Elle avait l'air clairement furieuse. C'était mon but, en même temps. Constater à quel point il était facile de la manipuler me donna des sueurs froides : Elle avait intérêt à bien apprendre à se protéger... Parce que les ennemis de son compagnon n'hésiteraient pas à exploiter cette faiblesse.

Et comme je l'avais prévu, elle parvint sans peine à utiliser le sortilège. Mais, après coup, je m'inquiétais de l'étendue de sa colère. Par Merlin, elle dégageait une aura réellement destructrice !

Ce qu'elle insinuait avait fait son chemin en moi, comme un triste écho de ce que je pensais moi-même. Je SAVAIS que je n'étais pas assez bien pour lui ! Je le savais, bon sang ! Et son commentaire m'avait tant énervée que j'avais envie de lui faire manger ses dents.

Je m'approchai d'elle, le regard assassin et la main fermement serrée autour de ma baguette. Elle allait voir si j'étais si inutile et incompétente que ça. Elle allait s'en mordre les doigts !

Très bien... Autant profiter de l'avoir mise dans un état pareil. J'improvisai donc en essayant de lui apprendre un nouveau sortilège en passant. Si j'y arrivais, ce serait super. Alors je lui lançai un sortilège assez similaire au premier, pour rester dans le thème :

"Locomotor Wibbly !"

M'exclamai-je avant de me libérer de son colloshoo. Mon sortilège avait eu l'effet escompté et elle s'était effondrée au sol.

Surprise par le nouveau sortilège, je sentis mes jambes se dérober sous moi et me cassai la figure bien comme il faut. Et cela me mit dans une rage encore plus grande. Alors, décidant de lui rendre la monnaie de la pièce, je lui renvoyai son sortilège, exactement comme elle venait de le faire.

Comme prévu, Elizabeth s'était effondrée au sol. Je m'empêchai d'impulsivement vérifier qu'elle allait bien. Je ne voulais pas la blesser, juste l'aider pour qu'elle ne soit pas blessée par la suite. Mais, la colère que je vis dans son regard me fit frissonner d'anticipation. Par Merlin, elle était REELLEMENT en colère ! Et cela eut l'effet que j'avais désiré : elle me renvoya un sortilège de jambencoton sûr, net et précis. Parfait ! Je me libérai d'une formule dite à voix haute afin qu'elle l'entende et me remis en position, prête au combat.

Par tous les diables, je m'étais fait mal au coude en tombant. Mais je n'avais pas le temps de m'occuper de quoi que ce soit d'autre pour l'instant. Je n'eus même pas le temps de me préoccuper de ça, concentrée comme je l'étais sur le moindre fait et geste d'Ali. Je l'imitai en toute chose et me libérai rapidement du sortilège qu'elle m'avait lancé. Je grimaçai légèrement en sentant mon pouls dans mon coude, puis quelque chose de chaud glisser sur mon bras. Je saignais, superbe. Mais avant tout...

"Colloshoo !" m'écriai-je en la désignant de ma baguette.

J'avais eu un moment de faiblesse en voyant qu'elle saignait, mais elle ne s'était pas arrêtée pour autant. Elle avait profité de mon inattention pour me lancer un sortilège, que j'évitai instinctivement en prenant ma forme animale. M'avoir incitée à l'utiliser alors qu'elle n'était qu'une débutante en duels m'étonnait au plus haut point. Je bondis derrière mon canapé pour reprendre mon apparence normale et ensorcelai un de mes petits aigles en métal, qui s'anima et décolla pour l'attaquer sans répit.

Pour la première fois, je vis Alizea se changer en renard. C'était... Merveilleux. Tellement classe... Ces quelques secondes d'admiration pour mon aînée firent retomber ma colère comme un soufflé. J'allais lui demander une pause lorsqu'elle m'envoya une espèce de bestiole volante en métal dans la figure.

"Hey, j'suis blessée ! Temps mort !" m'exclamai-je alors que la chose me donnait des coups de bec.

Puis, soudain, une idée me vint et je m'exclamai :

"Lashlabask !"

