ce que pour avoir testé son balais, même si ce n'était que quelques secondes, il ne semblait pas du tout défaillant. C'était donc parfaitement intentionnel.

- Mais ça va pas bien de piquer comme ça vers le sol ?! Qu'est-ce qui t'as pris, par Merlin ?!

Oui, c'était un peu idiot de lui remonter les bretelles comme ça alors qu'il était peut-être blessé et que je ne le connaissais absolument pas, mais je crois que je le caractère de Liz commençait sérieusement à déteindre sur moi, et la montée d'adrénaline que la peur m'avait fait monter n'était pas encore tout à fait redescendue.

HRP:

Bon, apparemment il n'était pas si mal en point que ça : il était conscient. Le fait qu'il ai retiré son poignet de ma main en était la preuve. Ou alors ça mettait en cause pas mal de choses sur l'inconscience. Cette révélation me tira un soupir de soulagement. Au moins, il allait plutôt bien ! Je me voyais mal le trimballer sur mon dos à pieds jusqu'à l'infirmerie. Il y avait bien la solution d'y aller en balais, mais j'étais pas sûr que ce genre de transport était capable de supporter deux personnes. En tout cas, je n'avais jamais essayé.

- Ca va, j'ai juste hum … Eu un moment d'absence.

...Un moment d'absence ? Qu'est-ce qu'il voulait dire par là, exactement ? Qu'il était plongé dans ses pensées et qu'il avait fini par en oublier qu'il était sur un balais, ou que son cerveau avait fait un genre de court-circuit quelques secondes ? En plus, même le ton de sa voix semblait faible. Arf, il était peut-être pas en aussi bon état que je ne l'espérais. Mais comment diable pouvait-on avoir un "moment d'absence" comme il disait ? Oh... A moins que ça n'était un genre de contrecoup de son entrainement ? Peut-être qu'il n'avait pas assez mangé ou dormi, et qu'un effort physique comme celui-ci ai failli lui faire tomber dans les vapes. Après tout, c'était pas impossible. Même si c'était sur un balai, le Quidditch n'en restait pas moins un sport très intense. Il suffisait sans doute de ne pas avoir toute la possession de ses moyens pour finir dans un sale état. Enfin j'en savais rien, mais ma théorie tenait quand même la route. Oulah... Une petite minute Damien, est-ce que tu t'entendais penser ? On croirait entendre Liz ! C'est dingue comme cette petite commençait à avoir une sérieuse influence sur moi. Bon, je n'étais pas non plus insensible, mais là franchement ça me dépassait légèrement. Hun... Enfin bref, là le plus important était de savoir si tout allait bien pour ce mec qui était allongé par terre dans l'herbe, mes états d'âmes passeront après au peigne fin.

- Merci de t'être inquiété mais ca va, vraiment, dit-il en se redressant.

Mouais... Pas très convaincant. En fait, il ne semblait pas tout à fait blessé -je ne sentais aucune odeur de sang, ce qui était déjà un bon début-, mais il semblait... mal en point. Plutôt... mentalement en fait. Il devait être déprimé, ou quelque-chose du genre. Hun... Après tout, je ne le connaissais pas ce gars-là, est-ce que c'était mon problème ? Enfin, j'veux dire... J'voulais pas être méchant ou quoi-que ce soit, mais je m’appelais pas Liz moi : Je ne m'immisçais pas dans la vie privée de gens que je venais à peine de rencontrer. Mais... Ce gars-là semblait vraiment avoir besoin d'aide. Le fait qu'il ai eu un moment d'absence à plusieurs mètres d'altitude n'était pas forcément innocent. Et puis zut alors, je voulais être Auror, oui ou non ?! Mon boulot n'allait pas se contenter d'aller affronter des mages noirs, mais en priorité d'aider les gens. Et si je n'aidais pas un type désemparé, comment je pourrais prétendre à cette voie-là ?

Ma résolution prise en main, je me mis à fouiller dans mon sac en bandoulière, à tâtons bien évidemment, et en sortit une plaquette de chocolat que j'avais reçu par hiboux ce matin. J'adorais le chocolat, et en particulier le chocolat moldu. Celui des sorciers était bon aussi, mais... comment dire... c'était différent, quoi. Du coup, ma mère m'en envoyait quasiment une tablette par semaine. Elle était vraiment gentille, je ne la remercierais jamais assez pour ce qu'elle faisait pour moi. Et puis j'avais appris récemment que c'était bon pour le moral, alors un petit morceau à ce gars-là ne pouvait pas faire de mal, pas vrai ? Je défis alors l'emballage d'une main assurée malgré ma cécité -à force d'en ouvrir, je savais parfaitement où se trouvait chaque millimètre d'emballage-, et cassa deux morceaux, dont j'en tendis un à Seyn. Et puis, si il avait pas mangé, ça lui ferait encore plus de bien. Tout bénef'.

