"Mes amis... je n'en ai jamais eu beaucoup, je suppose. Jai rencontré Letitia en deuxième année, puis quelques autres quand jai intégré l'équipe de quidditch. Tu sais, nous, on n'a pas de maisons à Beauxbatons."

Ce système me laissait d'ailleurs très perplexe. J'avais du mal à imaginer le fonctionnement de leur... choixpeau. J'aurais bien aimé y être confronté, moi aussi. Par pure curiosité.

Je souris tranquillement quoiq'un peu surprise de savoir ça surson école mais dans un sens...

-Dans un sens c'est peut-être mieux. Vous êtes moins catalogués, plus libre de devenir qui vous devez vraiment être. Pour nous c'est plus compliqué...

Je haussai les épaules, indécis sur la question.

"Je n'en suis pas sûr. Chez nous, on joue beaucoup plus sur les apparences. Je suppose que le sentiment d'appartenance à un groupe, ici, rend les relations sociales bien plus faciles. Pour nous... Eh bien, c'est plus compliqué. Surtout pour les gens comme moi."

J'avais prononcé les derniers mots d'un air fataliste. J'avais subi beaucoup de brimades, au début de mes années d'étude à Beauxbâtons. Puis, j'avais rencontré Laeti et quelques autres, et j'avais perdu de mon intérêt aux yeux de mes tortionnaires. Enfin, ce n'était pas comme s'ils m'avaient brutalisé physiquement non plus. Pas trop.

"Je suis curieux, pour tout t'avouer. Je me demande quelle maison à Poudlard aurait bien voulu de moi. Je dois admettre que cela m'intrigue."

Je souris doucement puis soudainement amèrement.

-Tu sais, être dans une maison implique de devoir agir comme ce qu'on attend de nous. Je suis une lionne, je dois être courageuse et une battante et sociale et complètement impétueuse et plein d'autres choses. Je ne dois pas faiblir, je dois protéger mes pairs et faire des âneries pour que tout le monde soit en sécurité sauf moi. C'est ça, pour moi, être un lion. Et tu avoueras que ça me définit bien. Mais quand j'étais plus petite, quand j'avais onze ans, tout ce que je voulais c'était me faire des copains et être en paix. Je voulais trouver quelqu'un avec qui je n'aurai pas besoin d'être forte et de sourire tout le temps mais ça ne rentrait pas dans le cadre. Alors quand je suis monté sur ce tabouret, et que j'étais carrément flippée à l'idée de me faire répartir, le seul truc auquel j'ai pensé c'est "sois forte et souris" et j'ai finis chez les lions. Parfois je me dis que dans un endroit ou on te cadre pas pour être telle ou telle personne, tu peux devenir qui tu veux, tu vois?

Je lui souris doucement et ricane.

- J'ai encore trop parlé, pardon. Je crois que ton amour des bêtes t'aurais mis chez les Puffs.

Je me grattai le menton, perplexe. Puis je finis par répondre :

"Je ne crois pas avoir dit que je pensais que tu parlais trop. Quant à vos maisons, d'après ce que Tu en dis, je n'aime pas le principe. On ne peut pas être heureux en feignant d'être ce que l'on n'est pas. Nous, au moins, on est qui on veut. "

Je fronce doucement les sourcils.

-C'est pas vraiment qu'on nous force, c'est juste qu'il y a plusieurs voies pour se développer et qu'être réparti dans une maison ne laisse l'accès qu'à un certain type de voie. Je ne sais pas si c'est très clair....Oh mais attend! Si vous n'avez pas de maisons... Comment fonctionne le Quidditch ?

Je haussai les épaules, le regard un peu ailleurs. Quelle difficulté tout de même de se restreindre ainsi. De mon point de vue, une personne ne pouvait qu'être constituée de multiples facettes, et l'empêcher d'en exploiter certaines de façon si arbitraire ne me semblait guère productif. Enfin. Je répondis à la question de ma charmante interlocutrice avec un léger sourire :

"Par affinités. Généralement, en début d'années, des sélections ont lieu. En deux parties. Tout d'abord, on fait connaissance et on teste le niveau des joueurs, afin de voir ou en sont chaque poste. Certains ayant un trop bas niveau, ils seront entraînés tout l'année, remplaçant seulement des joueurs en cas de blessure ou d'incapacité à jouer. Ensuite, on s'affronte dans un tournoi libre, ou on peut changer d'équipe à mesure que Le tournoi avance. C'est comme ça que j'ai rencontré mes amis, a Beauxbatons. On a changé quelques membres au fil des ans, mais globalement une bonne équipe avec de l'entente se modifie très peu."

Je hoche la tête et fronce les sourcils.

- Ça a l'air un peu... Fermé? Je veux dire, une fois que les affinités sont faites vous avez les mêmes équipes durant toute ta scolarité ?

Je secouai doucement la tête avant de préciser :

"Pas forcément. Il y a des sélections chaque année. Pourtant, le cœur de l'équipe est resté le même. Il est courant qu'un joueur expérimenté, en général à partir de la cinquième année, prenne un apprenti. J'en avais un, mais je ne l'ai choisi qu'en sixème année, parce que je n'avais pas confiance en moi, avant. C'est très convivial."

Je fronce les sourcils puis hausse les épaules.

