L'hiver et son blanc manteau.
Douceur givrée et silencieuse.
Les reflets de l'eau figée.
Coquelicot se promenait le long du lac, perdant son regard à travers la glace bleutée qui le recouvrait. Son esprit vagabondait. Doucement, comme au ralenti ; suivant le rythme de ses respirations. Calme. Ses pensées étaient en accord avec la somnolence environnante.
La végétation était en total hibernation depuis plusieurs mois déjà, et la jolie rouquine se sentait tellement seule depuis tout ce temps.
Étonnant, n'est-ce-pas ? Dans un château tel que Poudlard, et tant d'élèves à fréquenter, tant de tableaux et de fantômes à découvrir... Néanmoins, la seule compagnie que l'irlandaise recherchait, c'était celle … Celle des rochers, dont elle connaissait chaque son, chaque chanson. Elle recherchait la présence des chênes, ainsi que de leurs congénères. Ils avaient tellement d'histoire à raconter ! … Lorsqu'ils ne dormaient pas.
Elle trouva un saule pleureur dont les racines noueuses s'enfonçaient à moité dans le sol enneigé. Elle s'y blotti pour le reste de l'après-midi. Après tout, c'était un dimanche, et le ciel gris n'était pas assez sombre pour promettre de la pluie.
Là, elle se remémora ses ballades en forêt, ses cavalcades dans les douces étendues vertes de son pays natal...
Alors que le froid l'enveloppait, elle ferma les yeux. Elle se remémorait la chaleur du Soleil sur sa peau. L'arrivée du printemps, le chant du monde. A cette saison si aimée de la jolie sorcière, la nature chantait soudainement le même accord. Tout a été pensé, équilibré par ce royaume enchanté. Les paupières toujours closes. Un léger sourire s'installa sur les lèvres de la demoiselle, et dans un souffle, elle murmura :" Pour moi, c'est la vie!"
Sa petite voix intérieure sauta sur l'occasion pour se faire entendre. « Oui. Et Comme le chêne s'enchaîne au sol, toi, pour rester en vis, tu vis seule. »
Coquelicot balaya comme à son habitude cette parole négative. « Certes, mon univers est solitaire. J'ai vu leur monde de mes propres yeux, et c'est douloureux... j'ai connu la peine... Seule, je vis sans compromis. »
Elle avait finit par se faire une amie, il y a quelques années. Elle aurait donné sa vie pour elle – d'ailleurs, elle avait bien failli, lorsqu'elle s'était jetée face à cette voiture... Liliane, son amie, la seule qui comptait. Liliane, qui avait promis de ne pas l'oublier. Et qui avait arrêté de lui écrire...
Cela avait suffit.
Maintenant, l'irlandaise préférait cheminer seule. Ses pieds nus foulant la terre, ses mains embrassant la vie, ses danses enchantant le monde.
Sur cette terre, moi je vis seule
Elle se releva, prenant appui sur le tronc de l'arbre. Trois inspirations face au lac. Et puis elle se mit en marche pour rejoindre le château. Lentement, au rythme de l'hiver.
« Tant que cela te suffit. »