- Tiens, prends ça, ça ira mieux, lui incitais-je avec le sourire.

Il sembla l'accepter avec méfiance -ou timidité, que sais-je-, mais le fait qu'il l'accepte étira imperceptiblement mon sourire. Je finis alors par quitter ma position accroupie pour poser mes fesses sur l'herbe, et croquer un bon coup dans mon morceau de chocolat après avoir rangé le reste de la tablette dans mon sac. Chocolat au lait... Le meilleur de tous ! Je mâchais avec entrain, et appréciais le doux goût sucré qui fondait sur ma langue. Délicieux !

- Au fait, j'm'appelle Throwback. Damien Throwback. Et toi ?

- Seyn Landers.

Oulah... Il n'y avait pas l'air d'avoir beaucoup de motivation dans sa voix. Limite presque aucune. C'était comme si il s'était présenté parce que je lui avais contraint. Ce genre de chose me rendait un peu mal à l'aise. Je voulais contraindre personne, moi... J'voulais juste aider. Enfin, il ne fallait sans doute pas le prendre comme ça : si il était déprimé -et ça m'avait tout l'air d'être le cas-, un inconnu ne devait sans doute pas lui remonter le moral. Je me rappelais de la première fois que j'avais rencontré Liz : même si elle avait été très douce et gentille en me parlant, ça n'avait absolument pas suffi à me rendre heureux.

- Merci pour le chocolat...

Je haussais les épaules, avec un léger sourire en coin.

- Pas de quoi. Il parait que c'est bon pour le moral.

Bien entendu, c'était un message implicite, et vu l'âge qu'il avait -ou qu'il devait avoir, j'en savais trop rien après tout-, il devait surement l'avoir compris. Enfin j'espère. C'même pas dit d'ailleurs... Enfin bref, on allait partir du principe qu'il avait compris, sinon bah... tant pis.

- Comment tu as fait pour voir que je faisais un piquer ?

Arf... Question qui fâche. Enfin qui fâche... C'était juste que là je me demandais quel genre d'excuse j'allais bien lui fournir. Non parce que bon, je pouvais bien dire la vérité, hein : j'ai entendu le courant d'air de ton balais et ton odeur qui filait droit sur l'herbe... Qui goberait ça, sérieux ? Même si on était dans le monde de la magie et que beaucoup de choses étaient possible, ça c'était un peu trop gros à avaler. Et sortir ça comme ça, genre c'est normal, c'est un appel à la suspicion. Et c'était la dernière chose que je voulais faire dans cette école. Je voulais pas vraiment provoquer la panique dans l'école et leur faisant réaliser qu'un loup-garou traine dans leurs classes depuis près de cinq ans... Bon. Il fallait trouver un mensonge, un bon gros pipeau qui serait facile à avaler. Le coup du "en fait j'ai des yeux blancs, mais c'est juste un sortilège de décoloration" ? Personnellement, j'ai toujours trouvé cette excuse un peu bidon : je ne regardais jamais les gens dans les yeux -enfin je crois-. Et il suffirait qu'on me fasse le coup du "Ok, j'ai des cheveux de quelle couleur" pour qu'on me grille tout de suite. Donc, à proscrire. Et si je lui disais que je l'avais entendu se vautrer lamentablement par terre ? Après tout, ça c'était une excuse plausible ! Enfin... Pour peu qu'on entende bien. Mais plausible quand même ! Bon bien sûr il valait mieux avoir un peu plus de tact que ça, mais l'idée était là !

- Ben... J't'ai entendu tomber sur l'herbe. Tu t'es pas fait mal au moins ?

Il avait dit tout à l'heure qu'il allait bien, mais ça, c'était le genre de réponse qui voulait dire "Je suis encore en vie" ou "J'ai aucune blessure grave", mais ça ne voulait pas dire qu'il s'était pas fait mal...

Par Merlin, Liz m'avait plus atteint que je ne pensais.

- Ah au fait, je crois que c'est à toi, lui dis-je en lui rendant son balais.

Mais maintenant que j'étais un peu plus concentré, lorsque ma main se referma sur le manche, je ne pus m'empêcher de l'analyser. Et en me basant également sur mes souvenirs de quand je l'avais "piloté" il y avait quelques minutes seulement. Un manche recouvert de vernis -à tout les coups antimaléfices-, il n'y avait pas beaucoup de balais qui possédaient ce genre de caractéristiques. Le manche était plutôt ovale, en bois laqué... aucune vibration en vol...