-Je t'avoue que j'ai un peu de mal à imaginer. Mais je pense que c'est pas si différent. Il y a tout de même le plaisir du sport et l'adrénaline du vol sur balais. On devrait jouer ensemble, un jour... Même si à la fin de la scolarité je n'aurais plus de balais et sûrement pas les moyens d'en acheter un tout de suite... Mais tu m'attendras hein?

Je haussai les épaules, d'un air un peu perplexe.

"Pourquoi ? Je peux t'en prêter un. Je t'aurais même proposé de t'offrir un des derniers modèles si je n'étais pas convaincu que tu refuserais."

J'écarquillai soudain les yeux, m'apercevant seulement que j'avais prononcé la dernière phrase à voix haute. C'était le genre de commentaires que je gardais pour moi d'habitude...

J'ouvre les yeux un peu plus grand, étonnée de sa réflexion puis lui lance un sourire canaille.

- Tu me connais trop bien. Je n'avais pas pensé que tu avais plusieurs balais, en fait.

Je virai à un teint rose prononcé mais tins bon et répondit vaillamment :

"Honnêtement ça me ferait mal au cœur de sortir mon préféré pour jouer en cas de tempête. Je n'ai pas envie qu'il finisse à l'état de brindilles inutilisables. J'en ai trois à moi, plus deux pour ma mère. Elle en a besoin pendant les entraînements, parfois."

Je regardais ailleurs, gêné d'avoir osé commenter à voix haute.

Je me fige, complètement héberluée. Est-ce que c'est la norme d'avoir plusieurs balais?

- Et ben.... Euh c'est... Impreddionnant? Enfin pour moi en tout cas... Je veux dire... Tous les sorciers ont plusieurs balais ou?

"Je ne pense pas, non. C'est juste que... Eh bien, on a pas mal d'argent. Ma mère dit toujours qu'il vaut mieux investir dans du matériel adapté à toutes les situations plutôt que de se payer le plus cher qui soit mais qui ne corresponde pas à nos attentes."

Je me grattai le nez, de plus en plus mal à l'aise. Je n'aimais pas étaler ma richesse. Je détestais cela, à dire vrai.

"Et elle a tenu à ce que j'aie un balais spécialement maniable, tu sais c'est mieux pour les batteurs. J'en ai également un plus rapide mais moins performant au niveau des tournants. Et un spécial pour les figures. Mon favori, c'est celui qui est conçu pour les batteurs. C'est celui ci que j'utilise a plupart du temps."

J'acquiesce alors que nos assiettes disparaissent pour laisser place au dessert.

- C'est plutôt bien. C'est comme changer de chaussures selon ce qu'on fait, je suppose. Quand on a les moyens on utilise plusieurs paires. Sinon en en achète une qui passe partout. C'est juste étrange de se dire que tu fais partie d'une famille riche quand on voit commznt tu te comporte avec les gens comme moi.

Je haussai les épaules.

"Ce n'est pas la quantité d'argent dans notre coffre qui nous définit. Il y a des choses plus importantes."

Je marquai une petite pause histoire de réfléchir. Je finis par ajouter d'un air blasé :

"Je ne tiens pas à être seulement "le fils de" quelqu'un de riche. Je veux faire les choses par moi même. C'est pour cela que je suis venu étudier dans ce pays. En France, on m'aurait donné mon diplôme sur le champ, puisque je suis justement le fils de mon père. Cela ne me convient pas. Je veux devenir quelqu'un par moi même et prouver mes compétences réelles. Parfois, être riche me dérange, même si je ne peux nier que cela me donne un avantage considérable pour commencer dans la vie."

Je tends mon couvert vers lui avec aisance.

-Encore une chose que j'aime chez toi.

Puis je me rends compte de ce que je viens de dire et sens mes joues chauffer.

- Je ne voulais pas dire ça ! Enfin je le pense hein, ça fait vraiment de toi quelqu'un d'admirable et de travailleur et de juste et v'est merveilleux et.... Je ne sais plus ou je voulais en venir...

Je me mis à rougir furieusement, et tentai de cacher mon trouble en avalant une bouchée... qui passa de travers. Je toussai, de plus en plus rouge et les larmes aux yeux. J'étais ridicule. Javais envie de disparaître sous terre. Je levai simplement la main et bredouillai avec gêne :

"Oui, j'ai compris, enfin, je pense... "

Je regardai mon assiette fixement, comme si elle était la chose la plus intéressante de l'univers.

Je sourie avec tendresse et pose mes couverts sur la table.

- On est pas très doués hein?

Je sourie avec tendresse et pose mes couverts sur la table.

- On est pas très doués hein?

Je haussai les épaules, très gêné.

"Je suppose que nous avons tous nos... heu... nos difficultés..."

Je poussait un soupir désespéré :

"Certains plus que d'autres."

Je hausse les épaules avec une fausse nonchalance.

- C'est surement normal. Enfin, je veux dire, tu es ma première expérience de sortie en amoureux. Enfin mon premier petit ami quoi. Je sais que c'est un peu ridicule à presque 17 ans mais... euh... c'est le cas.

Je me raclai la gorge, de plus en plus gêné. J'étais plus âgé qu'elle et je connaissais la réputation des français dans ce domaine... Nous étions réputés pour être... Enfin, des Don Juan. Ce qui n'était manifestement pas mon cas.

"Je dois bien admettre que mon expérience personnelle est assez similaire..."

Je tentai tant bien que mal de dissimuler mon trouble en mangeant une nouvelle bouchée. J'allais passer pour un idiot, sans aucun doute.