Les étincelles de feu percutèrent l'oiseau... Qui devint rouge, comme tout métal brûlant... Mauvaise idée, donc.

"HEY !!! Arrêtes-le, c'est juste super méga dangereux là ! Y va m'brûler !!! Sauves-moiiiiiiii !"

"Hey, j'suis blessée ! Temps mort !"

Je fronçai les sourcils, perplexe. N'était-elle plus fâchée ? A ce moment, elle eut la pire idée possible :

"Lashlabask !"

Mais quelle cruche ! Ca allait faire chauffer le métal !

"HEY !!! Arrêtes-le, c'est juste super méga dangereux là ! Y va m'brûler !!! Sauves-moiiiiiiii !"

Je me levai d'un bond et ensorcelai ma création qui s'arrêta en plein vol. Je l'envoyai refroidir sur le bord de la fenêtre et m'exclamai :

"Par Merlin, d'où t'es venu cette idée idiote ? N'as tu pas réfléchi ? Bien sûr que le métal chauffe quand on le brûle, enfin ! Tu t'attendais à quoi au juste ?"

Et d'après l'odeur, l'oiseau avait probablement réussi à la toucher quelque part :

"Viens par là que je te soignes. Tu saignes au bras et je pense qu'il a dû te brûler aussi."

La réaction d'Alizea ne se fit pas attendre et elle arrêta la bête infernale d'un coup de baguette.

"Par Merlin, d'où t'es venu cette idée idiote ? N'as tu pas réfléchi ? Bien sûr que le métal chauffe quand on le brûle, enfin ! Tu t'attendais à quoi au juste ?"
-A le repousser, quelle question ! C'est pas le but de ce sortilège normalement ?"

Si, ça l'était. D'une part j'étais vexée de m'être rendue à cause d'une stupidité métallique, et d'autre part j'avais mal partout. Mon coude saignait toujours et la bestiole m'avait cramé quelques cheveux. Sans compter une petite brûlure sur la joue. Je sentais le cochon grillé, là.

"Viens par là que je te soignes. Tu saignes au bras et je pense qu'il a dû te brûler aussi."
-Non, je viendrais pas ! T'as voulu me tuer !" M'exclamai-je en la regardant d'un œil suspicieux.

Je soupirai, désespérée par son attitude. Elle avait vraiment l'air d'avoir cinq ans, à ce moment-là. Elle me faisait penser à ma petite-cousine, que je considérais comme une nièce, Lily. Confiance absolue, jusqu'à ce qu'on fasse un pas de travers. Et là, plus rien à espérer. J'expliquai alors doucement :

"J'ai remarqué que tu apprenais mieux en étant en colère, alors je t'ai mis la pression. C'était dans un but éducatif. Et ça a marché, tu as lancé plusieurs sorts que tu venais de voir sans même y penser. Je ne veux pas te faire de mal, c'est promis."

J'avais l'air d'être en train de rassurer un chiot, non ?

Elle m'expliqua qu'elle avait fait ça dans un "but éducatif". Quelle idée stupide ! J'allais le faire remarquer à voix haute lorsque le reste de son explication se mit à faire écho dans mon cerveau. Oh... Oui, c'était vrai... J'avais utilisé des sortilèges compliqués appris dix secondes plus tôt...

"T'as peut-être raison..." marmonnai-je en me détendant ostensiblement.

Je lui souris gentiment et m'approchai doucement d'elle. Vraiment comme un enfant...

"Bien sûr que j'ai raison. Détends-toi. Je vais te guérir puis nous discuterons calmement des sortilèges sur lesquels tu vas devoir t'entraîner."

Lorsque j'arrivai enfin à sa hauteur, je puis constater que la brûlure sur sa joue n'était que peu de choses. Un coup de baguette et un peu d'onguent à mettre dessus le soir et il n'y paraîtrait plus. Par contre, son coude...

"Essaies de bouger les doigts pour voir ?"

S'entraîner ? Oui, forcément, il faudrait que j'essaie de travailler toute seule après ce que nous venions d'apprendre. J'irai me cacher dans le parc de Poudlard pour ça. Alizea m'examina rapidement, guérissant ma joue au passage. Quand elle arrive à mon coude, une douleur sourde me fit grimacer.