- Hey, mais c'est un Brossdur ! 11 ou 12 je dirais... C'est cool !

- Hum, Oui, c'est bien un Brossdur 12, un cadeau..., me répondit Seyn.

C'était étrange, j'avais l'impression qu'il allait continuer sa phrase, mais que pour une raison ou une autre, il s'en était retenu. Enfin je pouvais le comprendre, dans un sens : j'étais un parfait inconnu pour lui. Et si ma mémoire était pas trop mauvaise, il était plus âgé que moi. Il allait pas raconter sa vie au premier passant qui viendrait lui parler. Il n'y avait que Liz pour faire ça.

- Je suis désolé pour la question déplacée, ca ne se fait pas de demander quelque chose comme ça, surtout quand on ne se connaît pas… Enfin… Désolé quoi…

...Je m'attendais en fait à ce que cette phrase ne soit la "préparation du terrain" de la question déplacée en question, mais il ne sembla pas se décider à la poser. Il n'y eu que le silence et le sifflement léger du vent qui régnait pendant de longues secondes. Donc... J'avais mal interprété : ce n'était pas qu'il ALLAIT poser une question déplacée, mais qu'il AVAIT posé une question déplacée...

...Mais laquelle ?

J'avais beau chercher... A moins que... Qu'il ne parlait de sa dernière question, celle où il me demandait comment je savais qu'il avait piqué vers le sol. Sachant que c'était, de mémoire, la seule question qu'il n'ait posé depuis le début de nôtre conversation, ça ne pouvait être que ça. Mais en quoi c'était une question déplacée ? Parce que j'étais aveugle ? Ouaaaah, il s'en faisait pour pas grand chose, ce type là... Enfin il avait pas l'air dans son assiette non plus, alors ça doit pas aider. M'enfin si ça c'était une question déplacée, je m'en étais pris je-ne-sais-combien depuis que j'étais dans cette école, par les petits curieux qui se demandaient comment je faisais pour être aussi "à l'aise" alors que j'étais censé être aveugle. Il y en avait même un qui me demandait pourquoi je n'avais pas de canne. Franchement, une canne ? A mon âge ? Déjà qu'on me prenait pour un vieux avec mes cheveux blancs, alors avec une canne en plus et c'était le transfert à la maison de retraite, direct. Non mais franchement... Enfin bref, là n'était pas le sujet.

- Te biles pas pour ça, c'est rien, répondis-je avec un mouvement de main dans les airs.

Bon... Apparemment, mon chocolat miracle ne faisait pas vraiment effet. Il n'avait pas l'air de meilleure humeur que tout à l'heure. Enfin, si, d'une certaine manière : il n'essayait plus de se suicider en s'enfonçant le nez dans le crâne contre la pelouse du stade. C'était déjà ça. Hum... Je savais pas pourquoi, mais je me sentais mal à l'idée de partir maintenant et de le laisser dans cet état. Je le connaissais pas, à part son nom, mais franchement, je trouvais que ça se faisait pas. Sauf que je n'avais pas l'ombre du commencement d'une idée pour l'aider à aller mieux. J'avais déjà gaspillé ma cartouche "chocolat". Et ça n'avait pas eu de franc succès. Bon... Fais fonctionner tes deux demi-neurones Damien, qu'est-ce qui pourrait remonter le moral à un gugusse que tu ne connais que depuis... 5 minutes ?, pensais-je.

En fait, c'était plutôt évident.

Je pris ma baguette et lança un Accio Souafle, puis un Accio Éclair de Feu dans les airs. Quelques secondes plus tard, j'entendis le sifflement et l'odeur caractéristique de bois de la balle en question qui se dirigeait droit vers moi. Un peu vite d'ailleurs. Un peu TROP vite. Je levais les main pour tenter de l'arrêter dans sa course, mais elle allait beaucoup trop vite, et ma réaction s'était faite une seconde trop tard. Résultat : La balle m'avait percuté en pleine poire dans un résonnement de bois. Aïe. Tandis que je me tenais le nez dans les mains en pestant, j'entendais la balle retomber sur la pelouse juste à mes pieds.

- 'Faut vraiment que je bosse ce sort, grognais-je dans ma barbe.

Tentant de reprendre un minimum contenance, je saisis le ballon, et l'envoya vers Seyn dans un mouvement très mesuré.

- Quelques passes ?, demandais-je avec un grand sourire.

Ce fut à ce moment-là que mon balai décida de pointer le bout de son nez. Bon, celui-là j'étais préparé à la recevoir. Je me tourna vers le bruit, tête relevée vers le ciel, adoptant presque la même position qu'un gardien de foot qui s'apprête à arrêter un ballon. Pas manqué : quand le balai arriva à mon niveau, mes mains se resserrèrent sur le manche et le freinèrent dans sa course. Quelques secondes plus tard, et je me le serais pris dans le creux de l'estomac. Il fallait vraiment, VRAIMENT que je travaille ce sort.

