Voir le duel

Ted tremblait presque de rage, alors qu'il lorgnait sur SA baguette dans la poche du Professeur. Il voulait la reprendre en main. Voir l'étendu des dégâts. Lui parler presque. Et puis, ce foutu professeur n'avait pas à toucher à SA baguette. C'était privé. Le suivre. Bien. Il sentait les regards des autres se poser sur lui. Ils ne comprenaient pas.

Il n'aurait pas pensé que les choses se passent ainsi.

Vernet l'emmenait voir Greengrass, à coup sûr. Il le suivit. Dans un mutisme obstiné.

Des escaliers à grimper, la salle de Runes à traverser. Puis il fallut entrer dans le bureau de la Greengrass. Chose que Ted fit véritablement à reculons. Ouais, il s'était une fois encore illustré, n'en déplaise à Vernet ! Il marmonna brièvement, puis devant le regard insistant de sa directrice de maison, il commença à bredouiller quelques mots.

« Il se pourrait que j'ai blessé un adversaire.... Et que j'y suis allé trop fort avec ce petit enfoiré... »

Il ne savait pas vraiment ce qui était pire. Dire qu'il avait fait exprès d'y aller à fond, pour l'humilier, voire le blesser. Ou laisser penser qu'il était un idiot ne sachant pas se contrôler. Sa colère pourtant restait évidente.

Mais ils allaient pas le lâcher là ? Sans même s'en rendre compte, le Poufsouffle éleva la voix.

« Cette face de rat me pourrissait la vie par derrière, tout en fourbe, tout en sournoiseries, alors, je l'ai pris entre quatre yeux et je lui ais donné une putain de leçon qu'il oubliera pas ! Au moins, c'était au cours d'un duel, pas de sorts par derrière ! »

Il lança un regard assassin.

« Bah voyons, oui, il aurait du se relever tranquillement, s'épousseter, puis me dire "Merci Lupin, je l'avais bien cherché après tout". Il... »

Il se fit surtout interrompre par sa Directrice. Il baissa la tête. Elle lui passait régulièrement des savons, mais c'était la première fois qu'elle lui disait qu'il l'avait déçue.

« Professeur.... Je... Je voulais juste défendre... Et bien, moi. Moi, ma réputation, mon nom. Il a voulu m'humilier ! Me ridiculiser devant tous les joueurs de Quidditch de Poudlard ! Ted Lupin, le batteur même pas foutu de taper dans une balle moldue. Quelle équipe pro m'aurait engagé avec ce genre de réputation ? C'est mon rêve qu'il a manqué de piétiner ! »

Pourquoi est ce qu'il était encore là, lui ? Bon, qu'il lui rende sa baguette avant de partir, quand même. Fusillant Vernet du regard, il lui répondit.

« Aucune. Mais qui d'autre ? Ma meilleure amie ? Ma petite amie ? Ou ce mec qui tire la tronche dès qu'il me voit. S'il a pas envie de me voir, qu'il dégage de ma vie ! »

Aucune preuve. C'était bien là son soucis. Ou pas. Non, son vrai soucis, c'était bien qu'il apparaissait trop dans sa vie, désormais, toujours en lisière. A occuper le temps de SES amis.

Il détestait quand sa Directrice de Maison restait silencieuse comme ça, en scrutant sa victime. Encore plus quand il était dans la peau de la victime. Puis le verdict tomba.

« Mais Professeur, vous pouvez pas ! Et les entraînements de Quidditch ? Si on s'entraîne pas en équipe, on va pas être point pour le prochain match ! Même s'il est après les vacances, ça craint grave ! »

Et puis, il avait aussi à passer du temps avec Kathleen, s'occuper de Violetta, faire le beau dans la salle commune de Poufsouffle, et faire ses devoirs, accessoirement.

Privé de Quidditch, privé de duel... Il allait s'emmerder à mort. Mais grave.

Quoique... Il jeta un coup d'oeil à SA baguette, toujours dans la poche de Vernet. Il devait la reprendre. La prendre entre ses doigts. Constater l'étendue des dégâts. Il avait été désarmé... Il savait parfaitement ce que cela signifiait avec une baguette de sureau.

« Je n'ai besoin de personne pour me raccompagner... »

Et surtout pas de lui. Vraiment pas de lui.

C'était quoi leur façon de l'ignorer là ? Rhaaa, il détestait ça. Il salua une dernière fois sa Directrice de Maison, pour rejoindre Vernet dans le couloir. A dire vrai, il préférerait quand même rester avec le vieux fantôme que ce prof aigri. Et avec raison.

Aux premiers mots du professeur, Ted se sentit rugir. Il savait ! Ce bâtard savait ! Il arracha sa baguette des mains du professeur. Il ne sentait plus cet afflux de magie monter en lui et l'envahir. Jetant un dernier regard noir à Vernet, il s'éloigna de quelques pas pour se concentrer. De sa poche, il sortit cette boule de marbre qu'il gardait toujours. Il clama cette formule qu'il connaissait si bien pour former un oiseau. En vain. Il alla droit à la fenêtre, l'ouvrit, devint chouette et.....

Retourna directement directement devant Vernet, sans pouvoir faire un autre geste.

« LAISSEZ MOI ! »

En colère certes, mais un brin de désespoir se faisant sentir dans la voix.

Un hoquet prit le plus jeune. Il étouffa un sanglot. Non. Non, il ne craquerait pas. Il n'a pas pleuré à Poudlard depuis sa deuxième année, il n'allait pas recommence maintenant. Et surtout pas devant lui.

« C'est vous qui me parlez de gaminerie ? Vous qui êtes tout fier d'avoir privé un adolescent de sa baguette magique, qui vous moquez de lui. Est ce que vous savez seulement ce qu'elle a toujours été pour moi ? Est ce que vous vous demandez seulement ce que ça peut me faire ? Non, vous continuez à m'imposer votre présence. J'veux juste être seul, qu'on me fiche la paix. Quoi, vous avez peur que je retourne à l'infirmerie pour aller défoncer McGowan ? Grande nouvelle pour vous, j'suis pas un psychopathe ! »

Il parlait, sans réfléchir, disant tout ce qui lui venait à l'esprit. Parce que hurler contre Vernet asséchait ses yeux.