"Essaies de bouger les doigts pour voir ?
-Mais ça fait un mal de chien..." protestai-je aussitôt.

De fait, lorsque j'essayai de remuer les doigts, cela me cause une souffrance intense, en provenance directe du coude. Horrible !

-Mais ça fait un mal de chien..." protesta-t'elle en essayant tout de même.

Son expression seule suffit à me résumer l'ampleur de la chose. Et au vu de la couleur violacée qui commençait à apparaître...

"Liz, je pense que tu t'es cassé le coude. Juste le tout petit bout d'os qui se trouve là, j'ignore comment tu as fait mais tu as dû le fissurer en tombant... Il va falloir qu'on s'occupe de ça rapidement. Par Merlin, s'il apprend que tu t'es blessée par ma faute, Damien va me tuer !"

J'étais convaincue que le lycanthrope était le genre de personne à vous en vouloir si vous cassiez -littéralement- sa petite amie. J'allai chercher un flacon de pouss'os et une cuillère, et les lui donnai :

"Une bonne grosse cuillère devrait suffire. Si c'est juste fissuré comme je le suppose, tu seras comme neuve d'ici demain soir."

Cassé le coude, moi ? Et soignée le lendemain soir ? Oh, mais ça n'allait pas du tout ! Je pris ce qu'elle me tendait à l'aide de ma main valide et grimaçai en commentant :

"Il va s'en rendre compte tout de suite quand je vais rentrer... On est mortes ! Je saurais jamais faire semblant de rien en dormant... Si j'avais su j'aurais attendu une semaine avant d'emménager, il aurait rien vu !"

Cruel dilemme. Comment faire pour qu'il ne repère pas mon manège ? Mince ! Déjà que je lui avais caché la raison pour laquelle je voulais voir Ali, si en plus je revenais blessée, il découvrirait le pot-aux-roses ! Impensable !!! Décidée à faire tout ce que je pouvais pour éviter la catastrophe, j'avalai courageusement ma potion.

Je la calmai tant bien que mal et répondis doucement :

"Ca va aller, tu n'auras qu'à dire que tu t'es fait mal autrement et voilà. De toute façon, ce n'est pas comme si c'était impossible, pas vrai ? Tu n'as pas besoin de te battre pour finir face contre terre."

Je la rassurai en posant doucement la main sur son avant bras et continuai :

"Si tu veux, on peut faire autre chose maintenant, comme ça tu pourras justifier ta venue sans même avoir besoin de mentir. D'accord ?"

Je n'avais pas envie qu'ils se disputent parce que je n'avais pas pensé que Liz tomberait forcément... Je les trouvais adorables ensemble et j'espérais pour eux que leur relation dure longtemps.

J'essayai de relativiser. Alizea avait raison. J'arriverais à m'en sortir. Bon. Calmons-nous.

"Tu pourrais peut-être me parler de l'animagie ? Ca me rend curieuse, même si je suis sûre que j'en serais incapable."

J'avais dit ça comme ça, mais... Finalement, nous embrayâmes sur ce sujet, puis sur celui des recherches de mon interlocutrice. Je n'y compris pas grand-chose, mais elle me fit rire et lorsque je rentrai à l'appartement, ce fut avec l'espoir que nous nous reverrions bientôt, dans d'autres circonstances.

Je souris légèrement. Elizabeth faisait partie de ceux qui ne m'inspiraient aucune crainte : jamais elle ne tenterait de devenir animagus par elle-même. Vu qu'elle m'avait demandé de l'aide pour de simples sortilèges...

Alors je lui expliquai tout ce qu'elle voulait savoir, avant de m'attaquer au sujet de mes recherches. Même si elle était parfois à côté de la plaque, ce qu'elle pensait m'apportait un point de vue neuf sur mon travail... Et quand elle s'en alla, j'étais heureuse. J'avais peut-être trouvé là quelqu'un que je pourrais considérer comme une amie.