...Aaaaaa-AIE-AIE-AIE ! En fait, tout bien réfléchi, ce n'était peut-être pas une si bonne idée que ça que d'avoir rattrapé mon balai à main nues. Enfin, je n'avais pas tellement le choix non plus, mais résultat des courses : étant donné que le manche de mon Eclair de Feu était loin d'être aussi lisse que le Brossdur de Seyn, mes mains s'étaient éraflées au contact du manche puisqu'il avait glissé sur quelques centimètres. Bon, j'en avais déjà vues d'autres, et des pas mûres, bien entendu, mais il n'empêchait que ça faisait quand même mal, par la moustache fourchue de Salazar ! Décidément j'avais vraiment pas de bol avec ce sort : un Souafle qui m'atterrit dans le pif, et un balai qui me brûle les mains. Fallait vraiment, vraiment, VRAIMENT que je bosse ce sortilège ! Parce que bon, pour cette fois encore heureux ce n'était qu'un Souafle et un balai, mais si prochainement, par le pur des hasard -par exemple quand je serais Auror- je devais utiliser ce sortilège pour attirer autre chose... C'était un coup à ce que ça tourne mal pour moi... M'enfin, pour le moment je n'en étais pas encore là, et ma priorité était d'essayer de faire changer les idées à ce Seyn qui sombrait dans la dépression.

- Ça va ? Tu ne t'es pas fait mal ?

...Il était vraiment inquiet ce garçon. Je ne savais pas si c'était dans sa nature, ou si c'était à cause de son "état" qui le rendait comme ça, mais il manquait vraiment de confiance. Bon... En même temps je ne pouvais pas me cacher qu'effectivement je m'étais fait un peu mal. Mais on allait quand même pas en pondre une pendule !

- Un peu, mais t'inquiètes c'est rien ! Et puis t'as dû en voir des pires, non ?

Et je ne disais pas ça au hasard : le Quidditch était réputé pour être un sport assez extrême, et il n'était pas rare qu'il y ait des accidents, même dans une école comme la nôtre. Et c'était encore pire dans des matchs pros, pour les avoir vus de mes propres yeux quand j'étais gamin et encore voyant. Je me souviens surtout de ce pauvre Poursuiveur qui s'était prit un coup de Cognard parce qu'un Batteur lui avait envoyé directement en pleine tête. Il s'était fait une fracture du crâne, et ça aurait pu être pire si on avait pas amorti sa chute d'une trentaine de mètres. J'avais même entendu dire qu'il y avait eu des morts pendant ce genre de matchs, mais mon père n'a jamais voulu me répondre clairement à ce sujet lorsque je lui demandait. Je n'ai jamais su pourquoi. Peut-être qu'il n'en avait pas le droit, ou il voulait protéger mon innocence d'enfant ? Ou les deux ? J'en savais franchement rien, mais ce n'était plus très important aujourd'hui.

Ce fut à ce moment que le Souafle m'échappa des mains comme par magie, et je l'entendis atterrir dans les mains de Seyn. Il essayait de me montrer comment faire un Accio réussi, hm ? Ouuuh le taquin ! Puis je l'entendis tendre son bras. Euh... Il voulait me tendre le Souafle ? Probablement, puisque l'odeur de la balle était devenue plus forte. Mais il pouvait avoir un peu de compassion pour un aveugle comme moi, quand même ! Si il me disait pas ce qu'il voulait faire, je ne risquais pas de le deviner ! Il avait quand même de la chance que je possédais des sens sur-développés et qui m'aidaient dans ma vie quotidienne, sinon bonjour la communication ! Enfin bref... Il me tendait le Souafle, donc. Avec un sourire en coin, je me saisis de la balle et enfourcha mon balais. Mes pieds décollèrent du sol avec aisance, et mon corps glissa dans le vent, porté par mon balai qui me transportait comme si je ne pesais rien. Je ne savais vraiment pas comment fonctionnait un balai, mais y'avait pas à dire : c'était franchement cool ! Mon sourire se transformant malgré moi en celui d'un gamin qui semblait découvrir les joies du vol pour la première fois, je me retournais vers Seyn, qui avait décollé à son tour.

- Ah au fait, un conseil avant de commencer : me ménage pas parce que je suis aveugle. Tu risquerais d'être surpris !

Mes paroles furent alors accompagné d'un geste : ma main qui tenait la balle passa par dessus mon épaule, et envoya le Souafle derrière moi. Pile au niveau de l'anneau le plus bas dont je tournais le dos.